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1-12-2005
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Amériques

Elections US 2004 : Journal d’un cauchemar

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  • Il y a un an, George Bush était réélu président des Etats-Unis. L’un de nos journalistes avait, à l’époque, suivi les élections.
    Retrouvez un jeudi sur deux dans ce blog l’ambiance des derniers jours avant le vote.

    "Il est plus facile de poser de mauvaises questions aux autres que de chercher de bonnes réponses pour soi" - proverbe oléronais.

    New-York le 22 octobre 2004

    Déjà 5 cinq jours à New-York... et quel séjour. Avant de rentrer dans les détails, je peux seulement vous confirmer, pour le vivre chaque jour, qu’il s’agit vraiment d’un moment historique dans l’histoire de ce pays. La date du 2 novembre pourrait quasiment devenir jour férié national pour célébrer l’éducation civique. Tous les new-yorkais rencontrés à droite ou à gauche (dans tous les sens du terme), le jour ou la nuit(idem), dans un bus ou un bureau sont vraiment concernés par le vote présidentiel. Et ils ne sont pas insensibles, non, non, non. Au contraire. Bien entendu, ici, c’est le "tout sauf Bush" qui l’emporte mais les discussions ne s’arrêtent pas simplement au "pantin texan" (joliment qualifié également de texan toxique) et dérivent directement sur le schisme séparant le pays entre les démocrates et les républicains. Le petit exemple ci-après vous permettra de comprendre cela plus aisément.

    Je pars jeudi soir ou vendredi matin dans les Etats du sud, dans la Bible Belt plus exactement pour rester avec les Born Again et les religieux jusqu’au 4 novembre avant de revenir à New-York. Mon idée est simple : partir à leur rencontre en leur disant non pas que je viens faire des papiers sur eux mais que, convaincu du bien fondé de leurs idées, je viens leur apporter mon soutien pour faire rayonner leur vision du monde. En clair, je veux être "embegodded" (contraction du terme embedded utilisé par l’armée américaine pour insérer les journalistes dans les troupes lors de la guerre du Golfe version 2.0 et du mot God. Tout ça pour dire donc que je veux vivre de l’intérieur ces jours cruciaux avec les fanas de la bible et de sa lecture littérale).

    Et bien, quand j’évoque cela devant les démocrates de New-York, ils me regardent avec de grands yeux et ne semblent pas près à vouloir vivre ainsi au contact de leurs concitoyens du sud. Tout ça pour dire quoi ? Tout simplement que le pays mettra vraiment du temps à se remettre des cicatrices laissées par l’opposition féroce entre deux visions du monde et de leur gestion. Ici, tout le monde regrette l’image que Bush et son administration donnent au reste du monde et mes interlocuteurs me demandent bien de spécifier à chaque fois qu’ils ne veulent pas être assimilés aux autres, aux républicains. Cela se ressent de manière encore plus forte auprès des minorités. J’ai passé la journée de lundi dans Harlem à suivre les rues au hasard des rencontres. Outre le fait de discuter avec des gens adorables et vraiment rigolards malgré les galères diverses et variées, surgit comme un cri du fonds de l’âme "mais comment peut-on espérer quelque chose d’un gars comme Bush ?". A suivre.

    1er.12 à 10h52 - Répondre - Alerter
    • (...) Tous mes contacts ont été unanimes : "Bush" égale "riche". Mais le souci c’est que mes contacts n’ont pas beaucoup d’espoir avec Kerry non plus. Je crois que, jusqu’a aujourd’hui, le témoignage qui m’a le plus marqué est celui de Alf. J’ai croisé sa route vers 19h sur la 126eme rue un peu avant la 5eme avenue. Il a 40 ans et ne peut plus voter car il a perdu ses droits civiques après un séjour de 4 ans en prison pour une histoire de drogue. Maintenant, il livre les courses des clients d’un supermarché et pousse son caddy de 14h à 22h. Le matin de 7 à 14h, il range les produits dans le dit magasin. Il parlait tout doucement avec de grandes pauses et c’est la première fois qu’il discutait avec un français.

      "Bonne chance !"

      Clairement, il pourrait être l’icône du hard worker sans sécu ni trop d’espoir. Il le reconnaît lui-même mais "qu’est ce que tu veux faire si tu ne travailles pas tu n’as pas de money. Ni Bush ni Kerry ne se soucient de moi. C’est la vie. Ouais, ils sont pourris. Bush sûrement plus mais tu veux que veux que je fasse quoi d ici ? " On s’est quitté en se souhaitant bonne chance. Lui aussi s’en remet a Dieu mais je ne suis pas sûr que cela lui serve de doctrine. Il a disparu avec son caddy derrière un immeuble. C’est d’ailleurs, sur la question religieuse, que les attaques contre Bush sont les plus virulentes. Outre les mensonges, l’absence d’armes en Irak, les scandales financiers de papa Chesney, etc. les gens regrettent surtout qu’il se pare dans un manteau de sainteté pour revendiquer sa politique. Du coup cela entraîne un réel malaise dans une nation qui reste malgré tout guidée par de grands principes idéologiques. C’est ce que me disait ce matin le responsable de campagne de Nader pour NYC.

      Nous étions dans un bar très cool de l’east village (avec du wifi à gogo et des gens en train de bosser dans de grands sofas) et, selon lui "cette campagne et l’action de Bush obligent les américains à reconsidérer la place et le rôle de l’Amérique ainsi que leur place et rôle de citoyen". Bon, lui, clairement il voudrait bien que cela fasse émerger une nouvelle alternative représentée par... Nader mais les gens vont voter utile et il risque de ne pas faire grand chose Mr Ralf. C’est un peu le même son de cloche parmi les étudiants de l’université de Columbia où je suis allé traîner cet après-midi. La majorité est contre Bush mais certains doutent réellement : c’est la première fois qu ils vont voter et ils sont un peu dépassés par les événements. Le poids du vote familiale est important également. Annie, 21 ans et étudiante en american history souligne que ses parents sont républicains et "si je vote démocrate, j’aurai l’impression de les trahir".

      "Peuple uni"

      Derrière cela, finalement, c’est toute la problématique de cette campagne qui saute aux yeux : est-ce que mon vote va trahir mes idéaux, mes rêves, mes convictions, ma patrie ? Je pense (c’est à confirmer bien sur car je ne suis pas ici depuis assez longtemps) que c’est surtout le bordel car les américains se retrouvent dans une situation neuve : ils sont confrontés aujourd’hui à une équation où les deux éléments moteurs (Bush et Kerry) sont loin mais vraiment loin de faire l’unanimité. Ce n’est pas la première fois je sais mais là, la conjonction est telle (croissance sans emploi, Irak, l’opposition mondiale a Bush, mensonges de l’administration, publicités électorales agressives, déficit, etc.) que l’ensemble est vraiment difficile à ingurgiter pour des gens qui, par habitude, fonctionnent a 100 000 km/h car c’est la norme.

      En fait, le bordel de 2000 et les quatre dernières années semblent avoir contribué à péter un rouage invisible mais génétiquement possédé par toutes et tous qui peut se résumer par : "nous ne sommes pas forcément d’accord avec lui mais nous suivons le chef car nous sommes un peuple uni et spécifique, riche de sa diversité". Aujourd’ hui, et je l’ai entendu plusieurs fois, il s’agit bien de parler d’un pays où cohabitent plus de 50 Etats qui n’ont rien en commun. Cela n’est pas neuf non plus comme remarque mais, idem que plus haut, la conjonction des éléments est telle que le cocktail commence à prendre une drôle de couleur. Ce soir par exemple, j’arrive d’une réunion des www.billionairesforbush.com. C’était incroyable comme moment. Parmi la cinquantaine d’activistes, aucun ne peut imaginer que Bush repasse. Si c est le cas, l’expression à utiliser ira bien au delà de drame national et, sans faire l’oracle d’Oléron, je pense que l’on pourra parler de vrai divorce et je ne suis pas hyper sûr que cela se règle à l’amiable.

      Et puis, partout, partout, partout reviennent les sondages sur les swing states, les machines de votes électroniques, les listes d’électeurs plus ou moins foireuses, l’oreillette de Bush, le danger représenté par les néoconservateurs, les flip-flop de Kerry, Chesney et sa fille lesbienne, la privatisation plus ou moins ourdie de la sécu par Bush, l’absence de vaccin pour la grippe, le déficit public, etc. C’est vraiment un tourbillon d’idées et de sensations alors que, au milieu de cela, tu croises chaque jour des milliers de gars dans les rues toujours en speed à travers la ville et le mec qui te vend un café le matin est espagnol, ne parle pas anglais et n’a pas de papier. J’ai pas entendu le prix du café ce matin, une limousine a 3256 portes se garait derrière. C’est pas facile facile à gérer et intégrer tout ça mais c’est vraiment cool et intéressant de le voir en direct. Je viens de relire l’ensemble et je ne suis pas sûr que cela soit très clair mais j’espère que cela vous aura donné une petite idée de l’ensemble. Demain matin je vais a Wall Street et Ground Zero avant de voir un cours du soir pour adultes à Brooklyn et ensuite nous avons une soirée (www.greenedragon.org). Prochain mail depuis le sud je pense. (...)

      13.12 à 15h19 - Répondre - Alerter
      • New-York-Tampa/ Tampa-Montgomery
        Date : Dimanche 24 Octobre 2004 19:02

        Bonjour, bonjour. Ce petit mail depuis un cyber-café du centre de Tampa en Floride. Je suis arrivé hier matin après avoir passe 6 jours a NYC. Vous trouverez en pièce jointe un doc assez long : j’ai fait une pause vendredi dans l’arpentage des rues pour retranscrire au propre l’ensemble des interviews réalisées à New-York. Vous verrez, c’est assez long et un peu brut de fonderie mais je suis un peu pris pas le temps et je voulais surtout que vous ayez cela avant que je parte vers le sud. Vous pourrez ainsi vous faire une idée des opinions qui circulent sur les trottoirs new-yorkais. Pour que vous suiviez la chronologie, je reviens rapidement sur les derniers jours à NYC. Apres le mail mardi soir, j’ai passé la journée de mercredi a Ground Zero, Wall Street, à un cours dans un community college du Harlem Latino puis dans une soirée a Brooklyn ou les www.greenedragon.com organisait une open party où tous les gens ayant participé aux manifs contre la convention républicaine fin août ici sont venus raconter leurs expériences.

        C’est à la fois intéressant, drôle et émouvant de voir tous ces profils différents réunis dans une même pièce, sur une même scène pour raconter des choses différentes. Jeudi et vendredi, j’ai alterné des rendez-vous avec des Français expatriés ici et pas mal d’ordinateurs pour retranscrire les notes. En plus, pour être honnête, je voulais faire une petite pause pour bien tout ingurgiter à NYC avant de partir pour le sud. Je ne peux malheureusement pas vous retranscrire le contenu de mes échanges avec mes interlocuteurs français car, de part leur position, ils ne peuvent communiquer. Sachez seulement que la période 2003 (et l’opposition entre la France et les Etats-Unis sur le déclenchement de la guerre en Irak) a laissé des traces. Elles s’estompent maintenant mais, sur le terrain et dans la "vraie vie" il ne s’agissait pas de moments anodins. Apres une dernière petite teuf dans l’east side vendredi soir et un resto a sushi excellent avec un dj ééééééééénorme, il était temps de dormir quelques heures pour partir vers le sud samedi matin depuis JFK. Direction Tampa et la Floride.

        Petite anecdote assez drôle : je voulais au départ atterrir à Jacksonville mais, à ma grande surprise, il existe un nombre assez conséquent de Jacksonville dans le pays et, après quelques essais infructueux j’ai failli atterrir dans le Nevada ou le Tennessee je crois. Finalement, Tampa représentait une bonne opportunité : c’est à 8 heures de bus de Montgomery en Alabama et au coeur des questions électorales qui secouent la Floride actuellement. J’étais un peu stressé en partant car je devais recevoir des contacts pour faciliter mon arrivée à Tampa mais les tuyaux sont restes vides et malgré un gros check par mail des différents réseaux ici je n’avais ni numéro de téléphone, ni mail, ni adresse, ni guide quelconque bien entendu en arrivant. Bon, autant être honnête, j’ai fui la tracasserie en dormant comme une bûche pendant les 4heures de vols avant de me réveiller par hasard et, surprise, au dessus d’une de ces autoroutes qui traversent la Floride par les bras de mer. C’est assez surprenant comme vision et, prenant cela comme un signe céleste (c’est un peu la mode ici le signe céleste) m’indiquant que j’avais assez dormi et qu’il fallait bien préparer la suite, j’ai demandé à ma voisine quelques précisions sur Tampa. Elle était très gentille mais se foutait visiblement de mes questions.

        Les fauteuils roulants font la queue

        Bon, l’arrivée s’est bien passée et, comme nous l’avons vécu a l’aller, j’ai vu des files de passagers enlever ceinture, chaussures, bretelles devant leurs sacs ouverts et examinés par une quinzaine d’agents. Deuxième vision ensuite, après le premier corridor : la plus grande file de fauteuils roulants de ma vie. J’ai essayé de les compter mais je gênais le flux et j’ai dû abandonner. Il faut bien comprendre en effet que cette partie de la Floride s’apparente a une maison de retraite géante avec toute une collection de grands-parents de styles différents : se côtoient ainsi les anciens militaires reconnaissables aux pin’s sur leurs survets, les golfeurs, les peinards, les sportives généralement en rose et bleu avec le teint très bronzés, les dents très blanches et généralement un gadget du type podomètre-régulateur cardiaque-walkman accroché au bras et donc, bien entendu, de longues cohortes de fauteuils. Cela se comprend assez car en sortant de l’aéroport quel ne fut pas mon plaisir de jouer a Magnum sous le soleil. C’est vrai que c’est vraiment agréable de se trimballer en chemise sous un gros soleil. Toujours sans contact ni d’idées où aller, j’ai pris le bus pour descendre vers downtown et là, par le plus grand des hasards, nous sommes passés devant le QG des démocrates ici, sur Kennedy avenue. Heureusement, j’avais sympathisé avec le chauffeur et il a bien voulu m’arrêter à deux blocs. Je ferai un descriptif plus complet de ce que j’y ai vu plus tard car cela mérite des pages entières et je dois y retourner cet après midi pour différentes interviews. J’y ai rencontré pas mal de gens tous très gentils et, après avoir expliqué mon cas à Mark, un des responsables très cool, j’ai pu suivre une équipe de volontaires qui partent dans les banlieues pour vérifier que tous les gens inscrits comme démocrates sont bien déjà allés voter ou vont le faire. C’est vraiment une drôle d’expérience de se retrouver ainsi dans une bagnole avec 4 autres personnes pour qui il est impensable de ne pas faire cela et de partir dans les rues sonner a chaque maison, découvrir des visages, écouter des discours, maugréer contre un chien qui empêche d’accéder à une boite aux lettres, se tromper de rue, voir que le listing du groupe a été mal dupliqué et que d’autres volontaires sont déjà passés avant, convaincre des gens, prendre des notes, comparer les chiffres dans d’immenses listing où figurent le nom, le prénom, l’adresse, le camp politique, etc. (A suivre) 28.12 à 20h27 - Répondre - Alerter
        • Finalement, les 4 volontaires ont vu une centaine de maisons dans l’après midi. Grosso modo 50 % des gens étaient là et vont voter ou ont déjà voté Démocrate. Dans les autres cas, deux documents ont été déposés : la liste des bureaux de votes les plus proches et les grandes lignes du duo Kerry/Edwards. Nous sommes revenus ensuite au QG où toutes les infos sont rentrées directement dans les serveurs de campagne. Entre le moment ou nous sommes partis et celui ou nous sommes revenus (environ 3h), une quinzaine de nouvelles équipes se sont inscrites comme volontaires pour repartir aujourd’hui dans les banlieues alerter les gens. Autant être honnête : c’est assez surprenant cette activité de fourmilière, l’organisation et les moyens d’actions proposés. Il existe ainsi un service de co-voiturage qui se propose d’aller chercher directement les gens chez eux pour les amener au bureau de vote. Là-bas, j’ai par exemple rencontré Danielle qui, étudiante, votera pour la première fois. Elle est volontaire depuis 3 semaines mais doit jongler entre la fac, son boulot et ses cours de danse pour filer un coup de main. Quand je lui demande pourquoi elle fait cela, elle récite d’un trait les différents points de la campagne Kerry avec grand I puis petit a, etc. avant de faire la même chose dans les critiques du ticket Bush/Chesney. Je reste un peu baba. Je revivrai cela ensuite dans la voiture qui nous emmène vers la banlieue.

          Conscience politique

          Les 4 volontaires ne se connaissaient pas le matin même et directement ils embrayent sur les arguments de Kerry. Cela ressemble un peu a de la méthode Couet mais ils m’impressionnent par leur mobilisation. Tous sont arrivés là naturellement quelle que soit leur conscience politique antérieure. A chaque fois, un facteur déclencheur les a poussé à passer dans l’activisme. Si les raisons sont les raisons, le facteur lui diffère. Enolia : il est nigérian et vit aux Etats-Unis depuis 20 ans. Il aime ce pays et refuse l’image qu’en donne Bush. Il s’est engagé après la diffusion du rapport sur l’absence d’ADM en Irak. Maria : sa femme. Elle a peur pour ses enfants et se dit très inquiète du poids religieux. Elle s’est engagée pour Kerry après un prêche pro-Bush dans son église. Joshua : originaire du Tennessee, il vit maintenant en Floride pour ses études. Il se déclare comme indépendant mais fait parti de ces « tout sauf Bush ». Il se présente comme environnementaliste. Apres Enron il a "pété un plomb". Brandan : il est anglais et est venu pour aider les volontaires car il est inquiet. Petite parenthèse, j’ai suivi Brandan pendant notre tour auprès des maisons et nous avons vécu un moment assez drôle en sonnant chez Debby M au 10604 de la 27eme rue. Anglaise elle vit ici depuis 4 ans et est très très aimable. On commence a discuter, Brandan lâche son speach sur le pourquoi du vote etc. A un moment, il remarque le drapeau anglais sur la voiture de Debby et lui explique ce pourquoi il est là. Elle commence à halluciner et rigole beaucoup de voir que cela puisse intéresser les gens de l’extérieur alors qu’elle même ne serait peut-être pas allée voter sans le passage d’un volontaire démocrate. On rigole un coup et elle me demande d’ou je viens. Je lui explique et alors là c’est vraiment le pompom pour elle. Du coup, sur le retour, on rigole pas mal avec Brandan et nous fêtons l’entente cordiale par une petite malboro commune dans cette rue perdue de Floride. Le soir, Emma gloire à elle et a sa gentillesse, volontaire démocrate et mère de famille me dépose devant un petit motel sur Kennedy. Heureusement il reste de la place et je me pose. (A suivre) 11.01 à 18h01 - Répondre - Alerter
          • Je reste un peu sur le seuil de la porte après avoir posé le barda et je repense à cette drôle de journée. Finalement la conclusion est toujours la même : "vivent les voyages et l’aventure". Le soir je pars a la découverte du centre ville de Tampa qui prend la forme derrière de longues avenues vides d’un mini-centre commercial barroco-roccoco où se trouvent des restos, un cinéma, des bars autour d’une petite place avec fontaine et palmier. C’est assez joli et cela fait surtout centre de vacances de station balnéaire. Je traîne un peu et discute avec des gens sympas. Le plus cool c’est Ted, il tient un magasin de souvenirs et vend des produits de campagne (t-shirt, badges, etc.).

            Elle explose le nez de son mari

            Nous discutons un grand moment et il me donne deux stats intéressantes et assez révélatrices du climat ambiant : il vend 5 fois plus de produits estampillés répu et démo qu’en 2000 et ... d’une semaine à l’autre les ventes en faveur des deux camps sont légèrement majoritaires (joli sondage...). Il est vraiment super gentil et à mon retour à Tampa la semaine prochaine je repasserai le voir. Petite anecdote, trois jours plus tôt un couple est rentré pour acheter des t-shirt de campagne. Lui est répu et elle democrate. La discussion est monté d’un cran à propos de leurs idées et blan, la femme a explosé le nez de son mari d’un gros coup de poing. Ted m’a raconte deux fois l’histoire tellement il a été surpris. "C’est révélateur dit-il, c’est un moment étrange pour nous. Je n’aime pas trop de telles divisions."

            Ce matin, je suis allé prendre mon ticket pour Montgomery, Alabama pour aller voir directement la Bible Belt. Au début, je voulais y aller en agent du IGF (Islamiste Gay et Francais) mais je pense que je vais me dégonfler. J’arrive vers 6h du matin je crois avec, bien entendu, aucun adresse. Peut-être que je trouverai le site de campagne de Kerry sur la route. Pas sûr ... Voili, voilou grosso modo les nouvelles. Ah oui, dernier détail, en rentrant vers 22h hier, j’ai regardé les programmes et suis tombé sur le premier speach d’un télé évangéliste. Ouahhh, c’est assez incroyable, je pense que la semaine prochaine va être assez drôle à ce niveau. Je rentre sur Tampa dimanche je pense pour vivre ici le 1er et le 2 novembre. Ensuite, we’ll see pour le retour sur NYC. Charles y arrive le 29, comme cela nous pourrons vous faire vivre le truc de deux angles différents. Dernier point, les clopes ici sont a trois dollars.

            A bientôt pour de nouvelles aventures et bon courage a vous. Merci beaucoup pour vos mails et vos réponses. Désolé de ne pas répondre de manière personnalisée mais c’est un peu speed. Autre point, n’hésitez pas a faire circuler ces mails et la pièce jointe autour de vous. Il n’y a absolument aucun soucis, merci seulement de bien indiquer la source a chaque fois svp : Mahou Prod. Charles Bobe / Gregory Gendre. Bon dimanche, bon lundi et a bientôt depuis l’Alabama. Bye, Greg

            Bible Belt et crustacés

            Bonjour, bonjour, Ce petit mail depuis la librairie publique de Montgomery Alabama. Je suis bien arrive ici lundi matin vers 5h après un voyage en bus sociologiquement intéressant depuis Tampa. J’ai ainsi vu en vrai mes premiers Nascar dads, ces pères de famille du middle West fana de course de bagnoles et largement républicains. Cela a également été l’occasion de découvrir au rayon livre des stations service un nombre vraiment conséquent de publications permettant, au choix, de trouver le chemin de Jésus en voiture, de savoir ouvrir son cœur a la parole de Dieu ou, plus pratique, de vivre son amour de Dieu dans la vie de tous les jours grâce a l’aide de 20 fiches thématiques. C’était juste en arrivant en Alabama.

            En fait, je pense que je ne mesurais pas complètement ce que signifie réellement le terme Bible Belt. Avec le maigre recul qui est le mien après ces trois jours ici, je pense que, d’une manière générale, c’est assez compliqué de s’imaginer comment une ville entière peut vivre à l’heure de Dieu. Il faut un peu de temps pour s’en rendre compte mais, finalement cela vient assez vite. Lundi, j’ai ainsi rencontré Elliot, secrétaire général d’une église baptise noire de la ville (Montgomery est clairement séparée en deux avec les noirs a l’est et les blancs a l’ouest. Historiquement, les blancs vivaient a l’est mais sous la pousse démographique, ils ont tous migré entraînant ainsi un éclatement de la ville, tout en longueur, vers l’ouest). Un mec vraiment adorable qui m’a trimballé à droite à gauche dans son gros camion jaune school bus. Lui est baptiste et anime la communauté d’une centaine de membres qui gravite autour de son église.

            Pour lui, clairement, le fait de pouvoir se retrouver ensemble une fois par semaine le dimanche permet à tous ces gens, généralement des hard-workers qui ne vivent pas dans des palaces, de trouver, dans leur communion avec dieu une source de joie pour gommer les galères présentes. En toile de fonds reste également bien entendu l’idée fondamentale que l’activité présente conditionne la vie future. Et lui, comme une écrasante majorité des noirs votera Kerry car il ne peut cautionner l’absence de politique sociale de Bush. Il m’a ainsi présente Ellena qui est la responsable d’une association locale d’aide aux familles (soutien scolaire, prévention pour les enfants battus, etc) et qui a vu son budget de fonctionnement fondre drastiquement en 4 ans. Pourtant, comme souvent aux Etats Unis et plus particulièrement dans le sud, l’Etat a recours à ces associations religieuses pour assurer ses services sociaux. A l’inverse, à la Church of Christ sur Washington avenue, la situation est stable. Fréquentée uniquement par des blancs, cette église livre des prêches qui mêlent à la fois le discours général de compassion de l’église et, en même temps, des idées forces inflexibles sur le mariage gay et l’avortement. (A suivre)

            25.01 à 16h33 - Répondre - Alerter
            • (...) Parmi la cinquantaine de vieux qui étaient là mardi soir, personne ne votera Kerry. Pour le responsable de la communauté, c’est "normal" car les valeurs véhiculées par Bush (honnêteté, rigueur, compassion) sont celles des gens d’ici. Je lui demande quand même son sentiment sur l’Irak, les ADM et la communauté internationale. La réponse est claire : les Etats-Unis ont une mission. Le matin, j’avais croisé par hasard dans la rue le responsable de la Saint Andrew’s Catholic Church. Pour lui, cela va encore plus loin car il ne voit pas du tout "pourquoi il faudrait séparer l’Eglise et l’Etat car nous sommes tous les fils de Dieu". Je lui fais quand même remarquer que certains remettent en cause la création du monde en 7 jours ou vénèrent d’autres dieux. La réponse est limpide : non seulement ils se trompent mais c’est la mission de l’Eglise sur Terre de faire revenir les hommes dans la parole de l’évangile en les éloignant des Satans divers et variés qui peuplent notre univers. Et ces gens la, comme Bob joyeux soixantenaire volontaire de la First Baptist Church qui pense que Jésus Christ reviendra dans 500 ou 600 ans, ne sont pas des fanatiques qui arpentent les rues une croix a la main.

              C’est peut être cela le plus hallucinant : à la limite, s’ils braillaient au coin des rues que JC reviendra bientôt etc., on pourrait se dire, sans porter de jugement de valeur, tiens, ces gens la sont différents. La c’est encore autre chose puisque ces gens vivent de manière pratique, concrète, quotidienne et absolue avec comme principe de base une lecture quasi littérale (suivant les églises) de la Bible. Cela donne donc un mélange assez savoureux puisque tous m’ont accueilli sans soucis et, malgré quelques doutes au départ, sans animosité aucune sur le fait que je sois français. C’est vrai que c’est agréable de se faire accepter, dire bonjour a des gens, partager un café et des cookies etc, mais, dans le même temps, leurs discours et leur réflexions (j’irai même plus loin en parlant de leur personnalité dans son intégralité physique, morale et intellectuelle) sont entièrement dictés par la conviction la plus profonde que Dieu le sauveur, l’amour de Jesus-Christ, etc. guident le monde.

              Et, le plus surprenant dans tous cela, c’est qu’il est absolument inconcevable pour ces gens la de vivre sans penser que Dieu a crée le monde, etc. Donc, toute la ville vit ainsi sur cette double ligne ou la vraie vie avec les vrais bâtiments, les vrais routes, etc. côtoie un monde parallèle entièrement tourné à la dévotion religieuse. Les points de jonction entre ces deux univers étant alors représentés par un nombre hallucinant d’églises. Ainsi, hier en passant trois rues et deux blocs, je me suis arrête devant la Rosa Methodist Church, la Rosa L Church of God, la Zion hill Baptist Church (The church where everyone is family), la Trinity Evangelical Lutherian Church, la Second Baptist Church of God et la Gospel Tabernacle Church of God in Christ. Je ne sais pas combien cette ville compte d’églises et de cultes différents (même à la mairie ils ne savent pas) mais cela donne vraiment un parfum étrange. Hier par exemple, j’ai commencé la journée par une lecture de la Bible dans une communauté blanche. Que des vieux là encore dans une petite pièce mitoyenne de l’église avec des gâteaux, des rideaux jaunes et bleus, un tableau représentant un bouquet de fleurs et cette odeur étrange qui, pour je ne sais quelle raison, rappelle immédiatement les années 50/60. Apres l’exercice, je suis resté après que tout le monde m’ait salué et se félicite de la présence d’un jeune pour ces explications fondamentales des textes sacrés. J’ai commencé à discuter avec Ronnie, un type vraiment sympa, prévenant (c’est lui qui m’a apporté une bible pour suivre les explications) et heureux retraité. On parle un peu de la pluie et du beau temps tout ça tout ça et on commence à parler de Luther King et des droits civiques.

              God bless you

              Et bien ce charmant pépé, membre de sa communauté religieuse (passion, compassion, etc.) m’annonce directement que les négros, ML King en tête, ont été opportunistes à ce moment là et que, quels que soient les discours, les blancs et les noirs ne seront jamais pareils. Je lui demande quand même si il existe encore une légère ségrégation dans l’Etat. Il n’en voit pas trop, il remarque surtout que la situation des noirs s’améliore avec le temps. Et pour arranger les choses au niveau national, il votera Bush car lui défend les vraies valeurs de l’Amérique.

              Bon, j’hallucine un peu en remontant sur mon vélo et en me rendant au congres annuel des églises méthodistes qui se tient du 27 au 31 octobre. Une cinquantaine de pasteurs noirs hommes et femmes sont présents. La tout commence par 1 heure de chanson. C’est vraiment agréable et joli, tout le monde tape dans ses mains, crie, chante Alleluia en secouant sa Bible. A la différence des blancs, je pense que les noirs vivent beaucoup plus dans leurs corps la religion et l’extériorise alors de manière fortement démonstrative. En clair, il y a beaucoup plus de bordel dans un service religieux pour noirs que pour blancs. Je passe l’après-midi à écouter les différents orateurs qui se mettent vraiment en scène. Principales cibles des speach : l’avortement et le mariage gay. Je discute avec une déléguée dans un couloir et clairement elle m’indique se trouver dans l’embarras : elle ne peut pas voter Bush qui ne fait rien pour les pauvres mais trouve Kerry bien trop laxiste.

              Elle ne me dira pas son vote. Je crois que sa réaction symbolise assez ce que j’ai vu ici. Du côté blanc, la religion est vraiment un étendard qui permet de canaliser les énergies quitte a tenir parfois des discours assez terribles. Côté noir, la religion est plutôt prise comme un secours, un médicament de l’âme et du cœur pour trouver dans le réconfort de dieu de quoi avancer. Hier soir, je repensais à tout cela avant de dormir et je dois quand même vous dire que je suis assez inquiet. Non seulement ces gens ne peuvent même pas commencer à imaginer l’éventualité d’une réalité autre que la leur pour gérer les affaires du monde mais, en plus, ils sont incroyablement bien organisés avec des réseaux et des rouages qui fonctionnent à merveille. La Bible Belt mérite donc bien son nom.

              Afin de voir cela de plus près, j’ai recupéré une bagnole et je pars après ce mail dans l’intérieur de l’Etat pour aller voir ce qui se passe dans les campagnes. Je rentrerai en caisse a Tampa pour suivre la bas lundi et mardi le vote. Dernier petit point rigolo, je me suis arrêté ce matin au mémorial de ML King pour une petite photo et suis tombé sur trois copines en voyage ici. Toutes 45/50 ans : deux pour Bush et une pour Kerry. Je leur demande si je peux poser une question, etc. Leurs premiers mots ont été "on ne veut pas parler politique, nous sommes amies et nous n’avons pas envie de nous fâcher" nous avons quand même discuté un peu et la supportrice de Kerry et moi en arrivons a la même conclusion : il ne faut pas mais alors vraiment vraiment pas que Bush repasse, nous ne vivons définitivement pas sur la même planète. Bonne fin de journee. Bon courage a vous et, même si c’est de rigueur ici, je vais éviter le God bless you pour vous suggérer plutôt d’aller voir www.save-america-now.com (A suivre...)

              8.02 à 13h16 - Répondre - Alerter
              • Le 1er novembre 2004

                Bonjour à tous,

                Cette lettre vous est écrite de New York au moment crucial de l’élection présidentielle Américaine qui verra ou non la réélection de Bush ...

                Arrivé dans la « ville qui ne dort jamais » Vendredi soir, le timing ne pouvait être meilleur : la veille d’Halloween, Ben Laden refait parler de lui et s’adresse directement au peuple américain... Surréaliste. Comme me le disait un ami scénariste, c`est digne d`un film hollywoodien ! Titre du NY Post : “trick or treat ?”, la phrase que les enfants lancent lorsqu`ils font du porte-à-porte pour récupérer des bonbons (en gros : un mauvais tour ou une friandise, manière enfantine de demander la bourse ou la vie !).

                La transition a été rapide vers Boston Samedi. Et là, autant vous dire que les élections étaient loin de faire la Une. La préoccupation principale du week-end tournait autour de deux événements majeurs : la victoire des Red Sox (l`équipe de base-ball qui n`avait pas gagne le championnat du monde américain depuis 86 ans, les fameux World Series) et Halloween. Pour ce qui est des Red Sox, l’équipe a défilé dans les rues et dans la Charles River grâce a des camions amphibies devant une foule dépassant le million d`individus... Pour Halloween, c’était l`occasion de voir les étudiants de Boston déguisés en train de boire et de chercher la fête parfaite en parcourant les “friends houses” ou maisons dans lesquelles les étudiants vivent a une dizaine. Bref, rien de très électoral dans tout cela. Ce n`est que le lendemain, en visitant le campus de Harvard, qu`une certaine ferveur électorale s`est faite sentir : drapeaux, affiches, slogans scotchés sur beaucoup de fenêtres. Presque tous pour Kerry. Le meilleur est venu d`un magasin qui pratique le merchandising électoral humoristique. Parmi les stickers vendus :
                -  Apposé à côte de la photo de W, “somewhere in Texas, a village have lost his idiot”
                -  Une diatribe anti-religion : I’ve found Jesus... He was hidden behind the sofa the whole time...

                Retour a NYC le Dimanche soir, non sans compter les voitures avec l`autocollant “We support our troops”, signe de soutien à W et a sa guerre contre le terrorisme, notamment en Irak... Lundi matin, c`était inévitable, visite sur le site du World Trade Center. L’effet est étrange : la première et dernière fois que je suis venu c`était il y a 16 ans pour monter au sommet ! Effet bizarre donc, pensées pour les victimes et puis ces pancartes revelatrices de l`esprit americain : se souvenir, reconnecter, reconstruire... Tout cela au milieu d`immeubles en reconstruction et d`énormes drapeaux américains flottant au vent (les avions continuent de passer dans le ciel, evidemment).

                Et puis les rencontres. D`abord avec Edward Wallace, avocat engage du côté démocrate. Il a 15 mn devant lui, il faut aller vite, même si lui resterait bien papoter plus longtemps. Mais il se rend à Philadelphie pour le parti, sans trop savoir ce qu’on lui demandera de faire (surveillance des élections ou plan d`attaque juridique en cas de doute sur la fiabilité des élections...).
                Cela fait 25 ans qu’il est engagé en politique, d`abord a une échelle locale, puis en montant les échelons jusqu`au niveau fédéral. Une véritable vie parallèle, puisque c`est du bénévolat (sur les millions d`Américains qui travaillent pour la campagne d’un candidat, seuls environ 1000 seraient rémunérés selon E. Wallace).

                Engagé, mais honnête. Il croit encore que les élections peuvent se faire sans tricherie (même s`il peut se retrouver demain à travailler sur les fraudes).Contrairement a beaucoup de démocrates, il ne méprise pas les républicains, ne s`enfonce pas dans des considérations systématiquement suspicieuses. Il est pour la publicité ciblée des candidats et pour les messages simplifiés dans un pays aussi énorme et diversifié que les Etats-Unis. Il est pour le bipartisme. À ce sujet un paradoxe apparaît : les deux candidats sont selon lui un peu similaires (sauf sur certains sujets tels que l`avortements, le contrôle des armes, la peine de mort et le système d`assurance sociale). En même temps, rarement une campagne électorale n`a été aussi passionnée. La raison de cette passion ? Le 11 septembre, selon M. Wallace, et plus précisément la manière de mener l’après 11 septembre. Pour beaucoup la guerre en Irak est une énorme erreur. Cela me rappelle une phrase de Kerry lors du troisième débat contre W : « Attaquer l’Irak après le 11/09 c’est comme si on avait attaqué le Mexique après Pearl Arbor. »
                Selon M. Wallace, cela fait se poser les questions suivantes : « comment peut-on gagner cette guerre ? Y a-t-il seulement une victoire possible ? Quels critères retenir pour dire qu’il y a victoire ? » C`est précisément sur ces questions que les deux candidats se différencient selon lui.

                Le cas Nader ? « Une bêtise ! Un homme bien devenu fou et égocentrique. » Est-ce qu’il met en jeu l`élection éventuelle de Kerry ? « Pas vraiment car les gens qui votent Nader sont anti-tout, et notamment anti-establishment. Ils ne voteraient probablement ni pour l`un ni pour l`autre des deux candidats officiels. »
                L`autre question de fond, sur du plus long terme, c’est l`évolution de la société américaine vers la religion, notamment le mouvement des “Born Again”, ceux qui renaissent. C’est LE sujet qui intrigue, avec un glissement inquiétant vers une certaine forme d’obscurantisme. Selon ce même M. Wallace, « c`est l`évolution d`une tranche d`âge, les baby-boomers, ceux qui à un moment de leur vie étaient hippis, contre la guerre, pour l’ouverture de l’esprit (avec ou sans drogue), et qui ont glissé “du côté obscur de la religion”. » Ils seraient ainsi devenu des extrémistes religieux de par leur évolution et leur parcours (peut-être est-ce la encore un exemple des extrêmes qui caractérisent les Etats-Unis). Malgré ces extrêmes, on reste tout de même au pays du “freedom of speech” : tolérance suprême envers les croyances des gens, quelles qu’elles soient (la loi contre le voile a l’école en France serait inimaginable), y compris envers “freedom to lie” (liberté de mentir) pour convaincre les gens !

                Autre rencontre, à (l`extrême) inverse, avec un gars qui travaille dans un “wine shop” sur 3rd Avenue. En gros : « rien à foutre des élections. » Il n`a jamais voté et ne compte certainement pas le faire un jour. Pour lui, les candidats sont les mêmes. Il faut que quelqu`un gouverne. Que ce soit l`un ou l`autre, c`est du pareil au même. Fataliste ? Non, il faut juste le laisser travailler en paix. Isolé ? Pas vraiment. Le taux de vote aux Etats-Unis est connu pour être bas. Mais cette image me fait tout de même sourire : imaginez un Français tentant d`inciter un Américain à voter devant un magasin de vin à NY... De toute façon, je ne m`inquiète plus vraiment : Samedi dernier tôt une voyante sur le marché d’Union Square m`a certifié que Kerry serait élu. Comment le sait-elle ? Elle est voyante et Bush est un “asshole” (sans commentaire...).
                A Suivre...

                22.02 à 09h25 - Répondre - Alerter
                • Petite boule dans l’estomac - Mardi 2 Novembre 2004 - 03:18:09 - Tampa

                  Good morning la France, Ou bonne nuit pour les noctambules. Nous y voila donc. Il est 19h35 à Tampa, la température extérieure est d’environ 28 degrés et, comme vous pouvez l’imaginer, il est recommandé de garder sa ceinture car nous approchons d’une joyeuse zone de turbulences. Je vais être honnête, c’est pas mal le stress ici. Pour que vous compreniez plus simplement, un petit paragraphe chronologique s’impose.

                  Après le dernier mail de jeudi j’ai donc eu la chance, la joie et le bonheur de rouler avec une grosse woiture à travers l’Alabama et une partie de la Floride puisque je suis rentré ce matin à Tampa. Et ça, c’était vraiment un truc sympa à faire. Ce pays étant, par définition, le pays de la bagnole, découvrir ses paysages a 70, 55, 35 ou 25 oui oui 25 miles représente un beau moment de poésie. C’est assez grisant en outre de se retrouver avec la carte sur les genoux, la radio a fond, la fenêtre ouverte sur le soleil et deux énormes camions de chaque côté en train de tenter de trouver cette saloperie de 25 nord pour rejoindre Oxford ou la 275 pour quitter Bruce et rejoindre Panama City (petite parenthese, je suis dans un cyber actuellement et devinez ce qui passe a la radio : la Beuzzz. Gloire au Morning Live).

                  Désolé de ne pouvoir vous faire ici le relevé exact des villes et du parcours mais j’ai laissé mes cartes à l’hôtel. Apres Montgomery, j’ai piqué vers le nord sur un superbe lac avant de m’arrêter un peu plus au nord. A chaque fois j’ai essayé de prendre les plus petites routes possibles pour avoir le temps de découvrir les maisons, les villes, etc. et c’est assez intéressant. Entre les drapeaux confédérés, des SUV ééééééénormes, des églises de toutes les confessions, des ranchs, les panneaux Bush/Chesney et Kerry/Edwards dans les jardins, les belles pelouses, les vieux hangars de fermes perchées sur de jolies collines, les champs, les vaches et les bottes de paille, cela a fait beaucoup de bien cette petite pause nature loin de la ville. En même temps, et c’est là l’immense avantage des plans-bagnoles que certains récipiendaires de cette newsletter connaissent particulièrement bien..., cela permet surtout de vraiment goûter à la liberté (la barrière du 70 miles est bien pas mal galère mais, au final, cela passe très bien) tout en ayant le grand plaisir de découvrir une autre facette de l’Amérique : ses radios et, plus particulièrement, ses radios locales.

                  Alors là, c’est du grand, c’est du beau, c’est du merveilleux moment de bonheur. Bien entendu, les radios religieuses occupent une place non négligeable de la bande en Alabama et j’ai ainsi pu parfaire mon éducation grâce, notamment, au speaker de 97.2 et ses discours enflamés sur les dangers guettant actuellement l’Amérique.

                  Les Etats-Unis sont en mission divine

                  Le seul recours a cela passant bien entendu par le vote pour Bush. Je vous recommande également d’aller faire un tour sur le site de la radio "indépendante et non partisane" www.wnd.com pour vous faire une idée des débats sur les ondes. De manière générale, j’ai été assez surpris par le faible nombre de débats, de commentaires et d’analyses sur le vote. J’ai entendu les choses les plus intéressantes ce matin sur NPR www.npr.org , mais sinon cela reste surtout du talk et des prises de paroles d’auditeurs. Je vous laisse imaginer le contenu. En roulant jeudi soir, je me suis arrêté dans une petite église en voyant un nombre conséquent de voitures sur le parking. Je pensais assister à la messe, il s’agissait en fait du repas annuel que cette communauté organise pour financer son école religieuse (l’église est membre de la Christian Coalition. Voir la -dessus le super papier du Nouvel Obs http://www.nouvelobs.com/dossiers/p... ). Là, comme à chaque fois que je suis entré dans une église de la BB (attention au lapsus), le décalage est effroyable entre la gentillesse des gens et leurs propos. Là encore, les gens m’ont dit bonjour, nous avons discuté et rigolé, etc. mais quand j’ai commencé à poser deux ou trois questions, le retour à la réalité a été dur. L’aimable bishop vraiment adorable est ainsi persudadé que les "Etats-Unis ont une mission au niveau mondial : celle de propager les saintes Ecritures de la Bible" etc, etc.

                  Je repars après avoir passé 3 heures avec tous ces gens très gentils et leurs enfants en ayant introduit Darwin dans les discussions. La réponse d’un père de famille a été simple : "Darwin, cela reste seulement une théorie. Qui a pu créer toute la beauté de la nature si ce n’est Dieu ?". J’ai bien voulu lui demander si le fait de voter pour le militant écologiste Bush allait contribuer à préserver cette beauté pour ses chères têtes blondes mais, visiblement, il avait dit là son dernier mot. Tout s’est bien passé avec les gens mais je me suis aperçu en discutant avec ce papa que, depuis 1h, j’avais toujours un flic à côté de moi dans mes déplacements. Flics qui m’ont d’ailleurs raccompagné jusqu’à la voiture.

                  Après une nuit merveilleuse sur la banquette arrière sur le parking d’une ... église Baptiste, je suis tombé au petit déj sur le Anniston Star, journal local qualifié d’étoile rouge par ses détracteurs. Et pour cause, sur une pleine page la journaliste Jessica C. a énuméré les atteintes à l’environnement réalisés par l’administration Bush au niveau national et local.

                  Car, vous ne le savez peut-être pas mais l’Alabama a la particularité d’être l’Etat ayant la plus grande biodiversité et la plus grande variété de paysages (il s’étend des contreforts des Appalaches au Golf du Mexique) du pays. Autant vous dire que j’ai sauté sur l’occasion car je commençais a être un peu fatigué par les discours religieux. Grâce à Jessica, j’ai pu rencontrer Peter dans son bureau a la fac de Jacksonville ou il gère les programmes environnementaux de l’Etat. Pour info, il avait été nommé par Clinton à la tête de l’organisme de régulation des fleuves qui gère les relations entre l’Alabama, la Georgie et la Floride sur ces questions (autant vous dire qu’il adore le projet Danube www.mostar-style.net). Avec Bush, il a laissé sa place à un républicain énorme propriétaire agricole pas particulièrement fana du développement durable (je vous donnerai des détails plus tard, c’est assez édifiant). Peter est, je pense, ce que l’on peut appeler une caricature de l’américain survolté, efficace, pensant business en 1/1563248 de seconde et équipé d’un téléphone qui fait a peu près tout ce qu’il est possible de faire avec une imprimante, un ordinateur, un micro-ondes, une tele et/ou un voltamètre. Grâce a lui et ses contacts, j’ai pu découvrir le plus profond canyon du sud est où je suis allé me baigner avec avoir dévalé la montagne (c’était bien entendu interdit mais, là, c’était vraiment bien) et, surtout, un projet énorme concernant la réhabilitation d’une ancienne base des marines en centre d’art contemporain.

                  Nous avons ainsi passer la journée de samedi à arpenter d’immense hangars vides, des hectares de terrains, des entrepôts avec une vingtaine d’artistes réunis ce jour pour la première journée de travail de leur groupe. C’était assez incroyable de se retrouver là. La problématique est super intéressante en outre car il existe un nombre conséquent de bases de ce type à travers le pays et leur réutilisation est en cours. S’il arrive à atteindre ses objectifs - et il va y arriver - il contribuera ainsi à remodeler joliment le paysage. Bien entendu, je lui ai parlé de l’expo à Athènes pour les JO et ont a beaucoup rigolé. La veille au soir j’étais à un meeting de Nader avec ses supporters dont le positionnement et les discours sont vraiment intéressants a voir. Je ne sais pas si l’info est parue en France mais le Colorado votera également demain pour un referendum - http://www.reuters.fr/locales/c_new... ) - qui permettrait d’élire ses grands électeurs à la proportionnelle. Une aubaine pour les tenants d’un abandon de la bi-polarité nationale et un cheval de bataille pour Nader, les verts et les indépendantistes. A suivre donc cette histoire. De toute manière, au regard des tensions actuelles ici et des positions retranchées des deux camps, je pense sans être devin que les conséquences seront longues et diverses pour la société américaine. Cette histoire de proportionnelle peut éventuellement en faire partie. Pour fêter cela, j’ai été faire un peu la fête ce vendredi soir donc avec les étudiants de Birmingham a l’occasion d’Halloween et un rapide sondage me permet de faire sereinement le commentaire suivant : Mesdames les françaises vous êtes bien, et de loin, les plus belles.

                  (A suivre)

                  8.03 à 10h12 - Répondre - Alerter
                • Petite boule dans l’estomac - Mardi 2 Novembre 2004 - 03:18:09 - Tampa

                  Good morning la France, Ou bonne nuit pour les noctambules. Nous y voila donc. Il est 19h35 à Tampa, la température extérieure est d’environ 28 degrés et, comme vous pouvez l’imaginer, il est recommandé de garder sa ceinture car nous approchons d’une joyeuse zone de turbulences. Je vais être honnête, c’est pas mal le stress ici. Pour que vous compreniez plus simplement, un petit paragraphe chronologique s’impose.

                  Après le dernier mail de jeudi j’ai donc eu la chance, la joie et le bonheur de rouler avec une grosse woiture à travers l’Alabama et une partie de la Floride puisque je suis rentré ce matin à Tampa. Et ça, c’était vraiment un truc sympa à faire. Ce pays étant, par définition, le pays de la bagnole, découvrir ses paysages a 70, 55, 35 ou 25 oui oui 25 miles représente un beau moment de poésie. C’est assez grisant en outre de se retrouver avec la carte sur les genoux, la radio a fond, la fenêtre ouverte sur le soleil et deux énormes camions de chaque côté en train de tenter de trouver cette saloperie de 25 nord pour rejoindre Oxford ou la 275 pour quitter Bruce et rejoindre Panama City (petite parenthese, je suis dans un cyber actuellement et devinez ce qui passe a la radio : la Beuzzz. Gloire au Morning Live).

                  Désolé de ne pouvoir vous faire ici le relevé exact des villes et du parcours mais j’ai laissé mes cartes à l’hôtel. Apres Montgomery, j’ai piqué vers le nord sur un superbe lac avant de m’arrêter un peu plus au nord. A chaque fois j’ai essayé de prendre les plus petites routes possibles pour avoir le temps de découvrir les maisons, les villes, etc. et c’est assez intéressant. Entre les drapeaux confédérés, des SUV ééééééénormes, des églises de toutes les confessions, des ranchs, les panneaux Bush/Chesney et Kerry/Edwards dans les jardins, les belles pelouses, les vieux hangars de fermes perchées sur de jolies collines, les champs, les vaches et les bottes de paille, cela a fait beaucoup de bien cette petite pause nature loin de la ville. En même temps, et c’est là l’immense avantage des plans-bagnoles que certains récipiendaires de cette newsletter connaissent particulièrement bien..., cela permet surtout de vraiment goûter à la liberté (la barrière du 70 miles est bien pas mal galère mais, au final, cela passe très bien) tout en ayant le grand plaisir de découvrir une autre facette de l’Amérique : ses radios et, plus particulièrement, ses radios locales.

                  Alors là, c’est du grand, c’est du beau, c’est du merveilleux moment de bonheur. Bien entendu, les radios religieuses occupent une place non négligeable de la bande en Alabama et j’ai ainsi pu parfaire mon éducation grâce, notamment, au speaker de 97.2 et ses discours enflamés sur les dangers guettant actuellement l’Amérique.

                  Les Etats-Unis sont en mission divine

                  Le seul recours a cela passant bien entendu par le vote pour Bush. Je vous recommande également d’aller faire un tour sur le site de la radio "indépendante et non partisane" www.wnd.com pour vous faire une idée des débats sur les ondes. De manière générale, j’ai été assez surpris par le faible nombre de débats, de commentaires et d’analyses sur le vote. J’ai entendu les choses les plus intéressantes ce matin sur NPR www.npr.org , mais sinon cela reste surtout du talk et des prises de paroles d’auditeurs. Je vous laisse imaginer le contenu. En roulant jeudi soir, je me suis arrêté dans une petite église en voyant un nombre conséquent de voitures sur le parking. Je pensais assister à la messe, il s’agissait en fait du repas annuel que cette communauté organise pour financer son école religieuse (l’église est membre de la Christian Coalition. Voir la -dessus le super papier du Nouvel Obs http://www.nouvelobs.com/dossiers/p... ). Là, comme à chaque fois que je suis entré dans une église de la BB (attention au lapsus), le décalage est effroyable entre la gentillesse des gens et leurs propos. Là encore, les gens m’ont dit bonjour, nous avons discuté et rigolé, etc. mais quand j’ai commencé à poser deux ou trois questions, le retour à la réalité a été dur. L’aimable bishop vraiment adorable est ainsi persudadé que les "Etats-Unis ont une mission au niveau mondial : celle de propager les saintes Ecritures de la Bible" etc, etc.

                  Je repars après avoir passé 3 heures avec tous ces gens très gentils et leurs enfants en ayant introduit Darwin dans les discussions. La réponse d’un père de famille a été simple : "Darwin, cela reste seulement une théorie. Qui a pu créer toute la beauté de la nature si ce n’est Dieu ?". J’ai bien voulu lui demander si le fait de voter pour le militant écologiste Bush allait contribuer à préserver cette beauté pour ses chères têtes blondes mais, visiblement, il avait dit là son dernier mot. Tout s’est bien passé avec les gens mais je me suis aperçu en discutant avec ce papa que, depuis 1h, j’avais toujours un flic à côté de moi dans mes déplacements. Flics qui m’ont d’ailleurs raccompagné jusqu’à la voiture.

                  Après une nuit merveilleuse sur la banquette arrière sur le parking d’une ... église Baptiste, je suis tombé au petit déj sur le Anniston Star, journal local qualifié d’étoile rouge par ses détracteurs. Et pour cause, sur une pleine page la journaliste Jessica C. a énuméré les atteintes à l’environnement réalisés par l’administration Bush au niveau national et local.

                  Car, vous ne le savez peut-être pas mais l’Alabama a la particularité d’être l’Etat ayant la plus grande biodiversité et la plus grande variété de paysages (il s’étend des contreforts des Appalaches au Golf du Mexique) du pays. Autant vous dire que j’ai sauté sur l’occasion car je commençais a être un peu fatigué par les discours religieux. Grâce à Jessica, j’ai pu rencontrer Peter dans son bureau a la fac de Jacksonville ou il gère les programmes environnementaux de l’Etat. Pour info, il avait été nommé par Clinton à la tête de l’organisme de régulation des fleuves qui gère les relations entre l’Alabama, la Georgie et la Floride sur ces questions (autant vous dire qu’il adore le projet Danube www.mostar-style.net). Avec Bush, il a laissé sa place à un républicain énorme propriétaire agricole pas particulièrement fana du développement durable (je vous donnerai des détails plus tard, c’est assez édifiant). Peter est, je pense, ce que l’on peut appeler une caricature de l’américain survolté, efficace, pensant business en 1/1563248 de seconde et équipé d’un téléphone qui fait a peu près tout ce qu’il est possible de faire avec une imprimante, un ordinateur, un micro-ondes, une tele et/ou un voltamètre. Grâce a lui et ses contacts, j’ai pu découvrir le plus profond canyon du sud est où je suis allé me baigner avec avoir dévalé la montagne (c’était bien entendu interdit mais, là, c’était vraiment bien) et, surtout, un projet énorme concernant la réhabilitation d’une ancienne base des marines en centre d’art contemporain.

                  Mesdames les françaises, vous êtes les plus belles

                  Nous avons ainsi passer la journée de samedi à arpenter d’immense hangars vides, des hectares de terrains, des entrepôts avec une vingtaine d’artistes réunis ce jour pour la première journée de travail de leur groupe. C’était assez incroyable de se retrouver là. La problématique est super intéressante en outre car il existe un nombre conséquent de bases de ce type à travers le pays et leur réutilisation est en cours. S’il arrive à atteindre ses objectifs - et il va y arriver - il contribuera ainsi à remodeler joliment le paysage. Bien entendu, je lui ai parlé de l’expo à Athènes pour les JO et ont a beaucoup rigolé. La veille au soir j’étais à un meeting de Nader avec ses supporters dont le positionnement et les discours sont vraiment intéressants a voir. Je ne sais pas si l’info est parue en France mais le Colorado votera également demain pour un referendum - http://www.reuters.fr/locales/c_new... ) - qui permettrait d’élire ses grands électeurs à la proportionnelle. Une aubaine pour les tenants d’un abandon de la bi-polarité nationale et un cheval de bataille pour Nader, les verts et les indépendantistes. A suivre donc cette histoire. De toute manière, au regard des tensions actuelles ici et des positions retranchées des deux camps, je pense sans être devin que les conséquences seront longues et diverses pour la société américaine. Cette histoire de proportionnelle peut éventuellement en faire partie. Pour fêter cela, j’ai été faire un peu la fête ce vendredi soir donc avec les étudiants de Birmingham a l’occasion d’Halloween et un rapide sondage me permet de faire sereinement le commentaire suivant : Mesdames les françaises vous êtes bien, et de loin, les plus belles.

                  (A suivre)

                  8.03 à 10h13 - Répondre - Alerter
                  • Après la journée de samedi, nous sommes partis à l’autre bout de l’Etat où se tenait la réunion annuelle du Sierra-Club (http://www.sierraclub.org/). Là-aussi, c’était très bien avec des chevelus, des guitares, un grand feu de bois, plein de gens gentils et souvent retraités et beaucoup de craintes pour le futur et les conséquences de la politique de Bush. Nous avons parlé, parlé, parlé jusqu’à ce que la lune soit bien haute dans un superbe ciel étoilé et ils m’ont posé un très grand nombre de questions sur la France, l’Europe, comment nous avions vécu la guerre en Irak, quelle image nous avons d’eux maintenant.

                    Sans faire de raccourci grossier et faux, je peux seulement dire, de manière générale, que les gens que j’ai rencontré et qui voteront pour Bush ne m’ont jamais posé ce type de questions. Là, j’ai vraiment passé du temps avec des gens sincèrement tristes et inquiets de voir ainsi leur pays donner une telle image. C’était émouvant de parler ainsi de la vie dans un grand parc au fin fond de l’Alabama. Après quelques heures de sommeil (je n’ai pas compté mais je crois que je ne suis pas à beaucoup depuis jeudi), j’ai donc pris la route pour la partie road-trip du séjour puisque j’ai décidé de garder la voiture pour la ramener a Tampa ce lundi matin a 10h00. Et bien, même si j’en ai un peu bavé cette nuit vers 1h avant de m’endormir face à la mer, je ne regrette pas. C’était bien de voir ainsi le pays et cela m’a permis en plus de faire pas mal de bilans sur ces deux semaines, toutes ces nouveautés, tous ces gens et d’arriver l’esprit à peu près clair ici pour les dernières 48h.

                    Décompte final

                    J’ai rejoint le QG des démocrates à 13h à peu près et j’ai passé l’après-midi avec les volontaires qui appellent les longues listes d’électeurs pour bien confirmer leur vote. C’est un cabinet d’avocat qui hébergeait le groupe avec lequel j’étais. Ils ont prêté depuis 15 jours des bureaux et paient le téléphone pour permettre de réunir le maximum de vote. Dimanche par exemple, les volontaires ont passé plus de 2000 appels. Il n’y a pas encore les statistiques exactes de retour et les résultats obtenus mais, a priori, cela permet de confirmer les votes, de faire venir des gens qui ne se seraient peut-être pas déplacés sinon ou d’organiser des ramassages pour aller voter. Là encore, les gens qui font cela sont vraiment des personnages. Je suis arrivé là-bas avec Julia que m’a presenté Brandan mon pote d’Oxfam (celui de l’entente cordiale en banlieue) qui, depuis le WE dernier, est devenu coordinateur des volontaires qui appellent par téléphone. Du coup, il se trimballe avec des listes vraiment imposantes de papiers : à droite les gens à appeler, à gauche le listing des volontaires avec les chefs d’équipes, les argumentaires pour les appels, les fiches bilans, etc. C’est toujours aussi bien organisé et durant cette après-midi ils étaient 7 dans une pièce sans fenêtre.

                    Julia donc, étudiante, qui est arrivée de Caroline du Nord ce WE et qui reste jusqu’a mercredi comme Bill, historien retraité qui a laissé sa femme malade à des amis pour venir assurer "l’avenir de ses petits-enfants". Marie vient de Californie et habite à Tampa depuis 6 semaines. Elle rigole tout le temps et est surtout fascinée par l’énergie qui se dégage du travail des volontaires. Il y a Yung là aussi, arrivée de New-York la veille, etc. Et cela n’arrête pas : les appels, les feuilles, les encouragements des uns aux autres, etc. Plus au sud de Kennedy avenue, dans le QG c’est également l’effervescence et, en une semaine, les panneaux, fiches pratiques et listing ont envahi les murs. J’ai retrouvé aujourd’hui les gens rencontrés la semaine dernière, c’était agréable de se revoir ainsi. Je me suis fait tout petit dans un coin car la tension est palpable : tout le monde est très fatigué, il ont 150 000 choses à gérer bien entendu au dernier moment et puis je suis bien là à observer tout ça et à prendre des photos (spéciale dédicace a Confluences ...).

                    En traversant la rue pour venir écrire ce mail, je n’ai pu m’empêcher de rigoler en voyant les militants de Kerry aux quatre coins d’une avenue avec drapeaux et pancartes s’agiter et crier dès que le feu passe au vert. Les gens en voiture répondent et c’est un concert de klaxons avec des poings et des bras qui se lèvent des portières. Il est 21h maintenant et je vais retourner au QG démocrates avant d’aller dormir un peu.

                    Dernier mail avant le vote

                    Normalement si tout se passe bien, je devrais suivre demain le groupe chargé de voir si les homosexuels disposent bien de leurs droits pour aller voter et j’en profiterai pour faire quelques arrêts dans différents bureaux. Demain soir, il y a une soirée pour regarder ensemble les programmes TV avec les volontaires démocrates. Le sentiment, dans la rue et parmi les militants, est partagé sur les risques de voir se reproduire les images de 2000. Des bataillons d’avocats sont prêts, Moore a indiqué qu’il allait envoyer 1200 personnes avec des caméras pour filmer les bureaux de votes dans l’Ohio et en Floride, les deux candidats viennent de battre le record de Miles cadeaux chez United en 2 jours et, et, et ... Il s’agissait donc du dernier mail avant le vote et je sens la pression monter tout doucement.

                    Chacun est vraiment "sur le pont" ici et je crois qu’il s’agira d’heures intenses à venir. Merci à vous pour vos mails et vos encouragements. Mes excuses encore de ne pas prendre le temps de répondre personnellement à chaque fois mais je crois qu’il faut vraiment passer le maximum d’heures dehors. Nous aurons le temps de parler après. Quel que soit le vote et le résultat avec ses conséquences pour les américains, l’Europe, le monde en général, etc. je peux seulement vous dire que l’énergie déployée par les gens qui veulent mettre Bush dehors est belle et incroyablement dense. Ils sont les premiers à être victimes de cette administration et je peux seulement vous dire que c’est triste de voir des gens inquiets pour leur démocratie. Bonne journée, bon vote et à bientôt pour de nouvelles aventures.
                    (A suivre)

                    22.03 à 09h07 - Répondre - Alerter
                    • Le 3 novembre 2004.

                      Bonjour à tous,

                      Quel suspense, isn’t it ? La nuit a été longue et la journée risque de l’être tout autant...
                      J`imagine que beaucoup d’entre vous regardent la TV, écoutent la radio ou surfent sur le net pour glaner des infos. Malheureusement, on ne peut qu’attendre le décompte dans l’Ohio, l’Etat clé de cette année, pour savoir ce qu’il en est.

                      Le NY Times de ce matin donne quelques chiffres, entretenant le doute pour savoir si Kerry peut ou non remporter les grands électeurs de cet état : À 2h du matin, Bush totalisait 2 585 059 voix, contre 2 564 047 pour Kerry. Mais, selon la directrice de campagne de Kerry, 250 000 restaient à être comptées... Cette déclaration anodine va dans le sens de la déclaration de John Edwards, prétendant a la vice-présidence pour Kerry, vers 1h30 du matin (je parle en heure de NY, rajoutez 6 heures pour l`heure française) : « John Kerry et moi avons fait la promesse au peuple Américain que pour cette élection, chaque vote compterait et chaque voix sera comptée... »

                      En attendant les résultats, je vais tout de même vous raconter cette journée du 2 novembre telle que je l`ai vécue.

                      Mon but était de voir comment se déroule l’élection. Je suis donc allé à Brooklyn (un bastion démocrate) retrouver Howard, un vieil ami de ma famille pour l’accompagner dans son bureau de vote, à la Brooklyn School 29, dans Henry Street. Première vision en entrant : des mamans qui en profitent pour vendre des gâteaux au profit de leur association de parents d’élèves (business is business). En entrant dans la pièce principale, on découvre des machines qui ressemblent un peu à des machines à sous, en moins clinquant et en plus vieux. Je me fais alors expliquer comment tout cela marche : il faut d`abord pousser une manette vers la droite pour se faire enregistrer comme nouveau votant.

                      Puis il faut cocher des cases devant l’énorme tableau qui se trouve devant soi à l’aide de petits boutons que l`on abaisse. Il faut savoir que ces élections n’étaient pas que présidentielles. Il y avait également une élection partielle du Sénat et de la Chambre des Représentants (les républicains y sont majoritaires), ainsi que des élections locales. Les électeurs pouvaient également se prononcer sur qui ils choisiraient comme juge a la Cour Suprême. Ces juges sont au nombre de 11, nommés à vie par le Président des Etats-Unis. Ce sont ces mêmes juges qui décident en dernier ressort de problèmes de société portés devant les tribunaux. À titre d`exemple, ce sont eux qui ont rétablis la peine de mort en 1976 ou qui ont légalisé le droit a l’avortement. Or dans les 4 années à venir, au mois 1 juge, voir peut-être 4, vont êtres renouvelés. Les orientations de cette Cour ne seront évidemment pas les mêmes selon qui est Président, notamment sur les questions considérées comme morales : avortement, mariage gay etc....Pour finir, enfin, les électeurs choisissent également des juges à l`échelle locale. Bref, des élections dans tous les sens...

                      Ce qui était surtout intéressant, c’était de discuter avec Howard, prof d’éco à l’Université Publique de NY, très engagé pour les démocrates et remonté à bloc. En arrivant il me montre une liste de gens qu’il devait appeler dans l`Ohio pour les convaincre d`aller voter, de préférence pour Kerry...Cette liste lui a été fournie par l’association Party for America. Il suffit de les contacter, de leur dire que l’on souhaite aider et hop, on se retrouve avec une liste de 15 noms et des recommandations de marketing téléphonique :

                      -  parlez à votre interlocuteur avec votre propre voix. Faites comme si vous parliez a votre voisin.
                      -  Soyez aimable et poli, même si votre interlocuteur ne l`est pas
                      -  Téléphoner est plus facile et plus drôle lorsque l`on est plusieurs
                      -  Nous ne vous rembourserons pas pour les coûts de ces appels
                      -  Ne dites pas que vous appelez d`un autre Etat (NY), sauf si on vous le demande. Dans ce cas faites-leur savoir à quel point il est important que les gens aillent voter dans un Etat comme l`Ohio

                      Cette organisation en réseau a notamment été facilitée par les nouvelles technologies, permettant aux volontaires de s’organiser à une échelle nationale sans avoir besoin de se rencontrer...

                      Compte à rebours

                      L’énumeration de ce qu’Howard reproche a l’administration Bush serait trop longue, mais pour faire simple, il y a l`énorme déficit public creusé depuis 4 ans et le problème de la démocratie : pour la présidentielle, donc pour une élection fédérale, les règles se décident au niveau non seulement des Etats, mais aussi parfois au niveau des counties (de grandes régions). Il n’y a aucune uniformité. Exemple le plus absurde, dans l’Ohio et seulement dans l’Ohio, les volontaires démocrates et républicains peuvent se substituer à la police ou aux inspecteurs électoraux pour demander aux électeurs une preuve qu’ils ont bien le droit de voter ! Pour Howard, cela est anti-démocratique (sans compter les mesures liberticides du Patriot Act prises par Bush). Il a eu cette phrase terrible : « Avec tous les problèmes que l`on rencontre ici, comment faire croire au monde, notamment en Irak, que l’on peut exporter notre soi-disant modèle ? » Nous continuons notre discussion au soleil sur le banc du Starbucks café au soleil en alternant plaisanteries et sujets sérieux. Dans le fond on est comme tout le monde : nerveux dans l’attente de la soirée et des résultats...

                      Toujours a Brooklyn, je papote avec un vendeur de hot-dogs d`origine grecque naturalisé américain il y a quelques années déjà. Est-ce que vous allez voter ? « Non, je travaille 14 heures par jour et je n`ai pas le temps (précisions ici que les bureaux de vote sont ouverts a NYC de 6h du matin a 21h) et puis je sais que les candidates ne se présentent que pour se mettre de l`argent plein les poches. » Ça a le mérite d`être clair et ça me rappelle étrangement les paroles de certains Français avant les élections de 2002... Avec le résultat que l`on connaît...

                      Autre personnage croisé a Brooklyn, le Pasteur Hank. Lorsque je l’ai vu, avec sa barbe a la Lincoln et sa cravate aux couleurs du drapeau américain, j`étais persuadé de tomber sur un républicain. Pas du tout en fait : « je suis un libéral (au sens américain du terme) et pour moi ce n`est pas une insulte, loin de là. » Précisons que le terme libéral équivaut en France à dire à quelqu’un “sale coco”... Le Pasteur Hank est une personnalité : ancien drogué, ancien prisonnier, ancien alcoolique, divorcé 2 fois, marié 3 fois, père de 3 enfants. Il a trouvé sa rédemption dans la foi. Il n`est pas favorable à l`avortement, mais préfère laisser les femmes enceintes seules juges de leurs décisions. Par contre si elles le souhaitent, son église les soutient financièrement pour mener leur grossesse à terme et trouver des parents adoptifs a leurs enfants... Phrase de fin de conversation : « fuck Bush. » Good man...

                      (A suivre...)

                      5.04 à 10h36 - Répondre - Alerter
                      • Vient l’heure de la soirée électorale. Je me rends à l’hôtel Hyatt où se retrouvent les démocrates de NY. Ambiance tendue et légère a la fois. Légère car John Schumer est réélu sénateur de l`Etat de NY aux cotes d’Hillary Clinton. Cette dernière est d’ailleurs venu le féliciter publiquement. C’était la folie : tout le monde l’a acclamé avec une ferveur incroyable. Standing ovation, mais discours un peu chiant de félicitation a Schumer et d’encouragement à Kerry. Thierry, un Français implante à NY, m’explique que lorsqu`elle a été élue, il y a 4 ans, l’ambiance avait été du feu de dieu ! "NY loves Hillary. She’s an amazing woman".

                        Tout le monde écoute les discours des différents représentants new-yorkais en gardant les yeux rivés sur les deux grands écrans, CNN en direct. Il est 22h et on sait maintenant que le pouvoir législatif est républicain. Les résultats Etat par Etat tombent régulièrement, rythmés par les ovations ou les sifflements de la foule. Très vite il devient clair que l’Etat clé, c’est l’Ohio. Et là, on se fait virer de l’hôtel !! Closing time.

                        Il est minuit. Direction un bar dans le West Side ou les démocrates sont censés se retrouver. C’est horrible : les gens présents sont tellement contents de l’élection de leur sénateur qu`ils ne fêtent que cela sans prêter plus d`attention au scénario qui se profile dans le comptage de voix en Ohio. On décide de partir et de trouver un endroit avec des gens plus motivés. Il est 00h30. Direction Union Square, lieu de rassemblement connu des manifs. Personne. Direction Wahington Square. Personne. Personne dans les rues. Tout le monde doit être chez soit devant la tv... On finit par trouver un bar ouvert à 1h30 et qui en plus continue de diffuser la soirée électorale. À 3h on réalise, un peu déçu, que l`on ne connaîtra pas encore le nom du 44e Président américain. On rentre et on continue de regarder la TV jusqu’à 4h. Rien rien rien. C’est très énervant. On voit le jeu juridique se mettre en place. Réveil a 7h30. Le jeu juridique est en place : les démocrates ne laisseront rien passer cette année. Les journaux donnent Bush gagnant, en précisant que Kerry ne renonce pas. Tout le monde attend une déclaration de l’un des deux candidats. En toile de fond, tout le monde se demande si on connaîtra le nom du Président dans la journée...

                        Au moment où j`écris ces dernières lignes, il est 11h40, la sentence vient de tomber : les républicains remportent l’Ohio et Bush est officiellement réélu (à 51% des voix contre 48 pour Kerry). Et c’est reparti pour 4 ans de plus avec une nation américaine polarisée à l’extrême...

                        Prochain courrier avec des réactions à chaud. Je file au QG démocrate en espérant ne pas trouver trop de gens en larme. Et je ne plaisante pas, compte tenu de leur investissement pour contrer l’homme qu’ils détestent par-dessus tout !

                        16h24 mercredi 3 novembre, Tampa. Floride

                        Bonjour/ Bonne nuit tout le monde. Bon, ben voila. Pas besoin d’épiloguer sur les résultats, les décomptes, les recomptes, l’Ohio et les réactions, je pense que vos revues de presse respectives vous ont permis de bien suivre les événements. De mon côté, il s’agit du dernier mail depuis les Etats-Unis. Je rentre demain a 12h30 sur NYC d’où je reprends l’avion dimanche. Je sais déjà que c’est le dernier mail car je pense être plutôt d’une humeur ronchonne dans les jours à venir et je ne suis pas certain 1. que vous subissiez cela, 2. que cela serve à grand chose de râler dans tous les sens. Oui, clairement, aujourd’hui c’est la révolte et les larmes pour tout le monde.

                        Pan sur la tête

                        Attention, par tout le monde entendez les volontaires et activistes du QG démocrate de Tampa donc forcément... Mais en même temps et bien que je manie maintenant la Bud comme un Red-neck, je n’avais pas trop envie de célébrer tout cela avec les républicains. Déontologiquement c’est, je pense, ce que j’aurais dû faire. Prendre le pouls des deux partis sans juger, rapporter sans commenter et garder une belle naturalité suédoise. Humainement, ce n’était pas possible. Cette question est intéressante d’ailleurs car, à la lecture de vos mails (merci encore à toutes et tous pour vos réponses) je me rends bien compte que les enjeux de la nuit passée dépassent les limites de l’Ohio. Aussi, plutôt que de vous retranscrire comme j’ai pu le faire jusque là mes journées ici, je voudrais vous livrer un certain nombre de réflexions suite à cette gueule de bois. Pour info quand même, j’ai passé la journée d’hier dans un énorme centre d’appel démocrates pour pousser les gens à voter avant de rester 4 h sous un cagnard de chez Pavalas un 15 août devant un bureau de vote (une loge maçonnique ...) puis de traverser Tampa avec Caroline, une volontaire démocrate, dans sa vieille caisse excellente et décapotable (un bonheur ici) pour rejoindre un autre bureau dans la banlieue nord.

                        (A suivre...)

                        19.04 à 18h00 - Répondre - Alerter
                        • (...) Là, il y a avait plein de gens, plein d’enfants, plein de bruits, plein d’espoir et un bon vieux républicain en fin de soirée avec qui j’ai discuté très longuement en attendant que Caroline finisse les décomptes. Elle m’a laisse devant un taxi pour rejoindre des potes à elle qui regardaient ensemble la soirée à la télé et, de mon côté, j’ai rejoint la "party" démocrate au Hilton sur Long Nois Nord. Plein de gens encore, des ballons, des confettis et des boissons à 5 dollars même pour les volontaires. J’ai un peu halluciné là-dessus d’ailleurs en réalisant que des gens qui ont pris sur leur temps, leur famille, leur énergie, etc. pour battre Bush devaient payer ce soir là. Je reprends la chronologie des événements à partir de 21h et mon arrivée à la soirée. Je m’accorde une heure de glandouille accompagnée de pas mal de petits fours et de quelques petits Jack Daniel de fort belle facture. Je retrouve pas mal de volontaires rencontrés durant les deux derniers jours ou le WE précédant.

                          Grosse tension et vrai gros stress perceptible parmi l’assemblée à parité noire et blanche. 22h17 première explosion de joie avec la victoire de Barack Obama aux sénatoriales dans l’Illinois (76 %). J’assiste à cela à côté de Lorie qui commence à pleurer lorsque nous évoquons le résultat présidentiel final. Elle est touchante et très gentille. Elle doit avoir 25 ou 27 ans, je ne sais plus trop, elle fait partie de ces gens qui ont pris une voire deux semaines de vacances pour venir ici en Floride aider. Cela ressemble un peu aux brigades internationales mais à l’américaine. Finalement c’est un peu cela car Lorie et les autres ne viennent pas du même pays que mes rencontres en Alabama. Ils sont différents.

                          Dernier espoir

                          Enormes applaudissements quand la Pennsylvanie tombe pour Kerry a 22h49 et rebelotte pour la Californie quelques minutes après. A cette heure là Bush est à 197 électeurs contre 188 pour Kerry et Bush a fait tomber tous ses états du midwest. Gros enthousiasme donc chez les démocrates car, rumeurs aidant, la Floride devrait passer chez les bleus autour de 52 %. 23h04, douche froide et réalité en pleine face : la Floride tombe bien a 52 % mais pour les répus ... La, à ce moment là, il s’agit de ces instants où, de manière inexpliquée, on sent que quelque chose vient de se casser ; que la musique de fonds berçant les uns et les autres se transforme en tintamarre si soudain que la surprise fige les visages. Les plus rapides pleurent déjà, les autres restent bras ballants ou se prennent le visage dans les mains.

                          L’optimiste de service (statistiquement il est toujours là à ce moment précis) rappelle qu’il s’agit de prévisionnels (à 92 %) et que tout est possible mais les yeux sont trop cernés, les énergies ont été trop dépensées et les chiffres rouges ont trop marqué les esprits pour espérer un nouveau ressort. Je sors dehors fumer une clope allongé dans l’herbe. Pour vous dire comme je suis triste, je ne rigole même pas quand la fille devant moi se fait arroser par le jet automatique qui se déclenche (je l’ai su après par hasard) à 23h15. Je rentre et après la secousse de la Floride, les gens se remobilisent car il reste l’Ohio. Assise a cote de moi, Nan de NYC volontaire pour Moveon et en Floride depuis une semaine n’arrête pas de s’excuser et de me demander de dire a tout le monde que non les américains ne sont pas Bush, que non tout le monde ne veut pas la guerre, que, que, que, ... elle voudrait parler encore et plus mais elle n’arrive plus. Ses yeux remplis de larmes semblent fondre. Ensuite tout s’accélère car à 23h29 Kerry gagne l’Iowa a 52 % mais Bush prend l’Ohio à 52 % à 23h35 (attention, à cette heure, il ne s’agissait encore que de chiffres prévisionnels) et le couperet tombe à minuit 9 avec les résultats définitifs de la Floride pour Bush. Sur CNN les analystes se succèdent et, derrière eux, les images des supporters républicains qui hurlent de joie paraissent surréalistes. A minuit 32 Bush mène par 246 grands électeurs contre 188 pour Kerry. Nan abandonne et part se coucher en larmes, elle n’en peut plus. Elle vient de passer la semaine à arpenter les banlieues pour pousser les gens à voter. A minuit 59, je pète un plomb en voyant que l’Alaska vote pour Bush à 62 % et je me réconforte grâce au partenariat étroit crée pour la soirée entre moi-même et Jack, le représentant du Kentucky. Petite consolation tardive vers 1h25 : Chesney l’a eu dans l’os avec son aller-retour a Hawaii car l’Etat reste démocrate à 55 %.

                          2.05 à 22h11 - Répondre - Alerter
                          • Je retrouve Brandan devant la télé où nous sommes une petite vingtaine maintenant. La salle est vide, les lumières sont rallumées et les serveurs empilent les chaises. Il a les plus belles cernes que j’ai jamais eu l’occasion de voir et on se dit bonjour au son d’un "c’est un désastre" qui rythme l’histoire de nos beaux pays et qui nous fait beaucoup rire. On migre ensuite vers un plus petit salon où quelqu’un amène des bières. Nous sommes une vingtaine a peu près. Etrange moment où ces gens qui ont bossé ensemble pendant si longtemps et de manière si intense prennent un peu de temps pour se connaître maintenant.

                            Les nerfs se lâchent et chacun part un peu dans tous les sens. J’alterne entre le bord de la piscine et CNN devant les fauteuils ou dorment déjà un ou deux volontaires. A 2h34 Bush est à 249 électeurs et Kerry à 242. 10 minutes plus tard, on se fait virer par le gardien de nuit qui, visiblement, a voté répu et qui apprécie donc moyennement de voir le salon gold transformé en simili QG de campagne. Direction une piaule louée par je sais pas qui au 3eme où nous nous retrouvons à une dizaine. A 3h37 on rebouge vers la suite 1112, la demi suite rappelle Tom. Grande pièce, meuble en chêne rococo and co qui accueille une grosse télé et une petite terrasse à clope. Deux s’affalent sur un canapé. Cela commence a être dur de tenir pour tout le monde. 3h44 le Nouveau Mexique tombe pour Bush a 51 % j’entends "Ohhhhh Shitttt" dans mon dos et vois Brandan la tête dans ses mains devant l’écran. A 4h24 un groupe de 4 quitte la pièce et rien de nouveau : l’Ohio reste toujours à Bush dans les prévisions. Je suis assez surpris en me réveillant car je me rappelle plus m’être endormi. Je me souviens juste d’un " je ferme les yeux quelques secondes ..." et boom il est 8h26.

                            CNN tourne, Bush est à 254 et Kerry 252 mais il ne peut plus revenir ... Je me lève alors que Bill dort par terre, un autre est sur le sofa et une fille qui devait prendre l’avion a 6 heure dort la tête posée sur la table. Je regarde la scène une dernière fois avant de rejoindre le hall agressé à la fois par la lumière, la musique d’ascenseur, le sourire colgate des réceptionnistes, le froid de la clim et les mêmes images sur CNN. J’embarque un café et USA today que je ne lis pas. Le taxi est éthiopien et on commence à parler mais non, je n’ai pas envie. Le ciel est bleu, il fait beau. J’arrive à l’hôtel avec une énorme envie de pleurer et de ne rien faire. Je n’arrive pas à m’endormir et je fais des rêves étranges où se mêlent les visages et les histoires des gens rencontrés ici. J’ouvre un oeil vers 15h. Le patron de l’hôtel qui est un mec cool et avec qui j’ai pris un kawa le matin m’indique que Kerry a appelé Bush.

                            C’est fini. Je quitte la réception et tourne à gauche pour rejoindre la piaule 106. Une petite consolation : je vais enfin pouvoir laver mes fringues, il y a une laverie. J’aimerais à ce moment la vraiment mais vraiment pouvoir me dire "ah cool, une laverie. Alors une laverie c’est super intéressant car on peut laver bien entendu mais surtout il y a des tuyaux et alors les tuyaux c’est formidable parce que etc." mais non. Il fait très chaud encore et, en signe de protestation contre la politique énergétique de Bush je me refuse depuis ma première arrivée à Tampa à utiliser la clim. Je me pause sur le lit et allume la télé qui s’illumine sur ... Fox et le discours de Bush. Je reste là, posé, à l’écouter dire encore un nombre de conneries stupéfiant. A un moment la caméra change de plan et, sur le côté de la scène, on voit les supporters sur trois étages. Sur un pan de mur, un énorme W couleur métallique apparaît. J’ai peur en voyant cela car on dirait un décor d’une série des années 70 où le méchant arrive et etc. Je préfère écouter, c’est l’heure des remerciements et j’arrive au moment ou W félicite et remercie tout le monde et "particulièrement Karl Rove, l’architecte de cette victoire et celui qui dirige le parti républicain de si belle manière". Dehors, il fait chaud. Je marche vers downtown pour venir écrire ce mail et prendre mon billet d’avion. J’ai mal a la tête et envie de pleurer. (A suivre)

                            16.05 à 20h32 - Répondre - Alerter
                            • Epilogue

                              Bonjour à tous,

                              Ça y est, nous y sommes, dobeliou est resté a la Maison-Blanche. Le porte-parole du Parti Républicain, Ed Gillespie, vient de tenir sa première conférence de presse et il parade : « on conserve la Maison-Blanche et on consolide notre position au Sénat ». C`est à peine s’il ne regarde pas la camera en faisant « nananananèreuh. »
                              J’avoue que le réveil a été difficile. Étant ici, j’aurais préféré fêter la victoire de Kerry. Mais le peuple a voté. W gagne. C’est le jeu démocratique, aussi difficile à accepter que ce soit.

                              Dans NY, la pilule a du mal à passer. En arpentant les rues, j’ai eu l`impression que tout le monde avait une énorme gueule de bois (ou alors, c’était moi !). La plupart des conversations que j’ai entendues parlaient de cela. Tous les fumeurs (on ne fume plus dans les lieux publics tels que les bars, il n’y a plus de coins fumeur dans les bureaux) y allaient de leurs commentaires.

                              J’ai voulu voir ce qu’il en était au siège new yorkais du parti démocrate. Et bien au 12e étage du 60 Madison Avenue, il régnait un silence de mort. J’y ai croisé deux personnes, la réceptionniste et une stagiaire. En expliquant que j’étais journaliste français et que j’aurais souhaité parler au directeur régional, la réponse a été claire : « laissez-moi vos coordonnées et on verra ce que l’on peut faire. » Ce qui n`est jamais bon signe...

                              J’ai repris ma route a travers NY, voir si je trouverais des manifestations anti ou pro Bush. Donc, comme la veille, direction Union Square, Washington Square, Time Square etc... Rien. Les gens étaient au boulot et rien ne se passerait donc dans la journée.

                              J’ai continué à marcher. Je me suis arrêté à un chariot à hot dogs, sur lequel était collé un autocollant “vétéran”. J’ai donc tenté d’engager la conversation, mais Steven, le propriétaire n’a pas souhaité commenter le résultat des élections. Je lui ai alors demandé comment allait sa vie. Réponse : « il y a 4 ans de cela, j’avais un bureau, une secrétaire et je gagnais beaucoup d’argent. Et aujourd’hui je suis dans ma roulotte à hot dogs. Alors, non, ma vie n`est pas au mieux. Bush ou Kerry, cela n’aurait pas changé grand chose. »
                              Ok, merci Steven.

                              Reprise de la balade. Je croise une femme qui pleure. Je n’ose pas lui demander si c’est à cause des résultats. Je sais que cela peut avoir l’air débile du point de vue français, mais ici les démocrates pleurent vraiment. C’est un vrai coup de bambou. De Grand Central, je file à Greenwich Village, en espérant secrètement trouver des démocrates en train de se réorganiser. Car dans les journaux, si on parle de la défaite de Bush, les journalistes locaux se demandent qui pourrait être le prochain candidat démocrate pour 2008. Un nom revient, celui d’ Hillary Clinton . L’acclamation de la foule lorsqu’elle est arrivée à la soirée démocrate de mardi me laisse penser qu’elle a ses chances... À NY. Car je ne suis pas sûr que dans les campagnes, les gens soient prêts à voter pour elle. Comme me le faisait remarquer Marie, c’est un peu comme si Bertrand Delanoë se présentait aux présidentielles en France. Paris l’a déjà élu, mais la province accepterait-elle d’élire un président homosexuel ?

                              Bon, mais rien à Greenwich. Je rentre quand même dans un bar. On se serait cru dans un film. Peu de lumière, une serveuse très mignonne, soul music des 70’s et des clients dépités. L`un d’eux arrive, dit bonjour en fronçant les sourcils, l’air de montrer sa déception et son dégoût d’un seul coup, et sa commande suit son attitude : « a whisky, please, no ice. » Il s’en va dans un recoin du bar pour boire son verre, sans un mot. Personne n’a vraiment envie de parler. Je repars.

                              Par acquis de conscience, je repasse par Union Square. Ô surprise, une mini-manif anti-guerre, anti-Bush. Coooool. Je commence à parler d’entrée de jeu avec 4 hommes, deux blacks, deux blancs. Les deux premiers parlent égalité, justice sociale, paix dans le monde. Ils ont en face d’eux Eric, un vrai républicain, ancien militaire, ancien des services secrets, chef d’entreprise qui croit au capitalisme comme d’autres croient en Dieu. C’est la rencontre des descendants des Black Panthers et du fils spirituel de Bill Gate. Et Je tombe donc sur ce mec au milieu de la manif contre le candidat pour lequel il a voté. Tous les sujets y sont passent : avortement, armes, emploi, pétrole, impérialisme etc... On en arrive rapidement, d’un commun accord, au fait que pour changer la société US, il faudrait que les gens prennent les armes, mais que pour cela, il faut que l’écart entre riches et pauvres soit plus grand que ce qu’il est. Car, en matière d’armes, on peut dire que les USA sont équipés.

                              Pour Eric, c’est le pragmatisme qui compte. Je vous propose quelques réflexions et phrases brutes de ce républicain réfléchi et plutôt sympa, puisqu’ouvert au dialogue :

                              - « La guerre est dans la nature humaine. Il vaut mieux être les premiers dans ce domaine. »

                              - « Je ne crois vraiment pas que la guerre en Irak soit une affaire de démocratie, mais bel et bien de pétrole. Et, ayant travaillé là-bas, je sais qu`il vaut mieux qu’on y aille parce que les Irakiens sont incapables de le gérer. De toute façon, on aura besoin de ce pétrole, autant aller le prendre à la source. »

                              - « En matière d’environnement, je ne veux pas faire d’effort. Pourquoi est-ce que j’abandonnerais mon style de vie ? Pour que la terre ne disparaisse pas à cause de la pollution ? De toute façon toutes les espèces sont destinées à disparaître un jour ou l’autre, alors autant en profiter. J’ai travaillé dur pour me payer ma Ford Mustang et je ne tiens pas à m’en séparer. Et je souhaite que ce soit pareil pour mon fils. »

                              - « On a besoin des armes. Les Etats-Unis se sont construits grâce aux armes. Quand je suis dans la rue, les policiers peuvent me protéger, mais chez moi ? Si un voleur se pointe, les flics ne seront pas là. Alors j’ai plusieurs armes et je suis prêt à m’en servir. Et puis, j’aime bien aller chasser... »

                              - « J’ai voté pour Bush, parce que ses baisses d’impôts me sont profitables. J’en paie moins aujourd’hui que sous Clinton. Cela m’a permis d’embaucher des gens pour ma société de création de logiciels. Je devrais même pouvoir ouvrir une deuxième société. Si j’étais sûr que les taxes sont réinvesties dans l’éducation, ça ne me poserait pas de problème. Mais je sais que ce n’est pas cas ».

                              (A suivre)

                              31.05 à 09h26 - Répondre - Alerter
                              • A quand un reportage français ou européen sur les Etats-Unis qui ne se limiterait pas à NYC et LA, mais irait voir les autres 90% des Américains, dans les états du middle west par exemple.

                                La France ne se limite pas aux cafés enfumés de Saint Germain où l’on s’abreuve aux paroles de Sarte et aux chansons de Brassens. De même les Etats-Unis ne se limitent pas aux mégalopoles cosmopolites.

                                Respectons la démocratie et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et arrêtons de vouloir donner des leçons aux autres pays. Nous n’aimons pas leur Président, mais leur a-t-on demandé leur avis en élisant le notre ? Nous en sommes-nous in fine mieux sortis qu’eux ?

                                S’il vous plaît, commençons par balayer à notre porte, déjà bien encombrée, avant de chercher à profiter les voisins de notre indiscutable sagesse.

                                1er.06 à 17h41 - Répondre - Alerter
                              • (...) C’est à ce moment que nous avons commencé à parler un peu d’économie. Je lui ai fait remarquer que le déficit des USA était énorme et qu’il faudrait bien le rembourser un jour. Pour Eric, les chiffres ne sont que des chiffres que le gouvernement peut faire bouger selon son bon vouloir. Alors il s’en fout. C’est là que commence notre grand concours “DESARMONS UN REPUBLICAIN.”

                                Comment jouer ? C’est très simple. J’ai expliqué a Eric que l’on devrait pouvoir trouver la preuve d’un déficit énorme aux Etats-Unis. Si je lui en apporte la preuve, il est d’accord pour abandonner l’usage des armes (d’autant plus qu’il vit maintenant dans le New Jersey, où le taux de criminalité est quasi nul, contrairement au Bronx, où il a grandi). Vous pouvez donc tous jouer (je m’adresse en particulier aux économistes et financiers qui lisent ce mail) en m’aidant à prouver à Eric que le déficit américain atteint des sommes abyssales.

                                Alors que le froid et la pluie sont tombés au même moment sur NY, que les magasins commencent à installer les décos de Noël dans leurs vitrines, je vais partir en vadrouille avec Greg, mon magic binôme, qui vient tout juste d’arriver de Tampa. Sa dernière newsletter vous est envoyée a la suite de ce mail.

                                Bon courage a tous et encore merci pour les messages d`encouragement et de soutien a cette modeste “newsletter”.

                                Charles BOBE

                                Le 6 novembre 2004. Charles

                                Bonjour à tous,

                                Désolé pour le retard pris dans la rédaction de cette newsletter, mais pour être tout à fait franc, il y a comme une baisse d’énergie dans l’air depuis la victoire de Bush (j’ai d’ailleurs remarqué que dans le dernier mail, je parlais de la défaite de Bush... Dans la série lapsus révélateur).

                                A la découverte d’Alfred Ross

                                Je vais tout de même vous parler de ma rencontre avec Alfred Ross, fondateur et président de l’insitute for democracy studies. Selon lui, la victoire des républicains aux élections présidentielles, mais aussi dans une large mesure aux sénatoriales US, est un mouvement de fond dont la stratégie est installée sur long terme depuis le milieu des années 70, et plus précisément depuis la création de la Heritage Foundation, un des think tanks neo-conservateurs les plus connus. Ce serait comme un jeu d’échec : placer ses pièces pour prendre le pouvoir.

                                Alfred Ross passe ensuite à 1991, année durant laquelle les 7 principaux courants de la Christian Coalition se sont rencontrés pour la première fois tous ensemble. Ils auraient pour la première fois établi une feuille de route électorale pour savoir où et comment prendre le contrôle.
                                Ce que j’oublie de vous dire, et c’est fondamental, c’est que les Etats-Unis seraient aujourd’hui en train de vivre une variante du fascisme chrétien, avec la rencontre des intérêts des grandes entreprises et des mouvements chrétiens fondamentalistes. Alfred Ross pousse la comparaison aux années 30 en Allemagne avec la montée du nazisme et le soutien des grosses compagnies, puisque c’était là leur intérêt.

                                Tout a basculé le 11-S

                                M. Ross insiste sur le rôle de Pat Robertson, une figure emblématique du fondamentalisme américain. C’est ce même Robertson qui est a la tête de la Christian Coalition. Son idée aurait été de créer un mouvement de la droite fondamentaliste. Pour cela il aurait “construit” une vaste base électorale et trouvé une idéologie qui soit irrationnelle (Alfred Ross compare cela aux croisades ou aux idéologies des juifs et des musulmans fondamentalistes), fondée sur un système de croyance culturellement approprié a l’électorat visé. Le but serait de mettre en place un système de pensée qui évite de remettre en cause ce que disent les leaders et de transformer cela en courant politique. Facile, non ? On s’approche un peu de la théorie de la conspiration, sauf que Ross avance des études assez flippantes.

                                Son analyse est que le 11 septembre 2001 n’a pas été seulement l’effondrement du WTC, mais aussi celui des institutions démocratiques aux Etats-Unis, institutions qui permettent normalement de garder les fondamentalistes hors du jeu politique. La principale de ces institutions à s’être effondrée selon lui serait le quatrième pouvoir, à savoir les grands médias. Il ne peut s’empêcher de croire que ces médias sont devenus des instruments de propagande politique.

                                Son exemple le plus récent concerne les résultats des présidentielles. Ici les médias parlent d’un vote qui colle aux valeurs défendues par Bush. Pour A. Ross, cela masque la réalité, à savoir une énorme campagne contre l’avortement, contre les plus démunis, contre les homosexuels etc....Il parle d’extrêmisme social...

                                Vu de NY c’est difficile à croire. Mais encore une fois, cela colle avec les discussions qu’a pu avoir Greg dans le Sud avec des fondamentalistes.

                                Le principal problème, c’est que politiquement, les républicains dominent le pouvoir exécutif, le législatif et bientôt le judiciaire. Car la question qui fait peur aux démocrates ici, c’est la nomination des juges à la Cour Suprême. Au moins un des 11 juges (peut-être deux ou trois) sera remplacé par Bush. Le président nomme ces juges (à vie) et c’est accepté ou non par le Sénat. Et qu’a déclaré Bush ? Tout simplement que son modèle, en tant que juge, était Clarence Thomas. Ce dernier est connu pour être un antagonisme à lui tout seul :

                                -  Il est black et républicain, ce qui selon les blacks démocrates est une hérésie

                                -  Lors de ces études, il a profité de l’initiative dite “Affirmative Action”, un programme pour que les minorités ethniques accèdent a l’éducation, et dans certains cas au marché du travail, en contournant la discrimination. Une fois dans l’équipe de Bush Père, puis après que ce dernier l’a nommé a la Cour Suprême, le juge Thomas s’est déclaré contre l’Affirmative Action

                                -  Lorsqu’il a été nommé a la Cour Suprême, un de ces supporters a été un Sénateur du Sud connu pour ses idées ségrégationnistes...

                                -  Il précise à qui le demande qu’il ne s’est jamais déclaré officiellement contre l’avortement. Dans ce genre de phrase, c’est toujours le mot “officiellement ” qui me fait doucement rire...

                                En fait, ce Clarence Thomas me fait beaucoup pense aux blacks, aux Maghrébins et aux juifs que on peut croiser au Front National... Une espèce de cheval de Troie politique pour ratisser large dans l’électorat.

                                Puisque la religion est si importante dans ce pays, Greg a décidé qu’il voulait rencontrer les représentants de l’Opus Dei a NY. Va pour l’Opus Dei, baby. Rdv est pris Vendredi à 16h, dans les locaux de la 34e rue. Nous rencontrons Brian, le directeur de la communication, un homme charmant, ancien journaliste. Quelle horreur ! On s`attend à tomber sur un fanatique et l’on tombe sur ce mec très propret dans un salon cosy qui ressemble a une sale de Gentlemen’s Club de Londres...

                                On apprendra que l’Opus Dei est présent dans 60 pays, compte 85 000 membres (chiffres non vérifiés donnés par Brian). Deux phrases sont revenues une quinzaine de fois, parce qu’on a bien sur tenter de le titiller sur la réélection de Bush et ses positions religieuses :

                                1) « L’Opus Dei n’a pas de position sur la réélection de Monsieur Bush et ne se prononce pas sur les questions politiques. » Même pas sur l’avortement ? Même pas sur l’avortement !

                                2) « L’Opus Dei est une institution qui propose de rapprocher les gens de Dieu dans leur quotidien, à la fois dans leur vie professionnelle et personnelle. »
                                On n’aura pas le moindre commentaire bien réac’ que l’on aurait souhaité, pas d’énervement visible. Leur stratégie de communication est discrète, mais marche bien. D’après notre interlocuteur, de plus en plus de gens se connectent sur leur site (opusdei.org), ce qui est impossible à vérifier dans l’immédiat.

                                Un commentaire sur les ressources financières de l’Opus Dei ? Non, non plus, Brian reste très évasif. Chaque groupe membre de l’Opus Dei gère ses ressources lui-même. Là où cela devient inquiétant, c’est que parmi ces communautés, il y a des écoles et des hôpitaux...

                                Pour terminer la journée je parle avec Josh, du New Jersey, un jeune démocrate convaincu qui travaille dans un cabinet d’avocat. Quelle est la suite du programme chez les démocrates ? Qui pourra émerger comme candidat ? Hillary ? Tendu. En tout cas, selon Josh, le prochain candidat aura intérêt à être du sud ou du Middle West. Pourquoi ? Parce que pour qu’un démocrate remporte cette partie des Etats-Unis, il faut qu’il en soit issu (cf. Clinton, Bush Jr). Et il n’y a pas encore grand monde à se presser aux portillons... De toute façon, il nous faudra attendre au moins deux ans avant d’en savoir plus...

                                Le dernier mail que je vous enverrais sera sûrement de Paris, histoire de “débriefer” ce petit trip de 10 jours. En attendant, bon week-end à ceux qui auront ce mail Dimanche et bon début de semaine a tous.

                                Live from New-York,

                                Charles Bobe

                                Quelques liens

                                - Le site d’Indymedia

                                - Le site d’Alternet

                                14.06 à 17h25 - Répondre - Alerter
                        • gfbohgi : YtribBpjeiiwPWxd

                          Tn0XE3 wxqdowonyyzi, [url=http://zbpumsuldyic.com/]zbpumsuldyic[/url], [link=http://sighxcquwybx.com/]sighxcquwybx[/link], http://mxpkjgyrjckx.com/

                          12.10 à 11h41 - Répondre - Alerter
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