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26-06-2014
Mots clés
Environnement
Architecture
Logement
France

Depuis quarante ans, ils construisent la petite maison dans l’autonomie

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Depuis quarante ans, ils construisent la petite maison dans l'autonomie
(Crédit photo : DR)
 
Depuis vingt-trois ans, Patrick Baronnet et sa famille ont choisi une autre vie. Loin de Paris, dans une maison avec éolienne, chauffe-eau solaire et toilettes sèches…
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Je vous préviens, les questions techniques me fatiguent, ce qui m’intéresse, c’est l’homme. » Comme prêt à en découdre, Patrick Baronnet est attablé en cuisine et pose son cadre. Il attend, le regard droit, les premières questions pour les claquer comme des balles de tennis. Il est comme ça. A prendre ou à laisser. Rarement à se laisser guider. Né à Paris dans le XIVe arrondissement il y a soixante-huit ans, l’homme a basculé dans une autre vie vingt-trois ans plus tard, du haut de la tour Eiffel. « J’étais avec Brigitte, ma femme. On s’est dit que le monde était mal parti. Qu’on ne pouvait pas vivre ici. » Pause. « Et puis, on est resté un moment à regarder Paris. On s’est dit que c’était dingue combien une ville sans pétrole devenait vite vulnérable. C’était peu après les événements de 1968 qui avaient raté leur cible. Alors on a décidé d’incarner ce changement que nous voulions pour le monde. »

Diplômé d’éducation physique et sportive, l’homme demande et obtient sa mutation. Ce sera la Loire-Atlantique. Entre Nantes et Châteaubriant. Le petit village de Moisdon-la-Rivière. « En 1850, commence Patrick Baronnet, 20 % des Français vivaient en ville ; aujourd’hui, ils sont 80 %. Nous, on a fait le chemin inverse. C’était il y a quarante ans. » Le couple atterrit quelques semaines plus tard dans une petite maison. En pierres, d’un autre âge. « On a fait l’inventaire de nos besoins essentiels et on a depuis ce jour fixé notre idéal : l’autonomie. » Le changement, comme des paliers de décompression, s’impose par étapes. L’homme salarié de l’Education nationale passe à mi-temps, puis finit par démissionner pour, dit-il, « laisser libre cours à ses rêves ». La famille s’agrandit : quatre enfants pour une incroyable aventure, des moments parfois difficiles où la raillerie de l’entourage devient pesante. « Des étiquettes ? On nous en a collé des dizaines. » « Marginal », « Parisien », « facho », « anar », « décroissant »… Qu’importe. Sec et sur ses appuis, Patrick Baronnet maîtrise les parades.

« Le temps est la clé »

Avec son épouse, centimètre après centimètre, il décide de transformer la bicoque de pierres séculaires. Il s’affranchit d’EDF, envoie balader le service des eaux pour la traiter lui-même, fait du compost la pierre angulaire du domaine… Installe une éolienne, puis une autre, puis un chauffe-eau solaire. Trouve les matériaux à 15 km à la ronde, installe des toilettes sèches, accueille des compagnons spirituels. « Ah, les toilettes sèches… Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu sur ce sujet ?, admet-il, pincé. Les gens me disaient : “ Vous devez perdre du temps à les vider. Et puis les odeurs… ” » Il redresse la nuque et transperce du regard : « Le temps est la clé de tout. Mais oui, les quinze minutes par semaine à vider mes toilettes sèches, je les préfère aux huit heures sur le périph ou dans le métro. J’assume. »

L’homme sait conjuguer les formules. Et convaincre le visiteur venu comme un pèlerin découvrir ce laboratoire vivant. « Nous aurions pu rester en vase clos toute notre vie », prépare d’un sourire Patrick Baronnet. Avant d’interroger : « A quoi peuvent bien servir les projets si on ne les partage pas ? » Le couple ouvre donc ses portes un week-end de juin 1997. Depuis, plus de 50 000 personnes se sont aventuré sur le petit sentier et découvrent l’atypique harmonie d’une famille lovée dans la prairie. La notoriété fond sur elle. En bon VRP de sa petite entreprise, Patrick commence à écumer les plateaux de télé, sort un bouquin, enquille les conférences, fabrique une maison-témoin bioclimatique et répand la nouvelle qui fait le tour de l’« altermonde ». L’écologie politique – « qui aurait bien besoin d’être recyclée » – lui fait les yeux doux. En vain. Toujours ces étiquettes qu’il abhorre.

Potager mandala

L’itinéraire, bien entendu, ne se fait pas sans accrocs. Brigitte, absente ce matin-là, « fait preuve d’une incroyable patience », les enfants « encaissent leur différence ». Mais la famille tient le cap. Au point aujourd’hui d’imaginer à nouveau couper les amarres, pour une autre aventure. « Le secret est d’être convaincu que ce qui nous attend après le changement est plus beau encore », affirme, serein, Patrick, planté sur le nombril de son potager mandala. Avant d’éclater d’un rire généreux : « Si toute cette histoire de quarante ans a été, comme je l’entends souvent, une succession de renoncements, alors oui, je veux bien continuer à renoncer… Le plus longtemps possible. » —
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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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