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4-12-2008

Climat : les solutions passeront-elles par Poznan ?

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Les rounds climatiques s’enchaînent depuis 1997. En 2009 à Copenhague, le gong sonnera la fin des combats : un accord sur l’après-Kyoto devra être trouvé. Avant cela, échauffement à Poznan, du 1er au 12 décembre. Passage en revue des troupes et de leurs nouvelles tactiques.
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Début décembre, sur le ring de Poznan (Pologne), se joue le 14e round des négociations climatiques internationales. Deux semaines durant, 182 délégations, soit près de 10 000 personnes, dégainent leurs arguments. « A Bali, en 2007, nous sommes tombés d’accord sur un calendrier qui fixait un accord pour 2009 à Copenhague. A Poznan, il faut donc jeter les bases de ce texte », confie la secrétaire d’Etat à l’écologie, Nathalie Kosciusko- Morizet. Après la conférences de Bali en 2007, puis celles de Bangkok (Thaïlande), Bonn (Allemagne) et Accra (Ghana), Poznan est plus qu’un tour de chauffe.

« Il s’agit de la dernière fenêtre pour passer en mode de négociations maximum avant Copenhague », s’enthousiasme Matthieu Wemaere, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Ces pourparlers visent à donner une suite au protocole de Kyoto car celui-ci impose des réductions de gaz à effet de serre (GES) jusqu’aux douze coups de minuit du 31 décembre 2012. Mais après cette date, c’est la grande inconnue. « Kyoto ne donne d’obligations qu’à un très petit nombre de pays riches, analyse Brice Lalonde, ambassadeur de la France en charge des négociations sur le réchauffement climatique. Évidemment, ceux qui l’ont signé veulent que les autres pays les rejoignent et s’engagent à baisser leurs émissions. »

Depuis 2007, les pays en développement comptent en effet pour 53 % des émissions mondiales. Il faudra les amener sur le ring des négociations, tout comme il faudra tirer les Etats-Unis par le short pour qu’ils daignent s’engager à combattre le changement climatique dans le cadre de Kyoto II.

Etats-Unis : le nouveau visage de l’outsider

A Poznan, tous les regards vont se braquer sur la délégation américaine, et surtout sur les nouveaux visages de l’équipe du président Obama. « Pour Barack Obama, l’attitude de l’administration Bush sur le changement climatique a sérieusement écorné la réputation du pays et il va vouloir montrer très vite que ça va changer », assure Alden Meyer, directeur de l’organisation écologiste américaine Union of Concerned Scientists (UCS). Le nouveau chef de l’Etat, qui prendra ses fonctions le 20 janvier 2009, s’est engagé à réduire les émissions américaines de 80 % par rapport à 1990 d’ici à 2050.

Ne rêvons pas, les Etats-Unis ne ratifieront pas Kyoto en Pologne. Mais ils s’engageront probablement sur la seconde période, celle de l’après-2012. Ce qui flanquerait au passage un uppercut aux pays émergents qui s’appuient sur l’attentisme yankee pour ne rien faire.

Europe : la fatigue du challenger

Malgré 27 entraîneurs derrière elle, la délégation européenne a eu tendance à mollir ces derniers temps sur le ring international. Elle reste toutefois la plus vigoureuse dans ses propositions. Coach en chef de l’Union européenne, Jean-Louis Borloo, le ministre français de l’Ecologie, s’engage dans les négociations polonaises à « réduire de 30 % ses émissions pour l’après-2012 » à condition que les autres pays enfilent les gants, émergents compris. « La France désespère de trouver des choses visibles concernant le climat pendant sa présidence de l’Union. Poznan est l’occasion d’en sortir grandie », assure Matthieu Wemaere, de l’Iddri. Pure incantation politique ou objectif réaliste, les 30 % affichés feront-ils le poids sur la balance face aux déchirements européens ? « L’Europe se montrait bien plus ambitieuse à 15 qu’à 27 », déplore un membre de la délégation française.

Responsable de « seulement » 13 % des émissions mondiales, l’Europe des 27 cache des situations et des stratégies très différentes. Parmi les historiques, l’Espagne et l’Italie laissent leurs émissions atteindre des sommets. Pendant ce temps, c’est la bronca chez les onze derniers membres ayant intégré l’Union. Certains, comme la Lituanie, ferment des centrales nucléaires, alors que d’autres, comme la Pologne, ne font rien face à leur palanquée de mines de charbon. Pour ne pas sortir KO de sa présidence de l’UE, la France va devoir sonner la fin de la récré et remettre bon ordre.

Pays industrialisés : l’entêtement des poids lourds

Les pays industrialisés engagés dans Kyoto (Union européenne, Japon, Australie, Canada notamment) estiment qu’ils ne doivent pas être les seuls à mouiller le maillot. L’accord post-2012 doit, selon eux, être « global » (en anglais « comprehensive »). En clair : tout le monde doit faire un effort. Les Etats-Unis, bien entendu, mais aussi les pays émergents et les pays en développement. La crise financière a cependant porté un coup sévère à l’enthousiasme général. Tant pis pour l’urgence du changement climatique.

Avec la crise financière, on a vu une nette remontée principe, la Chine – premier émetteur mondial – devrait fournir davantage d’efforts climatiques que l’Inde dont les émissions par tête restent très faibles. Et Singapour, qui affiche l’un des revenus par habitant les plus élevés de la planète, ne boxerait plus dans la même catégorie que le Burkina Faso. Bien que logique, ce dispositif hérisse les géants comme la Chine, l’Inde ou le Brésil mais aussi les mi-lourds, comme l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud ou le Qatar. Entre pas de côté et pas de géant, personne ne devrait sortir KO des négociations polonaises. Mais il faudra qu’aucun boxeur ne jette l’éponge. —

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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

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