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Ces femmes qui luttent contre le cancer de notre civilisation

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Ces femmes qui luttent contre le cancer de notre civilisation
(Photo (en haut) : Marie-Monique Robin. Crédit : AFP)
 
Marie-Monique Robin, Emmanuelle Schick-Garcia, Coline Serreau : trois femmes et trois films qui dénoncent les méfaits des pesticides et de l'industrie chimique sur notre quotidien.
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Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles « en ont » et qu’elles dépotent, ces nanas. Elles ne sont pas les seules à être douées d’un tel cran, mais leurs documentaires dénoncent le même problème : les méfaits causés par un système agro-alimentaire dont les ficelles sont tirées par l’industrie chimique et pharmaceutique. Plongeons avec elles dans ces monstrueux rouages de notre civilisation. Interviews exclusives pour Ecolo-Info.

Marie-Monique Robin scrute avec rigueur et précision notre poison quotidien

Dans son dernier documentaire, « Notre Poison Quotidien », son approche est encore une fois ultra-rigoureuse. Un vrai travail de thèse, où chaque document cité a été soigneusement archivé, au cas où.

« Quand on touche à des sujets aussi sensibles, avec de gros enjeux économiques, il faut être vigilant », me confie-t-elle, « et là dessus j’ai de la chance : ARTE et les éditions La Découverte sont très exigeants. Le travail sérieux et sourcé est le meilleur rempart contre les attaques des lobbies. »

Autant le signaler tout de suite d’ailleurs : son livre à paraître le 23 mars 2011 est encore plus impressionnant que le film (diffusé sur ARTE mardi 15 mars prochain). Les détails fournis permettent de saisir minutieusement tous les vices du système, toutes ses failles et incohérences. Preuves, notes et noms des interlocuteurs et responsables à l’appui.

Pour effectuer ses recherches, Marie-Monique Robin a épluché plus d’une centaine d’études scientifiques, elle s’est entretenue avec des interlocuteurs clefs dans 11 pays différents. En deux ans, elle a rencontré 17 représentants des agences de réglementation et une trentaine de scientifiques. Seuls les représentants de la chimie ont refusé de répondre :

« Tant pis pour eux ! Je voulais simplement les interroger sur la façon dont ils participent au processus de réglementation mais entre Londres, les Etats-Unis, Bruxelles, Paris… ils se sont tous concertés pour ne pas me recevoir : j’ai la preuve car l’un d’entre eux m’a répondu en oubliant d’effacer au préalable leurs échanges… »

A-t-elle été surprise par les résultats de ses recherches ? Oui et non. Tout dépend de l’angle choisi : l’histoire de la révolution industrielle suit celle de l’idéologie du progrès, vu comme une clef du bonheur universel. Cela permet de relativiser :

« Dès le début on sait que ce progrès a un coût sanitaire, environnemental ou social. C’est inouï de voir le tribu payé par les ouvriers au début du XXième siècle… C’est absolument incroyable. Tout cela s’inscrit dans la société du risque telle qu’Ulrich Beck a su la décrire. Le manque de transparence et le verrouillage du système sont faits pour protéger les industriels, non les consommateurs. »

Et sont-ils gênés, ceux qu’elle a rencontrés ? « Non, quand on les pousse dans leurs retranchements avec leur propres documents, ils savent que ce qu’ils font est indéfendable. »

Reste-elle confiance pour l’avenir ? Oui, elle ne ferait pas ce qu’elle fait sinon et garde l’espoir d’un sursaut pour réussir à changer les choses. « Il y a une prise de conscience, et j’espère que nous allons avancer plus vite maintenant »… Sachant que les solutions sont politiques, naturellement.

Emmanuelle Schick-Garcia, réalisatrice militante, dénonce un cercle vicieux

Dans un autre genre, la réalisatrice du film « The Idiot Cycle » (en référence à l’expression anglo-saxonne « The cycle of life »), Emmanuelle Schick, décrit elle aussi la logique infernale instaurée par les plus grandes compagnies chimiques du monde (Dow Chemical, BASF, Bayer, Dupont, Astrazeneca, Monsanto). Pour elle, ces compagnies fabriquent et diffusent des substances cancérigènes, mais elles développent, produisent et financent aussi les traitements pour le cancer, « la maladie la plus lucrative de la planète ».

Cette franco-canadienne a décidé de produire un tel documentaire il y a quatre ans, lorsque sa mère, que l’on voit au début du film, a subi une ablation du sein. Elle avait alors 49 ans, et aucun cancer n’avait été constaté dans sa famille auparavant. A la même époque, d’autres de ses proches sont touchés.

Pour la jeune réalisatrice, dont l’approche est plus cinématographique et militante que journalistique, il y a toute une culture à revoir :

« Comment expliquer que certaines universités comme la Saskatchevan University, au Canada, laissent place aux compagnies sur les campus ? Cargill, Monsanto, Bayer n’hésitent pas à distribuer des bourses aux étudiants en agriculture, afin de financer leurs recherches. »

De quoi insuffler très tôt aux plus jeunes des idées bien ancrées sur la façon dont les OGM peuvent résoudre le problème de la faim dans le monde, par exemple (sujet du prochain documentaire de Marie-Monique Robin, NDRL)

Les choses sont simples pourtant :

« Les gouvernements protègent les compagnies et non les contribuables. Notre monde marche sur la tête. Avec ce documentaire, il ne s’agit pas pour moi de changer le monde : il faut simplement être conscient que personne ne nous protège et qu’il faut prendre sa vie en main. »

Cela fait donc plusieurs années qu’Emmanuelle Schick a supprimé chez elle wifi, télé, voiture, machine à laver, sèche linge, qu’elle ne s’alimente qu’en bio et qu’elle ne prend que quelques produits d’entretiens écolos. Avec sa sœur, elles ont passé deux ans à modifier les habitudes de leurs parents, afin de les aider à se protéger de leur environnement. « Ce qui est extrême, me confie-t-elle, c’est notre je-m’en-foutisme. Lorsque l’on ne prend pas conscience des gens qu’on aime. »

Pour Coline Serreau, il ne faut jamais baisser la garde

Voilà une approche qui est également chère à Coline Serreau. L’an dernier, son documentaire « Solutions locales pour un désordre global » a suscité un grand enthousiasme. La réalisatrice a toujours vécu dans des milieux écologistes et féministes. Pour elle, « la chimie a déjà bien été dénoncée, on sait maintenant quels en sont les méfaits, si on veut bien se donner la peine de savoir que la nourriture, telle qu’elle est là, est mortifère. Il faut maintenant passer au stade d’après. »

Ce stade d’après, c’est le boycott. Nous devons nous appuyer sur des « intellectuels intelligents », sur ceux qui ont « une culture, des compétences et des pratiques ». Ce qui la choque le plus dans notre système actuel ? La spoliation systématique :

« Notre système est fondé sur la spoliation systématique, il faut donc le démolir. Tout est devenu spoliation, à commencer par la sécurité sociale, qui était une avancée sociale et qui maintenant est devenue une spoliation. La sécu engraisse de plus en plus les laboratoires, on le voit bien aujourd’hui, elle ne sert plus à soigner les gens. Tout est calculé pour être en mesure de spolier de plus en plus l’argent public. C’est comme les subventions pour l’agriculture ! »

Et le rôle des femmes dans tout cela ? Il est indispensable. «  Le système patriarcal, qui est en lui-même une spoliation, devient violent quand il sent que les femmes prennent le pouvoir. Or les femmes ne sont pas assez conscientes de la façon dont elles tiennent la société, dans la maison, dans l’éducation, dans les entreprises, qui connaissent le boulot. Si demain les femmes arrêtent de bosser en France, on verrait la différence. D’autant qu’elles font plein de choses qui ne sont pas reconnues ni même nommées… Arrêtons donc les compromissions ! »

Message reçu et bien entendu. A diffuser sans modération.

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Sources de cet article

- Le site du documentaire Notre Poison Quotidien, à consulter sans modération, notamment les 4 extraits vidéos. Diffusion le 15 mars sur ARTE
- Le blog de Marie Monique Robin, sur ARTE
- Le site du documentaire The Idiot Cycle (Emmanuelle Schick cherche actuellement une chaîne TV pour le diffuser en France)
- Le site du film Solutions Locales pour un Désordre Global

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