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Avec ses bio-pesticides, Monsanto décrochera-t-il un label bio ?

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Avec ses bio-pesticides, Monsanto décrochera-t-il un label bio ?
(Crédit photo : Gernot A. Molitor - flickr)
 
Monsanto se lance dans le bio. En s'alliant avec une entreprise danoise, le géant américain tente de conquérir un nouveau marché. Ce qui n'est pas du goût des professionnels du secteur.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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S’adapter ou disparaître. Monsanto a parfaitement intégré ce précepte du darwinisme économique. Face aux interdictions européennes, pétitions de médecins, et plaintes d’agriculteurs qui écornent chaque jour un peu plus l’image des pesticides, le géant des biotechnologies végétales se lance dans les désherbants et insecticides bios. Depuis décembre, le papa des semences OGM et de l’herbicide Roundup fait du pied à la société danoise Novozymes, en pointe dans le domaine des pesticides de bio-contrôle, entendez d’origine naturelle. Après la validation du partenariat la semaine dernière par l’autorité de la concurrence, la multinationale américaine va pouvoir rattraper le retard pris sur ses concurrents Bayer ou BASF. Mais les produits traités par les bio-pesticides Monsanto trouveront-ils grâce aux yeux des labels et enseignes de l’agriculture biologique ?

Microbes d’origine naturelle

Pour l’instant, la question reste suspendue au bon vouloir de l’Union européenne. C’est à ce niveau que se décidera, au cas par cas, si les produits Monsanto-Novozymes respectent ou non la Charte de l’agriculture biologique. Pour l’instant, Christian Huyghes, directeur adjoint à l’agriculture au sein de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), reste prudent : « En soi, les pesticides de bio-contrôle ce n’est pas nouveau, il s’agit d’extraire les molécules qui permettent à certains organismes de se protéger contre les bio-agresseurs pour les réutiliser sur d’autres. » La technique existe déjà dans l’agriculture biologique « mais alors que le mécanismes à l’œuvre quand on épand du purin d’ortie restent méconnus, Novozymes a identifié chacune de ces substances et leurs propriétés ». Un savoir technique qui a permis au groupe danois de devenir leader des produits utilisés dans l’agriculture biologique.

Le discours de Monsanto est plus inquiétant. Brandon Mitchener, le responsable européen, évoque des « microbes d’origine naturelle, que l’on voudrait produire à grande échelle ». Leur accueil est mitigé. « D’origine naturelle ne signifie pas sans danger ni sans impact pour les équilibres naturels, rappelle Christian Huyghes. Il peut y avoir des procédés chimiques en jeu et dans tous les cas, on utilise des procédés physiques. Est-ce que ceux-ci sont bios ? C’est sur ce point que les autorités européennes vont devoir trancher. »

Rendre le bio plus compétitif

Si l’Europe donne son feu vert, Ecocert, le principal organisme français de certification des produits bios, n’aura pas d’autres choix que de lui emboîter le pas. « Notre mission consiste à vérifier si la charte européenne est bien appliquée. Si les bio-pesticides sont à base de micro-organismes ou de macro-organismes non génétiquement modifiés et qu’ils possèdent une autorisation de mise sur le marché, ils pourraient être utilisés par des producteurs en “AB” », expliquent les responsables du label. Une fois le verrou européen débloqué, les produits traités par les bio-pesticides gagneront-ils sans heurts les étals des magasins bios ? Brandon Mitchener l’espère : « On peut en produire à bon marché, ça peut rendre le bio plus compétitif ! », se réjouit-il dans la Libre Belgique.

Claude Gruffat, le président de Biocoop, reste sur ses gardes : « Pour nous, vendre des produits traités par Monsanto, ce serait un peu comme demander un prêt à certaines banques. Ce sont les acteurs d’un modèle auquel nous n’adhérons pas. » Stéphanie Pageot, directrice de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) confirme : « Avec ces produits on gagnera sur la pollution, mais ça ne remettra pas en cause les méthodes de production. » Même son de cloche chez Christian Huyghes : « Si les bio-pesticides deviennent aussi performants que les produits de synthèse et qu’on en fait le même usage pour de la production de masse en monoculture, ce sera un échec. »

« Le sigle “AB” ne suffit plus »

Face à l’industrialisation du bio, il reste une parade : changer de label. A Biocoop, Claude Gruffat est catégorique, le sigle “AB” ne suffit plus. Pour que les objectifs de responsabilité sociale, de préservation de la biodiversité et de maintien de l’agriculture dans les territoires ne disparaissent pas derrière la question des pesticides, la Fnab a lancé le label Bio cohérence. Un label auquel, a priori, la firme Monsanto ne pourrait prétendre. « Le bio à deux vitesses existe déjà mais avec des initiatives de ce type, l’écart va se creuser, il faut anticiper », prévient Claude Gruffat. Pour l’instant, la démarche en est à ses balbutiements. Reste à trouver assez de producteurs et consommateurs désireux de jouer le jeu. Pour le directeur de Biocoop, « il va falloir reprendre au point de départ le chemin qu’on a parcouru avec le bio depuis quinze ans ».


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  • Oui c’est 1 blague pour l’instant, car les politiques risquent de ressortir l’interdiction du purin d’ortie & co. Tout dépendra des graissages de pattes, n’est-ce pas ?
    Les labels du green washing ont commencé depuis 1 bail, et la propriété intellectuelle appartient à qui ? Aux voleurs et menteurs écocidaires, voyons...

    21.02 à 21h28 - Répondre - Alerter
    • qui va croire ces bandits qui se fichent de l’environnement et de la santé humaine,sont prets a tout pour prendre des places encore et encore,ce sont purement et simplement des criminels y a pas d’autres mots ( vont meme jusqu’a assigner en justice qui aura recuperé un OGM dans son
      jardin par le vent ) et quel bio = bio-OGM , peuvent se le garder (ça n’existe pas ).

      23.02 à 17h05 - Répondre - Alerter
  • Pourquoi s’étonner ? La bio française AB, puis européenne, suit sa logique, inscrite dès son origine dans ses règles, son esprit. Il ne s’agit que de "cahiers des charges", autrement dit une forme de réglementation.

    Cahiers des charges qui définissent des produits, et comment les produire. Qui définit un produit définit un marché, et rien d’autre. Aucune philosophie là-dedans, aucune éthique. Des mouvements comme la FNAB ou Biocoop l’ont bien compris, eux qui avaient pourtant vaillamment soutenu le "label" officiel durant une vingtaine d’années : Lorsque les dérives de cette bio de plus en plus éloignée de ce qu’avaient souhaité ceux qui se sont battus pour elle pendant plusieurs décennies sont devenues insoutenables, ils se sont résolus à créer « Bio Cohérence », prenant ainsi un virage à 180 degrés tout en s’adossant quand même au label européen (un incohérence difficile à comprendre).

    A côté de cette dérive facile à prévoir - dans la logique des intérêts bien compris de l’agriculture intensive, de l’industrie agro-alimentaire, et de la grande distribution - il existe pourtant des mouvements qui se battent depuis longtemps pour la bio dans le même esprit qu’au départ, imprégné d’éthique et en réaction notamment contre la marchandisation du monde. Parmi ceux-là, les biodynamistes et, surtout, Nature & Progrès comme le rappelait hier ici même Eliane Anglaret.
    Pourquoi ne l’avoir pas évoqué ? Sans doute un manque de place…

    René de Paulis

    21.02 à 08h59 - Répondre - Alerter
  • Nous pouvions bien le prévoir, devant le succès de la demande de produits bio par les consommateurs, les entreprises agro-industrielles récupèreraient le marché de plus en plus attractif.
    Une mention qui a des exigences en terme environnemental, semences, traitements alternatifs, énergétique, social... maintient les exigences c’est Nature et Progrès qui en 2014 fêtera ses 50 ans. Dommage que vous ne la citiez pas dans votre article.
    Ce sera pour une prochaine fois !
    eliane anglaret

    20.02 à 15h08 - Répondre - Alerter
  • C’est le 1° Avril ????

    19.02 à 16h29 - Répondre - Alerter
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