A partir de ce jeudi 23 janvier, les députés vont examiner une proposition de loi des écologistes mettant en avant le « principe de précaution » en ce qui concerne les ondes électromagnétiques, lit-on sur Lemonde.fr. L’occasion de revenir sur un rapport, paru en août 2013, présentant la part de responsabilité des antennes-relais, les lieux et moments où la population est la plus exposée à des ondes… |
Les ondes électromagnétiques sont difficiles à saisir. Jusqu’au Grenelle des ondes de 2009, on connaissait peu l’impact des 50 000 antennes-relais françaises (voir leur emplacement sur une carte) qui permettent aux quelque 68,5 millions d’utilisateurs de mobiles de communiquer. Depuis, pour dissiper ce flou, plusieurs rapports ont été publiés. Ce lundi, le Comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile (Comopdevenu Copic) a remis sa dernière synthèse au gouvernement. Malgré les critiques de l’association Robin des toits, qui ont entraîné la suspension de sa participation aux travaux du comité en janvier, ce diagnostic guidera les politiques de réduction de l’exposition. Où et quand est-on le plus traversé par les ondes ? Quelle est la part de responsabilité des antennes-relais ? Comment y remédier ? Passant outre les soupçons des associations, le Copic donne des premières réponses. Terra eco décrypte ses conclusions.
Le danger des niveaux d’exposition relativisé
Les ondes électromagnétiques en France ? Une broutille ! Si l’on considère les normes actuelles, qui fixent les valeurs limites réglementaires à 40 et 61 volts par mètre, la France est une élève modèle. De fait, dans les 16 zones d’expérimentation de l’étude, 99% des niveaux d’exposition enregistrés se sont révélés inférieurs à 2,7 V/m. Une marge qui permet au Copic de rassurer en évoquant un « niveau globalement faible d’exposition » du public. Mais si l’on prend le seuil prôné par l’association Robin des toits, qui correspond à la limitation à 0,6 V/m retenue par le conseil de l’Europe, le tableau est moins reluisant. Toutes zones confondues – urbaine, périurbaine ou rurale – 10% des niveaux d’exposition modélisés par l’étude sont supérieurs à ce seuil. Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des toits doute de la validité de ces chiffres qui, selon lui, arrangent les industriels, mais en profite pour réitérer sa demande de réglementation : « Nous voulons que les industriels soient contraints à des efforts financiers qui permettraient de combiner les exigences de la téléphonie mobile et celle de protection de la santé. »
Quelle que soit l’heure de la journée, nous sommes exposés.
Les ondes électromagnétique ne nous laissent aucun répit. C’est l’une des conclusions de la synthèse du Copic. Qu’on soit en plein dans la tranche horaire de la frénésie de téléphonie – 18h à 21h - ou au beau milieu de la nuit, le degré d’exposition aux ondes provenant des antennes varie peu. L’écart observé est tout au plus de 30%. « Quelle que soit l’heure à laquelle les mesures d’exposition sont réalisées, celles-ci sont toujours proches de la valeur moyenne sur une journée », constatent sans l’expliquer les auteurs de la synthèse.
Ville et montagne, les zones sensibles
Le lieu par contre est déterminant. L’étude indique qu’habiter à la campagne limite l’exposition. A l’inverse, en zone urbaine, plus l’habitat est dense et moins les constructions sont modernes, plus le champ électrique est important. Ainsi, parmi les mesures effectuées sur les points les plus exposés, c’est dans les centres-villes à l’habitat ancien et dense que les niveaux maximums sont mesurés.
A quelques mètres près, on peut recevoir au moins deux fois plus d’ondes
Dans le même pâté de maison, le niveau d’exposition aux ondes peut varier du simple au double. Des mesures réalisées à Alésia, dans le XIVème arrondissement de Paris, sont éloquentes. Sur la façade de deux immeubles situés sur le même carrefour, les niveaux sont de 0,6 V/m d’un côté de la rue et 1,3 V/m de l’autre, à un étage de différence seulement. L’orientation des différents faisceaux partant de l’antenne explique ces disparités. Si vous êtes dans l’un de ces axes, mieux vaut avoir une façade aveugle pour lui faire face. Un mur bloque 80% des ondes tandis qu’une fenêtre simple vitrage n’atténue le niveau d’exposition que de 20%. Sauf si vous avez installé des vitres avec traitement athermique, utilisé pour les pare-brise des voitures. Dans ce cas, votre fenêtre vaudra un mur. Mais à l’intérieur même du logement, les écarts de niveaux sont encore plus marqués. Sauf que les antennes-relais ne sont plus les seules coupables.
Wifi, radio, téléphone sans fil : les complices de l’antenne-relai.
Dans 20% des points les plus exposés relevés par l’étude, l’antenne-relai n’est pas la principale source d’ondes électromagnétiques. La proximité d’appareils type téléphones portables, base d’un téléphone sans fil, boîtier wifi ou encore radio FM prennent le dessus. Ainsi, du simple fait de leur présence, de la salle de bains au salon, le niveau d’exposition peut tripler.
Peut-on diminuer l’exposition aux ondes sans perdre du réseau ?
Le Copic estime que c’est possible. D’abord, avec des mesures d’ingénierie : en jouant sur la direction, l’inclinaison, l’emplacement ou la hauteur de l’antenne-relai. « Plus l’antenne est haute, moins il y a de chance que son faisceau principal rencontre les bâtiments », indique le rapport. Ensuite, en baissant la puissance moyenne des antennes. Sauf que, selon les signataires de la synthèse (professionnels de la téléphonie et représentants de l’État principalement), l’ambition d’atteindre l’objectif de 0,6 V/m n’est pas compatible avec le maintien de la qualité du réseau. Une affirmation que conteste l’association Robin des toits : « Cela exigerait une réglementation et un coût que les industriels ne sont pas prêts à payer », affirme Etienne Cendrier. Comme lors de sa précédente version, l’étude indique que pour baisser le niveau sans trop de dommages il faudrait installer trois fois plus d’antennes. Mais c’est sans compter l’arrivée de la 4G. L’étude indique qu’avec la généralisation du très haut débit pour mobile, l’exposition aux ondes augmenterait en moyenne de 50%. Face à l’annonce de ce bouleversement imminent la Priartem, l’Association pour une réglementation des implantations des antennes-relais de téléphonie mobile, également auditionnée par le Copic, met en garde contre « une lecture caricaturale » qui consisterait « à ne rien faire et ne rien décider pour l’instant ».
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