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A Bhopal, la clinique de tous les possibles

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En 1984, l'explosion d'une cuve de pesticides causa l'une des plus graves catastrophes industrielles. Depuis, un centre propose des traitements originaux pour des pathologies uniques au monde.
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En hindi, « Sambhavna » signifie « possibilité ». « Quand les gens arrivent à la Sambhavna Clinic, nous leur délivrons le traitement adapté à leurs symptômes. C’est un lieu où ils se sentent en sécurité, où ils peuvent avoir confiance », explique, d’un ton posé, Satinath Sarangi, le fondateur du centre. Derrière le portail en bois de la Sambhavna Clinic, plusieurs bâtiments en brique rouge d’un seul étage entourent le patio central avec sa fontaine, un havre de verdure dans ce quartier pauvre, grouillant et pollué, du sud de Bhopal.

Ici, dans l’Etat du Madhya Pradesh, près de 100 000 personnes souffrent chroniquement de troubles respiratoires et ophtalmologiques, et les femmes de problèmes gynécologiques. Sans oublier les 25 000 personnes qui continuent de boire, depuis vingt-cinq ans, l’eau de la nappe phréatique empoisonnée par des solvants chlorés.

Un immense nuage

C’est ici que s’est produite la plus grande catastrophe industrielle de tous les temps. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, la cuve de l’usine Union Carbide, qui fabrique des pesticides, explosa, crachant un immense nuage de gaz toxique. La composition de celui-ci n’a jamais été rendue publique par la firme américaine. Sans connaître la nature exacte du mal qui ronge les victimes, difficile pour les médecins de la ville de soigner correctement. Satinath Sarangi raconte : « Après dix ans passés à Bhopal, j’ai constaté que les traitements administrés faisaient plus de mal que de bien. L’abus d’antibiotiques, d’antidouleurs et de stéroïdes aggravait l’état des victimes. C’était la première fois qu’une population aussi importante était touchée par une pollution chimique aussi grave. Alors, face à la nouveauté de la situation, il a fallu s’adapter, être innovant, trouver de nouvelles méthodes de traitement. »

La clinique fait alors un pari original : combiner des traitements allopathiques (médecine générale, gynécologie, pathologie, psychothérapie) avec d’autres issus de l’ancestrale tradition médicale indienne (ayurveda, panchakarma et yoga). Ici, les femmes, qui souffrent surtout de stérilité et d’aménorrhées, peuvent consulter un gynécologue, ce qui n’est pas le cas dans le plus grand hôpital de la ville. « Parfois, lors du premier rendez-vous, quand nous les touchons, elles fondent en larmes. Dans les autres hôpitaux, ces femmes ne sont que rarement auscultées mais elles n’osent pas se plaindre », souligne le docteur Rupa Baddi.

Soins gratuits

Depuis que la clinique a ouvert ses portes en 1996, elle a vu défiler 23 000 malades. Pour pouvoir leur offrir des soins gratuits, l’établissement fait appel à des donateurs privés. Le soutien de 10 000 à 15 000 personnes – la plupart anglaises – lui permet aujourd’hui de fonctionner. Le journaliste et écrivain français, Dominique Lapierre, y a également reversé les droits de son livre Il était minuit cinq à Bhopal (1). Sur les 45 médecins, administratifs et éducateurs qui y travaillent, 23 sont des victimes directes de la catastrophe de Bhopal ou de la contamination de la nappe phréatique.

A leurs côtés, des scientifiques, des médecins et des volontaires étrangers – en majorité des Etats-Unis, d’Angleterre, du Canada et d’Europe – viennent se former à ces pathologies liées aux pesticides et aux bienfaits des traitements ayurvédiques, basés sur l’usage de plantes, la diététique, le massage et les cures de détoxification. Beaucoup d’entre eux viennent aussi consulter la bibliothèque de la clinique, la plus complète sur le drame de Bhopal qui fit 5000 morts.

En 2005, la clinique a inauguré un bâtiment éco-conçu et alimenté en électricité par des panneaux solaires. Sur un demi-hectare de jardin pousse une centaine de plantes médicinales qui servent à la fabrication d’une cinquantaine de traitements ayurvédiques. Pour les arroser, de l’eau recyclée. Car ici, on sait que l’on ne peut plus faire confiance aux nappes phréatiques pour des générations à venir. —

(1) Avec Javier Moro, Pocket, 2002.


Le centre en quelques chiffres


- 23 000 personnes traitées depuis treize ans dont 60 % de femmes.

- 150 à 170 patients pris en charge chaque jour.

- Spécialités : la gynécologie (le centre est le seul de la ville à proposer ce service gratuitement), yoga, soins psychologiques, panchakarma, traitements ayurvédiques, laboratoire de pathologie…

- Plus de 100 plantes médicinales et 50 traitements fabriqués sur place, pour renforcer le système immunitaire, contre le diabète…

- La clinique est indépendante, non gouvernementale, entièrement financée par des dons internationaux.

Photo : David Graham

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