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2-09-2009

La Chine à court d’eau

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La Chine à court d'eau
 
La Chine affronte chaque année de graves pénuries d’eau qui contribuent à l’assèchement des cultures. Par-delà la pression hydrique naturelle et l’impact du réchauffement climatique, c’est la politique de gestion de l’eau qui est en cause.
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En matière de crise de l’eau, les citoyens chinois ont tout vu ou presque, ces dernières années. Entre 1990 et 2002, le ministère des Ressources en eau affirme avoir enregistré 120 000 conflits liés à des pénuries en eau. Pas un mois ne se passe également sans qu’une affaire de pollution des cours d’eau ne vienne noircir les colonnes des journaux. En 2007, la pollution aux algues bleu-vert du lac Taihu avait même privé d’eau courante deux millions d’habitants pendant plusieurs semaines. En cause : les usines pétrochimiques avoisinantes. Selon Le Wilson center, plus de 700 millions de personnes boivent régulièrement en Chine de l’eau en partie polluée, et seule l’eau de 6 des 27 plus grandes villes répondent aux normes gouvernementales.

La crise est d’importance. Un récent rapport de l’Institut international de la gestion de l’eau (IWMI) révélait d’ailleurs que les pays asiatiques pourraient être forcés d’importer le quart de leur consommation de céréales d’ici 2050 du fait de pratiques agricoles non soutenables. En Chine, ce sont l’utilisation intensive d’engrais, source de pollution des nappes phréatiques et l’irrigation tous azimuts qui sont principalement mises en cause. Certes, l’Empire du milieu est naturellement en situation de stress hydrique : avec 7% des réserves d’eau de la planète, il doit subvenir aux besoins de 25% de la population mondiale. Les plaines du nord balayées par les vents sont encore plus touchées par la sécheresse, avec 20% des ressources et 50% de la population du pays. Entre sécheresses chroniques, pollution des fleuves, et inondations dues à la destruction des prairies fertiles et des lacs, la Chine est le terrain non pas d’une crise de l’eau mais de multiples crises.

Remèdes de cheval

Pour tenter de résoudre ces problèmes, le pays s’est lancé dans des projets pharaoniques visant à accroitre la disponibilité des ressources. Imaginé dans les années 1950 sous l’influence de Mao, le projet de diversion des eaux du fleuve Yangsté du sud vers le nord a été lancé en 2002. Au total, 13 milliards de mètres cubes doivent être transférés vers le nord via un canal central de 1300km, et un canal oriental. Mais le projet, qui devait être achevé cette année, ne le sera qu’en 2014. Un retard de 5 ans qui risque d’aggraver la crise dans le nord, comme l’expliquait récemment à l’AFP Zhang Junfeng, expert de l’association de protection de l’environnement Green Earth Volunteers.

Pour les associations de défense de l’environnement, le canal sud-nord est pourtant loin d’être la solution. Ma Jun, directeur de l’ONG pékinoise Institute of Public & Environmental Affairs, et auteur d’une célèbre carte de la pollution de l’eau estime que les autorités sont dans l’erreur. "Elles se concentrent sur l’augmentation de l’offre après avoir utilisé les ressources de manière non durable pendant 50 ans sans penser à les économiser", explique-t-il. Or la construction du gigantesque canal, dont la partie ouest a déjà été abandonnée pour des questions de faisabilité, pose problème. Pour Fan Xiao, ingénieur en chef à l’équipe de recherche sur les ressources géologiques et minérales du Sichuan, "le projet est non seulement coûteux mais il ne résout pas le problème et cause de graves problèmes environnementaux et sociaux". Assèchement des terres traversées par le canal, relocalisations problématiques de 300 000 personnes situées autour du réservoir du Hubei et Hunan... Voilà autant de raisons qui expliquent le retard. Pourtant, à l’origine, rappelle Ma Jun, Pékin avait validé le projet à condition que soient développées en parallèle des mesures d’économies en eau. Ce qui n’a pas été fait.

Eau bon marché

Au contraire, les autorités locales font plutôt preuve d’indulgence envers les industriels. « Aujourd’hui, 100 millions de tonnes d’eau sont déversées chaque année dans les rivières du nord sans avoir été suffisamment traitées », poursuit Ma Jun. Or les technologies, de même que les financements sont disponibles. « Ce qui manque, c’est l’impulsion politique, poursuit le militant écologiste. Entre la protection des ressources en eau et l’économie, les autorités locales ont tôt fait de choisir la seconde option. » La faiblesse du coût de l’eau joue également pour beaucoup dans le gaspillage généralisé. Des projets alternatifs, telle la désalinisation, qui permet entre autres de reconvertir l’eau de mer pour alimenter les systèmes d’air conditionnés, sont souvent mis en avant par le gouvernement. Des solutions intéressantes pour l’avenir, selon Ma Jun, à condition que le processus de désalinisation soit réalisé sans impact sur le milieu naturel, ce qui n’est pas gagné. Par-delà ces expérimentations, la Chine doit se tourner selon lui vers une politique d’économie des ressources en eau. Ce qui passe par une plus forte pression sur les pollueurs, donc une participation accrue de la population à la résolution des problèmes environnementaux.

A lire aussi dans Terra eco :
- La Chine veut stocker l’eau des glaciers
- L’inexorable avancée des déserts chinois
- Dossier : la Chine, futur géant vert ?

Sources de cet article

- Le site de China Dialogue
- Le site du Wilson center
- Photo : Carl Boileau

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