La religion chrétienne est-elle écolo ?

Les religions chrétiennes, et notamment le catholicisme, s’intéressent-elles à l’écologie ?

Oui, bien sûr. On reproche souvent aux religions chrétiennes leur désintérêt pour la cause environnementale, voire même d’être à l’origine de la crise écologique. Ce qu’on oublie, c’est qu’il y a un vrai souci de la terre dans l’histoire millénaire du christianisme. La Bible commence par la question de l’Eden et dès les premiers textes, Dieu fait de l’homme le grand jardinier de la création. Selon cette vision, l’homme est responsable de la terre, de la mer, de la flore, etc.. et la création est un don de dieu qui l’oblige à rendre des comptes. De manière plus anecdotique, la pédagogie des Scouts de France est une pédagogie de la nature : les enfants sont invités à vivre en autarcie dans la nature.

L’histoire du christianisme est traversée par la question de savoir ce qu’il faut faire avec la création, c’est-à-dire la nature. Dans les pays de tradition protestante, il existe deux tendances. Il y a un courant qui confère à l’homme tous les droits sur la nature au nom de son élection divine. Il y a aussi un courant né aux États-Unis de la rencontre avec la nature fantastique des espaces sauvages (wilderness), qui considère cette nature comme une trace du paradis perdu qu’il faut savoir protéger de l’appétit égoïste de l’homme. En Europe, les grandes initiatives œcuméniques lancées en faveur de la protection de la nature l’ont été à l’initiative des églises protestantes.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette tradition ?

Au 20ème siècle, le catholicisme a été plutôt sensible à la question ouvrière, et la prise de conscience de la crise écologique a été relativement tardive. On peut dire que c’est le pape Jean Paul II qui a vraiment alerté l’opinion publique internationale. Dès 1978, il a placé son enseignement sous le patronage de Saint-François d’Assise et a fait de lui le patron des écologistes en 1979. Tout son pontificat est rythmé par des prises de position sur la question de notre rapport à la création. Benoit XVI s’inscrit dans la même tradition que Jean Paul II.

Il appelle lui aussi à une responsabilité de l’homme vis-à-vis de la création. Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est que les croyants se réunissent de plus en plus pour réfléchir sur la crise écologique. Cela a commencé en 1983, lorsque le conseil œcuménique des églises a invité tous les chrétiens à "un engagement mutuel en faveur de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la création". Les chrétiens considèrent donc ces questions avec une nouvelle urgence et s’interrogent sur le futur.

Y a-t-il une volonté de peser dans le débat public ?

D’un point de vue théorique, les chrétiens pensent davantage leur rapport à la nature. D’un point de vue pratique, ils se demandent comment agir. Concrètement, les églises s’adressent d’abord à leurs fidèles. Dans les sommets de la terre, Rome envoie un délégué et le conseil mondial des églises prend des positions fermes sur le réchauffement climatique. Beaucoup de mouvements religieux ont le statut d’ONG, ils réalisent un travail de "conscientisation" des esprits et participent aux grandes rencontres internationales, comme c’est le cas du CCFD [1]. En France on voit aussi l’ONG Pax Christi appeler chaque année à Noël à ne pas se laisser séduire par la société de consommation.Mais d’une manière générale, je ne vois pas comment l’Eglise pourrait aller plus loin, surtout dans un régime de laïcité.