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10-06-2004
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Finance
Marques, Marketing
Société
France

Football : esprit, es-tu (toujours) là ? (suite)

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La beauté de l’incertitude

Jean-Michel Aulas lui n’en a cure. La Bourse est la seule alternative. "On nous demande de courir un 100 mètres avec des boulets aux pieds", protestait-il, il y a encore quelques semaines. Mais outre le cadre juridique français prohibitif sur ce point (1) - le seul en Europe - l’option Bourse pourrait bien n’être qu’une fausse bonne idée. Selon Frédéric Bolotny, l’écueil majeur tient à cette satanée incertitude du sport, qui en fait pourtant l’intérêt. "La Bourse n’aime pas l’incertitude. Or cette incertitude est créatrice de valeur dans le football", résume-t-il brutalement. Une autre incertitude, celle de l’état financier des clubs, risque d’ailleurs de refroidir les boursicoteurs. "Que les clubs apprennent d’abord à communiquer sur leurs comptes et qu’ils soient transparents, après, on verra", résume un analyste financier. D’autres ont vu pour lui. En Europe, 38 clubs sont actuellement cotés en Bourse. Bilan : 75% d’entre-eux ont une valeur inférieure à leur cours d’introduction.

Transferts à prix d’or

Au-delà de cet aspect purement conjoncturel, la cotation en Bourse n’est absolument pas synonyme de ligne droite vers le succès sportif. En attestent - si l’on met de côté le cas de Manchester United (Grande-Betagne) - les piètres résultats sportifs de Dortmund (Allemagne), de la Lazio (Italie) ou d’Aston Villa (Grande-Bretagne). L’une des raisons de cet échec tient aux choix stratégiques des dirigeants, qui profitent du pactole amassé en Bourse pour acheter des joueurs à prix d’or, au lieu de développer les actifs du club en bons pères de famille.

Le joueur-marchandise

Davantage d’argent, donc de bons joueurs sur le papier, donc des transferts plus juteux, donc d’autres nouveaux joueurs... Le cercle est vicieux et forcément dangereux. En France, afin d’éliminer les risques d’abus, la DNCG veille sur les bilans comptables des clubs. Frédéric Thiriez, le patron de la LFP s’en félicite d’ailleurs. "La France, selon lui, est le bon élève du foot européen dans ce domaine". Mais en réalité, les budgets des clubs sont toujours aussi difficiles à connaître, puisqu’il n’existe aucune obligation légale à les rendre publics. Les transferts restent mystérieux et opaques. Pas toujours très claires, non plus, les liaisons des clubs européens - les plus riches du monde - avec les clubs d’Afrique ou d’Amérique latine. Forcément moins chers lorsqu’ils sont directement détéctés dans ces pays du sud, les joueurs souvent issus de milieu populaire voient comme un miracle financier la possibilité de venir jouer en Europe. Au risque de devenir une marchandise, une vulgaire matière première, aux mains d’entreprises. L’affaire stéphanoise des faux passeports en 2000 est révélatrice d’un milieu parfois malodorant. Afin de respecter le quota de joueurs extra-communautaires fixé par les réglements sportifs, plusieurs équipes (dont Saint-Etienne) ou intermédiaires n’avaient pas hésité à falsifier les passeports de leurs footballeurs afin de pouvoir les recruter.

Patte blanche ?

L’objectif d’un football sain pratiqué par des esprits sains reste donc un doux rêve. L’arrivée de milliardaires venus de Thailande (le premier ministre Thaksin Shinawatra à Liverpool) ou d’Egypte (Mohamed Al Fayed à Fulham) présage peut-être de lendemains douloureux. Plus récemment, le cas du Russe Roman Abramovitch (à Chelsea) laisse perplexe, Le football mondial est-il au coeur de blanchiment de capitaux ? Frédéric Bolotny, sans y apporter de réponse s’interroge sur les motivations de cet homme d’affaires russe, décrit comme un nabab du pétrole, qui a injecté plus de 300 millions d’euros depuis son arrivée à la tête du club anglais.

"Différences économiques"

Dans ce contexte, le dépit des fans pourrait sembler naturel. Et pourtant. On l’a vu les statistiques du foot montrent un engouement sans faille. L’argent a-t-il tué l’intérêt sportif ? "Pas du tout", répond sans hésiter le bouillant Gervais Martel, président du RC Lens, lui aussi défenseur de l’introduction en Bourse des clubs. "De l’argent, vous en avez dans tous les sports. Ce n’est pas nouveau. D’accord, l’économique est une pression supplémentaire, admet-il, mais c’est intégré par tout le monde, c’est dans les moeurs. L’important, c’est que la dimension sportive prime toujours. Une fois fixés les objectifs sportifs, on essaie de trouver les moyens financiers pour réaliser nos objectifs. Ce n’est jamais l’inverse !" Le départ pour Tottenham du sélectionneur français Jacques Santini à quelques jours du début de l’Euro 2004 semble démontrer l’inverse. Lui, affirme que ses motivations sont d’ordre sportif, alors que la fédération française (son employeur) par la voix de son président Claude Simonet y voit avant tout le résultat de "différences économiques". En fait, il se murmure qu’il multiplierait en Angleterre ses émoluments par quatre.

Médias complices

A ce jeu de la surenchère, les médias ne brillent pas par leur innocence. Relais peu critique des transactions financières entre clubs, la presse spécialisée assiste sans ciller à la libéralisation galopante du football. Un quotidien comme L’Equipe n’a jamais autant vendu (tirage quotidien à plus de 485000 exemplaires), les audiences des matchs de foot après avoir stagné semblent de nouveau décoller, les joueurs trouvent leur compte dans cette industrie dont les règles brillent par leur absence. Un projet existe de décerner des licences UEFA aux clubs européens. L’institution européenne délivrerait une sorte de label d’orthodoxie économique et sportive. Mais rien ne dit qu’il verra le jour sous tous ses aspects : juridique, financier, et... sportif. Le directeur général de l’UEFA, Lars Christer Olsson, semble en tout cas tristement honnête sur l’état de son sport : ces licences "apporteront une crédibilité à toute la famille du football, mais également à toute l’industrie de ce sport". Industrie, crédibilité... Esprit du sport, es-tu là ?

...RETOUR AU DEBUT DE L’ARTICLE

(1) Si la loi française sur le sport de 1984 interdit toujours l’introduction en Bourse d’un club de football, une procédure lancée le 12 février 2002 par les présidents des clubs professionnels de Lyon, Bordeaux, Lens, Strasbourg, Saint-Etienne, Lille, Marseille et Troyes pourrait changer la donne. Sur ce dossier, la Commission européenne a en effet mis la France en demeure, pour violation du droit communautaire.

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Euro 2004 : tu me fais tourner la tête

La Bourse ou la vie

Quelques sources :

www.footpro.fr

www.cahiersdufootball.com

www.unilim.fr/cdes

www.uefa.com

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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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