La Camargue verte de la tête aux pieds

Chevaux sauvages, flamands roses et marais font la notoriété de la Camargue. Et les Marais du Vigueirat comptent bien le faire savoir. Par le tourisme ? Oui. Mais un tourisme solidaire et respectueux des ressources, richesses même de la région. Après des siècles d’inondations suivies d’actions d’endiguement et soumise plus récemment à la pression de l’agriculture intensive, la Camargue est désormais un espace protégé. Ce territoire es reconnu comme l’une des zones humides les plus riches du littoral méditerranéen. Acquis par le Conservatoire du Littoral dans les années 1980, les Marais du Vigueirat, au sud d’Arles, seront bientôt désignés Réserve naturelle nationale.

Géré par l’association « les Amis des Marais du Vigueirat » et son passionné directeur Jean-Laurent Lucchesi, le site est en passe de prouver que l’environnement peut être source de développement économique et social. Gardien d’une biodiversité remarquable, il doit être protégé, préservé, choyé mais également partagé. Alors place à l’écotourisme !

Préserver l’environnement

Sur les 1 000 hectares de marais, 900 sont strictement protégés et abritent plus de 286 espèces d’oiseaux observés (hérons, oie cendrée, guêpier d’Europe). Deux visites par jour maximum sont organisées par l’association. Selon les principes de l’écotourisme solidaire, les guides sont des locaux. Sur les 100 hectares restant, se déploie un pôle d’attractivité écotouristique proposant aux visiteurs moult sentiers de randonnées, cheminements en bois, observatoires, etc.

Dans le cadre du programme européen Life Promesse voué à réduire au maximum les impacts des infrastructures existantes sur la nature, celles-ci ont été conçues selon des méthodes environnementales : utilisation à 100 % des énergies renouvelables (solaire et bois-énergie), récupération de l’eau de pluie et aménagements économes en eau potable entraînant une baisse de la consommation de 50 %. Les déchets sont triés et les produits de lavage écologiques. Côté transports, le domaine va jusqu’à tenter la récupération de l’huile de friture des restaurants d’Arles pour alimenter les moteurs des véhicules utilisés par les employés.

Développement local

A cette démarche ont été largement associés les acteurs locaux et habitants de la région, sur le modèle de la démocratie participative. Un Plan décennal de développement durable (PDDD ou P3D) est en marche. Mené par les acteurs locaux, il énonce les actions à mettre en œuvre pour la région : création d’un café restaurant d’insertion, de nouveaux logements sociaux écologiques, mise en place d’une activité de chasse durable, etc. Avec 60 emplois créés, dont 40 locaux, la gestion globale et participative de ce projet prouve que l’environnement peut être créateur de bien-être économique et social. Au terme de 20 ans d’éco-gestion, de protection de la nature et d’adéquation entre économie locale et tourisme, les Marais du Vigueirat obtiendront en 2008 la certification européenne EMAS (Eco-Management Audit Scheme) qui récompense un mode de fonctionnement basé sur l’amélioration continue des performances environnementales. Une première en France pour un espace naturel !