Question à un million d’euros : qu’est ce qui peut rassembler dans le même lieu une projection du film "Biutiful cauntri" dénonçant la mafia des déchets, un ours posé sur une caisse d’import-export, un vélo en bois, le Fouquet’s, une boîte spécialisée dans la pollution de l’air intérieur et des bijoux en or bio ? Le salon du luxe et développement durable, première édition. Accueilli par le palais de Tokyo à Paris, dans une ambiance tendance-lumière tamisée-bilingue anglais, le salon 1.618 - son autre petit nom, en référence au nombre d’or - offre un panorama assez hétéroclite de ce que le luxe a à proposer en terme de développement durable. L’alliance des deux termes peut en surprendre plus d’un. Le luxe, n’est-ce pas la richesse, l’abondance, l’argent ? Qu’aurait-il à dire à un monde qui découvre que ses matières premières ne sont pas infinies et que son avenir se conjuguera sûrement avec frugalité et "sobriété heureuse" (dixit le philosophe Patrick Viveret) ? Barbara Coignet, tête pensante et agissante du salon 1.618, se pose comme l’interprète entre ces deux mondes. Elle, qui travaille depuis plus de quinze ans dans le secteur de la mode et des tendances, estime que le luxe est en train de réinventer ses codes, coupant avec l’ostentatoire et redonnant du sens à sa consommation.
Echaudés
Allons donc voir ce "désirable" devenu "durable". L’entrée en matière est artistique avec la présentation de quelques œuvres contemporaines : l’étonnante suspension de fraises - fraîches ! - écrasant un corbeau de l’Irlandaise Claire Morgan ("Fluid") ou ces centaines de plâtres de pots de yaourts ou de conserves posés sur le sol représentant l’empreinte écologique de Lucie Chaumont. Puis une trentaine d’exposants se dévoilent par thématiques : voyages, beauté, mobilité, nouvelles technologies, bijoux, santé… Ce choix plutôt limité peut s’expliquer par des marques échaudées par leur dernière rencontre avec le monde du DD. Dans son rapport "Deeper luxury" (2007), le WWF avait noté différentes entreprises comme Hermès, l’Oréal, Tiffany, PPR, Bulgari ou Tods : aucune n’obtenait mieux que C+ sur une échelle allant de A à F.Limousines à moteur hybride
Dans les allées du salon 1.618, on trouve donc les "courageux" Sony entouré de télés Bravia qui s’éteignent dès que le téléspectateur va se chercher une bière dans sa cuisine. Mais aussi Tesla, exposant ses bolides électriques (cf. photo) vantés en vidéo par David Hallyday ou Jewellery Ethical Luxury arborant ses colliers en or bio… On est parfois perturbé par certaines démarches durables : le Fouquet’s qui met en avant sa démarche de certification, mais fait poser ses portiers avec des Solex électriques et rappelle qu’il propose à ses clients des limousines avec moteur hybride. Que penser aussi des lodges posés en pleine forêt thaïlandaise avec spa ? Hélas, pas le temps de faire en 5 minutes l’empreinte écologique de ces installations touristiques. En attendant, restons philosophe - et un peu fataliste - avec Barbara Coignet qui déclare au sujet des consommateurs de luxe : “On ne va pas changer leurs modes de vie, alors autant changer leur modes de consommation." Et attendons le bilan carbone de cet événement qui sera dressé par PriceWaterhouseCoopers.A lire et à voir aussi dans Terra eco :
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