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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
20-07-2014

Les origines du terrorisme islamique ont-ils un rapport avec l’écologie ?

Aqmi au Sahara, Boko Aram au Nigeria, Shebbabs somaliens, nouveau Califat Islamique en Syrie et en Irak, tous ces groupes armés se développent et se déploient avec succès depuis quelques années autour du Sahara et dans le Moyen Orient. Nous qualifions de "terroristes" des mouvements qui nous menacent et nous effrayent. Pour les combattre, il faut comprendre les origines de leurs succés.

(la carte du terrorisme islamique dans le monde)

(la carte des zones arides dans le monde)

Tous les groupes armés islamiques ne semblent avoir aucune peine à recruter de nouveaux combattants. AQMI enrôle essentiellement des Mauritaniens et des Touaregs. La plupart des combattants de Boko Aram sont issus de l’ethnie Kanouri, implantée au nord-est du Nigeria, en zone soudano-sahélienne. L’Etat islamique Irako-syrien recrute tout azimut, agglomérant des combattants qui proviennent aussi bien des grandes métropoles arabes que de systèmes claniques plus ruraux.

Quelles sont les motivations de ces combattants ? Pourquoi s’engagent-ils dans cette guerre contre les valeurs de l’Occident, pour un ordre moral mystifié autour d’un Islam conquérant ? Pourquoi quittent-ils leurs familles et leur milieu pour risquer leur vie ?

Certes, il existe un discours moralisateur islamique particulièrement puissant et totalitaire qui permet de justifier, pour chaque combattant, son engagement. Mais la plupart des terroristes n’ont pas de formation religieuse aboutie et ont une compréhension de l’Islam très limité, comme l’a démontré l’enquête mené par l’Etat saoudien auprès de milliers de terroristes capturés : 25% avaient des antécédents judiciaires, et seuls 5% avaient été, avant leur enrôlement, très actif sur le plan religieux. L’Islam a un rôle de discours légitimant, à posteriori, leur engagement et ne constitue généralement pas l’origine de leur "passage au terrorisme".

La plupart des terroristes ont un sentiment de déracinement : impliquées dans les migrations de la mondialisation qui ont bouleversé l’enracinement des populations dans des terroirs ruraux, leurs familles ont connu l’exode rural vers les grandes métropoles, ou les migrations du sud vers le nord des populations africaines vers l’Eldorado rêvé de l’Europe ou à travers le Sahara. La perte de repère explique l’enrôlement pour "une grande cause" finalement rassurante qui donne sens au destin d’individus qui n’en ont pas.

Le film franco-belgo-marocain "les chevaux de feu" décrit comment, dans un bidonville proche de la grande métropole de Casablanca, deux frères sombrent dans le terrorisme et deviennent des martyrs participant aux attentats sucides de 2003. Ils sont issus d’une famille pauvre qui tente de survivre, avec un père dépressif et une mère écrasée par les tâches quotidiennes. Ces déçus de la modernité viennent alimenter les bataillons des combattants.

Osons aller plus loin : faisons l’hypothèse que les fondamentalistes islamiques s’enrôlent pour échapper à une vision de l’avenir forcément négative : pauvres, coincé dans des bidonvilles, ingénieurs sans postérité dans les grandes métropoles ou déraciné issus d’une ethnie balottée par l’histoire, chacun d’entre eux ne porte plus crédit à une vision économique mondialiste occidentale dont ils rejettent le positivisme.

Allons plus loin encore : ces déçus de la modernité sont victimes de la compétition pour des ressources naturelles de plus en plus disputées. Cela ne semble pas un hasard si le fondamentalisme religieux se développe dans les zones arides de la planète, là ou les paysans finissent par quitter leurs terres victimes de la désertification et de la déforestation. La génération suivante, désespérée, prend les armes pour aller combattre les richesses de l’Occident.

Seules 10 à 20 % des terres agricoles des zones arides sont déjà victimes de la désertification Si la proportion est encore limitée, le processus de dégradation des sols peut rapidement atteindre le point de non retour à partir duquel il n’est plus possible de produire les ressources indispensables à la vie humaine. Les facteurs climatiques (épisodes de sécheresse, réchauffement global) expliquent en partie cette situation. Mais la pression exercée par l’accroissement de la population qui oblige à exploiter toujours plus les terres, explique aussi la désertication qui rend stérile des terres, obligeant les populations à migrer ou à vouloir prendre la terre de ses voisins.

La carte des zones arides, est à comparer à celle du terrorisme islamique au début de cette article. Les corrélations entre les deux cartes sont-elles de simples hasards ? On peut plutôt envisager que, né dans le désert, l’Islam, à travers le concept de Djihad, a pu, lors de sa naissance, utiliser la conquête comme un instrument pour trouver de nouvelles ressources et richesses. Dans le contexte actuel de raréfaction des ressources en terres fertiles et en eaux de nombreuses régions du monde, le fondamentalisme islamique retourne à ses origines, en quelque sorte. Il regroupe une frange importante des "damnés de la terre" qui n’ont plus rien à perdre pour survivre dans un monde de plus en plus difficile pour eux.

Conclusion:pour combattre efficacement un mal, il faut en comprendre les origines. Pendant les "événements d’Algérie" de 1954 à 1962, -que l’on mettra des décennies à qualifier de guerre-, les stratèges français ont considéré le "terrorisme" algérien comme un mal brutal qu’il fallait éradiquer. Ils n’ont pas tenu compte du rôle de la religion et des inégalités sociales dans la montée en puissance du phénomène nationaliste algérien. Espérons que nos stratèges ne commettent pas les mêmes erreurs avec le fondamentalisme islamique.

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