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10-04-2014
Mots clés
Climat
Monde

Quand Shell et EDF réclament plus d’action climatique : intox ?

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Quand Shell et EDF réclament plus d'action climatique : intox ?
(Crédit photo : Martin - flickr)
 
A travers un communiqué posté par une organisation britannique, 85 entreprises réclament à la communauté internationale une action climatique plus ambitieuse. Grand pas en avant ou « greenwashing » ?
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Unilever, Shell, EDF Energy sont dans le même bateau et pas n’importe lequel. Ces géants industriels ont signé un communiqué commun pour réclamer que la « science relative au changement climatique soit prise au sérieux » et pour demander « une réponse politique proactive ». Ce n’est pas la première fois qu’une telle initiative est menée sous la houlette du Princes of Wales Corporate Leaders Group (CLG) – une entité britannique qui rassemble, sous l’autorité du prince Charles, des entreprises engagées contre le réchauffement climatique.

A Bali, en 2007, puis en prévision du sommet de Copenhague de 2009, la même organisation avait publié des communiqués similaires « afin de faire entendre la voix des entreprises ». Cette fois-ci c’est la publication des deux premiers rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et les échéances à venir – la conférence cruciale de Paris en 2015 notamment – qui ont décidé les compagnies à agir.

« La plupart des sociétés sont à la traîne ou font du lobby contre la transition »

Dans leur texte mis en ligne cette semaine, plus de 80 signataires proposent ainsi aux gouvernements de « prévoir un échéancier visant à réduire à zéro les émissions nettes (1) de dioxyde de carbone ». Et ce, « afin de maintenir le volume cumulatif d’émissions sous la barre du trillion de tonnes de dioxyde de carbone provenant du CO2 d’origine humaine ». Des demandes intéressantes pour Célia Gautier, chargée de mission Politiques européennes pour le Réseau Action climat : « Les demandes qui sont faites sont très précises et correspondent aux rapports du Giec. Ce chiffre de zéro émission nette, beaucoup d’associations souhaitent d’ailleurs le voir inscrit dans l’accord futur de Paris. Nous sommes plutôt favorables à ce que les entreprises prennent la parole en faveur de l’action climatique. On en a besoin quand on sait que la plupart des sociétés sont à la traîne, ferment les yeux ou même font du lobby contre le processus de transition. »

Autre point positif pour Célia Gautier : « Cela montre que les organisations patronales françaises (comme le Medef) ou européennes (comme Business Europe) ne représentent pas forcément l’intégralité de leurs membres quand elles prennent position contre ce type d’engagement. Là, on a de grands acteurs qui pourraient influencer les choses. »

Mais examinons plus précisément la liste des signataires. Que viennent donc faire un énergéticien (EDF), une compagnie pétrolière (Shell), une société aéroportuaire (l’aéroport de Heathrow) et bien d’autres, dans cette galère ? Ont-elles vraiment intérêt à affûter le couteau pour se faire égorger ? Après tout, dans la bataille contre le réchauffement climatique, les grosses multinationales polluantes sont souvent présentées comme les ennemies. Mais voilà : « La plupart des dirigeants d’entreprise reconnaissent que le changement climatique est un facteur à prendre en compte s’ils veulent que leur entreprise continue d’avancer », précise Eliot Whittington, directeur délégué de CLG. Ces compagnies auraient donc intérêt à agir aujourd’hui de leur plein gré plutôt qu’à y être contraintes demain, assure le responsable.

« Shell, le drapeau rouge »

« Les acteurs économiques ont souvent une approche progressiste du risque climatique. Ils lui accordent de l’importance et veulent diriger leurs investissements en fonction », abonde Célia Gautier. Avant de nuancer : « Mais ce n’est pas avec un communiqué de ce genre qu’on peut voir si untel ou untel agit sur le climat. » C’est sur le cas de Shell notamment que le regard de la chargée de mission s’est arrêté. « Il suffit de suivre leur compte Twitter pour voir qu’ils sont en train d’ouvrir une nouvelle zone d’exploitation au large du Nigeria. Ils sont aussi responsables d’une pollution atroce dans le delta du Niger pour laquelle ils ont été interpellés plusieurs fois par les Nations unies. Pour nous, Shell c’est le drapeau rouge. »

« Évidemment, ce n’est pas très compliqué de critiquer Shell pour ses agissements, concède Eliot Whittington. Mais ses dirigeants n’ont pas seulement signé le communiqué : ils soutiennent la taxation du carbone ou les technologies de re-capture de CO2. Ils prennent le problème sérieusement. »

Difficile pour autant de s’assurer qu’une signature n’a pas pour objectif de s’acheter une image plus green. « Quand ils signent, nous leur demandons d’exposer leur stratégie interne, de donner des chiffres. Mais c’est vrai que nous ne vérifions pas les détails. Nous n’en avons pas les capacités. Il peut y avoir des éléments de greenwashing. Mais signer c’est quand même vouloir exercer une pression sur les autorités », défend le directeur délégué.

(1) En clair, les émissions restantes une fois soustraites les tonnes de CO2 absorbées par la forêt, les océans, etc, ndlr.

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