Rappelez-vous, il y a deux ans, la « guerre des prix » faisait rage. Auchan placardait les abribus d’affiches en quatre par trois proposant 50 aliments bios à moins d’un euro. Leader Price s’engouffrait dans la brèche et Leclerc balançait sur la Toile un site comparant les prix des produits bios dans différentes enseignes de la grande distribution. Au supermarché, la course au bio pas cher était lancée. La Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique) tirait le signal d’alarme : en bout de chaîne, les producteurs allaient encore être les dindons de la farce ! « Si cette bataille commerciale est avant tout une opération publicitaire, elle s’appuie sur des mécanismes déjà subis par les paysans qui pourraient bien avoir des conséquences destructrices sur la filière bio », lançait la fédération. Le torchon brûle-t-il toujours entre les grosses enseignes et les agriculteurs bios ? Quelque part au pays du lait en bouteille, l’optimisme est pourtant de mise. Tout commence lorsque deux chefs de produits du groupe Système U viennent faire un tour à l’assemblée générale du groupement de producteurs bios Biolait. A priori, ces deux mondes se méfient l’un de l’autre. Ils vont pourtant devenir partenaires. En avril 2011 est signée une convention entre les producteurs – Biolait –, l’embouteilleur – la laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel – et le distributeur – Système U. Ce dernier s’engage à acheter 12 millions de litres de lait par an pendant trois ans. « Et aujourd’hui, nous sommes déjà au-delà de ces volumes », précise Loïc Dété, directeur du groupement. Au-delà de ce contrat de long terme, Système U montre un visage peu connu dans la grande distribution. « Ils n’ont pas discuté le prix de vente de notre lait, explique Loïc Dété. Ils nous ont prouvé que le partage équitable de la valeur ajoutée est possible sur la filière bio. »
Aujourd’hui dans les enseignes Système U, on trouve, sous marque de distributeur, le lait Biolait à 0,99 euro le litre. Le prix de vente à la sortie de la coopérative reste secret. « Mais je peux vous dire qu’on s’y retrouve, assène Loïc Dété. Ce n’est pas comme certaines enseignes où le prix du litre est si bas que faire vivre une famille et faire prospérer une ferme devient une gageure. »
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