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3-01-2008
Mots clés
Développement
Bangladesh

Danone, taille micro au Bangladesh

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Microcrédit, micro-usine, micromarché… La multinationale française teste un nouveau modèle économique et social pour les pays en développement.
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A Bogra, des femmes apportent leur lait à l’usine Danone (Crédit : haley / Sipa)

Au Bangladesh, Danone produit et distribue des yaourts à bas prix grâce à la banque Grameen, spécialiste du microcrédit. Il s’agit du « pilote » d’un vaste programme économique et social visant à combattre pauvreté et malnutrition. Révolution ou coup de pub ? Emmanuel Marchant, le directeur du projet, s’explique.

Quel premier bilan tirez-vous de votre implantation au Bangladesh ?

Après quelques problèmes d’approvisionnement et de qualité, notre équipe est opérationnelle depuis août. Nous inventons une nouvelle forme de distribution en zones rurales. Du porte-à-porte en fait, qui est assuré par les « Grameen ladies », près de 250 femmes recrutées dans les communautés grâce aux réseaux de la Grameen Bank. Dans un premier temps, nous nous sommes heurtés à leur réticence à l’idée de sortir seules, ainsi qu’aux craintes de leurs maris. Aujourd’hui, les résultats suivent : chaque femme vend entre 30 et 100 yaourts de la marque Shoktidoi par jour, quand nos prévisions tablaient sur 40 yaourts au quotidien.

Cela leur suffit-il pour vivre ?

Ces femmes touchent entre 0,7 et 1 taka (BDT) par yaourt qui en vaut 5. Une lady qui en écoule 50 gagne donc l’équivalent d’un salaire minimum journalier pour environ 4 heures de travail. A côté de cela, nous achetons le lait au-dessus du prix du marché à 500 fermiers, eux-mêmes équipés grâce aux microcrédits de la Grameen, et nous leur garantissons un débouché.

Certains critiquent les taux importants, proches de l’usure, que doivent rembourser les clients des microcrédits de la Grameen. Qu’en pensez-vous ?

Les taux importants sont une caractéristique du microcrédit. Ils sont plus coûteux car les employés de la Grameen vont rencontrer leurs clients chaque semaine. Ils apportent des moyens de développement à des populations qui n’y avaient pas accès. En outre, les clients doivent réussir leur projet avant de pouvoir réemprunter. Ce sont surtout des femmes : Grameen développe ainsi une force de travail et une capacité d’initiatives jusqu’ici inutilisées, mais n’en fait pas pour autant des esclaves à vie… Il faut rappeler que sans la Grameen notre projet n’aurait jamais vu le jour. Cette institution est à la fois un exemple d’entreprise sociale et l’ONG la plus commerciale. Elle fait du business depuis trente ans.

Au-delà d’une belle campagne de communication, quel bénéfice Danone espère-t-il en tirer ?

Vous parlez à un idéaliste ! Nous menons ce projet car c’est en partie l’avenir et la mission de Danone que d’apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre. C’est aussi très important pour mobiliser nos salariés. Notre investissement (un million de dollars par usine) devrait être rentabilisé d’ici à quatre ans. Nous ouvrons là un nouveau marché, mais ce ne sera pas une machine à faire de l’argent. L’objectif est plutôt de créer un modèle pérenne : cette usine est la plus petite du groupe, dans un pays qui a peu d’infrastructures et où les gens n’ont pas de réfrigérateur. Mais nous l’avons installée au plus près de nos clients, ce qui leur permet d’avoir enfin accès à des produits frais et d’approvisionner à pied ou en rickshaw.

Au Bangladesh, la moitié des 144 millions d’habitants n’a pas les moyens de s’alimenter correctement. Ne craignezvous pas d’être une goutte de yaourt dans un océan de pauvreté ?

Danone ne va pas sauver le monde, mais nous espérons contribuer à ce que des gens vivent mieux. L’objectif est que chaque usine puisse « approvisionner » 350 000 enfants. Si nous créons les 50 usines prévues, cela ferait près de 18 millions de personnes. Aujourd’hui, les Bangladais mangent un yaourt local très sucré, plutôt les jours de fête. Nous souhaiterions les inciter à une consommation quotidienne, ou au moins deux fois par semaine pour que cette consommation ait des effets significatifs sur la santé, qui seront évalués par l’association Global Alliance for Improve Nutrition [Le site de Gainhealth]. Notre yaourt n’est pas cher (6 centimes d’euro), mais cela reste un investissement pour les plus pauvres, les 22 % de la population qui gagnent moins de 1 euro par jour. Nous ciblons donc plutôt les personnes qui gagnent entre 1 et 3 euros par jour (53 % des Bangladais), pour lesquels « l’effort » est tout de même de 5 % à 6 % de leurs revenus pour deux enfants qui consommeraient des yaourts 3 fois par semaine. —


Un programme de 50 usines

Danone a inauguré en février 2007 son usine de yaourts à Bogra, dans le nord du Bangladesh, en partenariat avec le groupe Grameen (dont le président Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, possède 50 % de la nouvelle société, Grameen Danone Food). La multinationale française a créé une quarantaine d’emplois dans cette première usine (une deuxième va bientôt ouvrir), mais assure surtout de l’activité aux fermiers locaux, débiteurs de la Grameen Bank, et à ses ladies, converties en « VRP de yaourts » (elles devraient être 2 000 à Bogra d’ici deux ans). Le champion des produits laitiers veut quadriller le Bangladesh avec, à terme, une cinquantaine d’usines installées au coeur des communautés. Objectif : faire vivre 1 600 personnes par site. Et donner le goût du yaourt Danone à tout le pays.

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  • Que peut-on faire avec un cochon trop maigre ?

    Pas grand chose...

    Pour manger un cochon, il faut bien commencer par l’engraisser.

    Quand il a bien profité, l’affaire devient bonne, on en fait des jambons, des boudins, des saucisses et du saucisson et même des tripes !

    Dans sa grande générosité, DANONE va donc permettre au Bangladesh de "s’engraisser"...

    Pour mieux le "manger" plus tard !

    17.01 à 12h37 - Répondre - Alerter
    • Avec ce raisonnement, il ne faudrait rien faire pour améliorer la situation sanitaire et économique d’un pays sous prétexte que l’enrichissement de la population profiterait aux entreprises. Car après tout, même si l’aide venait d’une ONG ou de l’Etat lui-même, l’enrichissement de la population profiterait d’une façon ou d’une autre aux entreprises venues s’installer, non ?
      Permettez-moi de pointer ici la vacuité (ou le trop-plein idéologique ?) de votre argument.

      Pour info, je travaille pour danone.communities.

      Voir en ligne : danone.communities

      31.01 à 11h44 - Répondre - Alerter
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