L’une est flanquée de l’âne démocrate. L’autre de l’éléphant républicain. Avions, autocars, trains... Les caravanes présidentielles vont sillonner les Etats-Unis de la côte Ouest à la côte Est, jusqu’en novembre prochain, direction le "bureau ovale" et la présidence de la première puissance mondiale. Tout oppose les principaux candidats. D’un côté, le "président de guerre" sortant George W. Bush aura traversé l’une des crises majeures de l’histoire contemporaine, déclenché deux conflits, alloué plus d’un milliard de dollars quotidiens aux dépenses militaires et porté les chiffres de la croissance américaine à 4% en 2003. De l’autre, ses challengers, John Edwards et John Kerry, se posent en alternative à ce qu’ils nomment le "pouvoir des lobbies", et exhortent les Américains à chasser "W" de la Maison Blanche.
- Illustration : Ponofob
Les vannes sont grand ouvertes
Opposés sur le fond, l’âne et l’éléphant ont pourtant un point commun : leur victoire sera aussi - surtout - une affaire d’argent. Ce dernier est aux Etats-Unis, plus qu’ailleurs, le nerf de la guerre électorale. Pour l’élection qui s’annonce, les vannes sont déjà grand ouvertes. En 2000, George W. Bush avait réuni près de 170 millions de dollars pour se faire élire. Son infortuné rival, le vice-président sortant Al Gore, disposait d’un budget de 130 millions "seulement". Quatre ans plus tard, la course aux fonds ("funds race") a déjà permis à George W. Bush d’encaisser 132 millions de dollars (plus de 100 millions d’euros). Et son équipe claironne qu’il aura réuni la somme record de 200 millions de dollars avant la Convention républicaine du 30 août.Bush et les démocrates à égalité
Dans le camp démocrate, les primaires en cours aboutiront à la désignation d’un seul candidat. A lui de défier le président sortant le 2 novembre prochain. Avant son retrait le 18 février dernier, Howard Dean battait la campagne assis sur un matelas de près de 42 millions de dollars. John Kerry, qui n’en est qu’au début de sa levée de fonds, en a réuni 25 millions, John Edwards 17 millions environ. Même les candidats qui ont jeté l’éponge ne peuvent être qualifiés de "petits joueurs". Joe Lieberman et le général en retraite Wesley Clark disposaient de près de 14 millions de dollars chacun. Si bien que les candidats en lice dans ces primaires démocrates totalisent la somme de 135 millions de dollars. A égalité avec "W".Des équipes pléthoriques
"L’argent achète le président", titrait récemment le New York Times. Une étude réalisée par Charles Lewis pour l’organisation indépendante d’investigation Center For Public Integrity montre que c’est notamment la capacité d’un candidat à lever d’importantes sommes qui lui permet de s’installer dans le bureau ovale. "Vrai", confirme François-Bernard Huyghe, docteur en sciences politiques, enseignant à HEC et à l’Ecole de Guerre Economique. "Aux Etats-Unis, explique ce spécialiste de la vie publique américaine, la politique est avant tout une affaire économique et financière. Construire une campagne en vue de gagner la Maison Blanche nécessite de monter une équipe pléthorique de collaborateurs, tous experts dans leurs domaines."- Illustration : Ponofob
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