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18-01-2007
Mots clés
Finance
Europe

La banque à qui personne ne veut parler

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La Banque centrale européenne est obsédée par l'inflation, et ne veut pas entendre parler d'emploi. Du coup, elle endosse le rôle de bouc émissaire.
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Feu sur la Banque centrale européenne ! Comme à la veille de chaque scrutin électoral, presque tous les partis politiques français accusent la BCE de plomber la croissance. La dernière polémique anti-Francfort, où siège la banque présidée par le Français Jean-Claude Trichet, remonte à la décision prise par ce dernier, le 7 décembre 2006, de relever les taux d’intérêt pour la sixième fois de l’année. Au risque de renchérir le coût du crédit. De pénaliser les investissements des entreprises et les acheteurs de biens immobiliers, et de plomber l’attractivité du crédit-consommation.

Que lui reproche-t-on ?

Nicolas Sarkozy assure ainsi qu’"augmenter à présent les taux d’intérêt aurait des conséquences lourdes sur la croissance et sur l’emploi". Côté PS, Ségolène Royal dégaine l’artillerie lourde : "Ce n’est plus à M. Trichet de décider de l’avenir de nos économies, c’est aux dirigeants démocratiquement élus." Les deux candidats à la présidentielle ont pourtant approuvé le traité de Maastricht, à l’origine des statuts de la BCE. "En France, le discours sur l’Europe est très largement tributaire de la politique intérieure", note la politologue Corinne Balleix. Parmi les anciens partisans de Maastricht, seul le centriste François Bayrou reste droit dans ses bottes. "La Banque centrale a une mission : lutter contre la hausse des prix qui touche de plein fouet les petits revenus." Jean-Claude Trichet ne fait finalement qu’appliquer un règlement rédigé par les politiques et soumis au vote des parlements ou des électeurs européens en 1992 et 1993. Même si, à l’évidence, les principes de fonctionnement sont d’inspiration allemande. "Les Allemands ont accepté l’abandon du mark au profit de l’euro en échange d’un engagement de leurs partenaires en faveur d’une stabilité monétaire garantie par une BCE indépendante", souligne Corinne Balleix.

Une BCE castratrice

Désormais, les treize pays de la zone euro ne peuvent plus dévaluer leur monnaie pour doper la compétitivité de leurs produits à l’export. L’introduction de la monnaie unique a mis fin aux "dévaluations compétitives" qui gonflaient la balance commerciale des uns (par exemple l’Italie) au détriment des autres (par exemple l’Allemagne). Exit ainsi la lire et le franc « faibles » du début des années 1980, époque marquée par une forte inflation et des dévaluations en cascade. Dans le droit fil de la Banque centrale allemande, la BCE veille scrupuleusement à maintenir l’inflation au minimum, c’est-à-dire sous la barre des 2 %. L’idée étant d’abaisser à long terme les coûts des économies européennes afin de renforcer leur compétitivité au niveau mondial.

Pas servie par les Etats-membres

Sauf qu’aujourd’hui, politique de « l’euro fort » oblige, on constate plutôt l’inverse. Et pour cause. Les produits vendus en devises européennes sont plus chers que ceux libellés en dollars, yens ou yuans. Avec pour conséquence la perte de parts de marché des entreprises du Vieux Continent. Au point que certains économistes voient dans la surévaluation de l’euro l’une des causes principales du chômage endémique en Europe continentale (France, Allemagne, Italie), à l’opposé des bons chiffres de l’emploi aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Dans ces deux pays, la Banque centrale se fixe comme objectifs, outre le contrôle des prix, la croissance et l’emploi, et ce, sous la surveillance du législateur. "Le président de la Réserve fédérale américaine doit justifier tous les mois sa politique devant le congrès", remarque l’économiste Dominique Plihon, président du conseil scientifique du mouvement Attac.

Tout le contraire de l’UE, incapable d’instaurer un gouvernement économique qui permettrait d’équilibrer le pouvoir de la BCE, irresponsable sur le plan politique. Désignés par les gouvernements et non élus au suffrage universel, les dirigeants de la BCE profitent en quelque sorte du vide créé par les dissensions entre Etats membres. Une situation d’autant plus absurde que "l’inflation, qui obsède tant la BCE, a été largement vaincue dans nos pays, estime Dominique Plihon. Avec la concurrence des pays émergents, aucune entreprise européenne ne peut plus se permettre de laisser filer les prix sous peine de sanction immédiate des marchés." Et de proposer un encadrement politique de la BCE, obligée de répondre à des objectifs précis en matière de croissance et d’emploi, sous peine de sanctions de ses dirigeants, comme en Nouvelle-Zélande. Reste à convaincre les douze partenaires de la France au sein de la zone euro.

Sources de cet article

Le site de la BCE

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