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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
1-11-2011

Les faiblesses du scénario Négawatt

Alors que François Hollande et le parti socialiste semblent se convertir à la sortie du nucléaire, le scénario Négawatt est devenu crucial pour espérer réussir cette sortie. L'association Négawatt a imaginé en 2006 que la France pourrait sortir de sa dépendance dans les années 2030 à condition d'appliquer une stratégie qui combine un mix d'énergies renouvelables avec la recherche d'une meilleure efficacité et de la sobriété.

Le 29 septembre, l’association Négawatt rendait public la mise à jour de son scénario. Rendons hommage à ce travail remarquable qui permet d’imaginer sereinement une méthode concrète et réaliste pour faire évoluer notre politique énergétique.

Or, le scénario Négawatt n’est .... qu’un scénario, c’est à dire une belle histoire pour un film. Il reste maintenant à trouver des financements et des techniques qui permettent de le faire vivre. Là dessus, Négawatt manque de précision et fait preuve de faiblesses.

Comme le dit son président, Thierry Salomon, "il ne faut plus nous contenter d’une simple vision prospective mais réfléchir aux moyens d’y arriver". Pointons ces faiblesses et ouvrons la voie sur les solutions éventuelles pour en sortir.

Distinguons trois types de difficultés sur lequel le "scénario" doit progresser :

- la sobriété suppose des changements de pratique de la part des consommateurs. Il faut donc changer les mentalités et le "point de vue" des acteurs sur cette question. Or, cela prend du temps. Nos contemporains ont toujours vécu dans une société consumériste où les conséquences du gaspillage ne sont pas toujours comprises. Malheureusement, l’évolution des comportements suppose une évolution des prix qui doit permettre de réguler les consommations. Prétendre à la fois développer la sobriété et garder des tarifs énergétiques "acceptables" peut se révéler contradictoire.

Solutions : installer des tarifs énergétiques progressifset taxer les énergies non renouvelables selon la méthode des contributions incitatives.

- le scénario dit exactement quand et par quelles voies nous pouvons nous en sortir. Mais il ne dit pas, aussi précisement, comment nous allons le faire. Il ne fait qu’esquisser les politiques volontaristes qu’il va falloir mener. Dans une société française, où la gouvernance libérale a laissé l’Etat abandonner des pans entiers de sa souveraineté, il ne suffira pas de changer un article de la constitution, de promulger une loi d’orientation et d’installer une haute autorité. Ces préalables devront être accompagnés par des outils pragmatiques nouveaux qui permettent d’avancer rapidement. Au XXIéme siècle, les politiques réglementaires sont trop aisément contournables pour être des leviers suffisants. Seule une politique fiscale volontariste permettra d’agir : à cet égard, le scénario Négawatt prévoit une politique fiscale et la généralisation des systèmes de bonus-malus. Il s’agit de bonnes pistes qu’il va falloir creuser.

Solutions : des contributions fiscales multiples permettant de répondre à la complexité des situations, utilisant le principe de bonus-malus et permettant de financer la transition énergétique.

- le scénario suppose une meilleure efficacité énergétique : l’isolation des bâtiments anciens est le principal frein à cette meilleure efficacité. Alain Grandjean estime que cet énorme chantier aura un coût à 500 milliard d’euros. Dans le contexte économique et budgétaire actuel, il s’agit d’un rêve inaccessible : nous n’avons plus les moyens de financer ces rénovations.

Le scénario Négawatt tient compte de l’arrivée de 7 millions de français nouveaux d’ici 2050 : il faudra les loger. Il s’agit d’un autre enjeu qui semble insurmontable dans le contexte actuel, alors que les villes se sont étalés dangereusement et que la pénurie de biens immobiliers est un problème politique majeur.

Mais rien n’est insurmontable, si on sait mener une politique d’innovation volontariste. Faisons une proposition qui permettrait de réussir le scénario Négawatt : développons, comme le fait le canton de Genève actuellement, le rehaussement des immeubles en centre ville.

Cette technique permettrait à la fois de s’attaquer au problème de la pénurie foncière tout en finançant la rénovation écologique des bâtiments réhaussés.

Conclusion : le scénario Négawatt est novateur et réaliste, il faut maintenant que ces concepteurs aillent plus loin en imaginant les outils concrets politiques qui rendront possible "le film" qu’ils ont inventé.

COMMENTAIRES ( 5 )
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  • Merci pour ces deux commentaires.
    Je comprend les craintes à propos du titre. Négawatt est une pépite et on peut craindre les contre-attaques.
    Mais il faut justement exercer son regard critique sur le contenu du scénario. Il faut y traquer les moindres faiblesses et aider ses auteurs à améliorer son contenu pour qu’il devienne ... inattaquable.
    C’est mon objectif dans cet article. je ferais le même travail critique au fur et à mesure que Négawatt va améliorer sa démarche : qui aime bien châtie bien !

    2.11 à 15h02 - Répondre - Alerter
    • Bien sûr qu’il est nul ce scénario NégaWatt qui fait la chasse aux Watts alors qu’il existe le scénario NégaTep (sauvons.leclimat.org) qui fait
      la chasse aux énergies fossiles polluantes et pas aux usages propres de l’électricité partout où c’est possible

      27.01 à 13h38 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    Message aux auteurs des "Les faiblesses du scénario Négawatt". Merci de faire attention au choix des titres coup de poing qui malheureusement sont retenus et repris par le public et les autres médias. Celui-ci donne vraiment l’impression que vous discréditez les scénarios alors que vous esquissez les pistes pour les réussir.
    Votre deuxième paragraphe ("Or, le scénario...") lu un peu vite va dans le même sens.

    On peut ne pas être d’accord avec NégaWatt, notamment sur la "vitesse de sortie" et sur l’exigence du maintien du niveau l’activité économique (société de croissance, et encore cela reste à voir...). Il n’en reste pas moins que cette approche "rassurante" est à ménager et qu’il convient de ne pas fournir des éléments (dont l’utilisation sera détournée) au partisans du nucléaire.
    Cordialement

    2.11 à 11h45 - Répondre - Alerter
  • Le 29 septembre dernier, l’association négaWatt a présenté publiquement son « scénario négaWatt 2011-2050 », en donnant volontairement priorité aux aspects énergétiques : il s’agissait dans un premier temps de démontrer la faisabilité d’une trajectoire réaliste et soutenable, tant en terme de ressources que de rythme de mise en œuvre. Un résumé des mesures proposées figure déjà cependant dans les deux dernières pages de la synthèse du scénario.

    Comme nous l’avons indiqué à de nombreuses reprises, nous travaillons depuis plusieurs mois sur les modalités plus politiques, sociales, économiques et fiscales de la transition énergétique proposée : des propositions détaillées, souvent novatrices, seront publiées dans les prochaines semaines et réunies dans un livre-manifeste à paraître en janvier 2012. Beaucoup d’entre-elles sont des réponses précises et documentées aux interrogations que vous mentionnez (tarif progressif, fiscalité environnementale, financement de la rénovation, etc).

    « Faiblesses » donc, du scénario négaWatt ? Jusqu’à présent, la quasi-absence de critiques fondées sur la faisabilité technique du scénario est pour nous plutôt une force, et ce que vous pointez comme des « faiblesses » ne sont en fait que la traduction du « comment s’y prendre pour le mettre en œuvre ? ».

    Cette impatience est pour nous un encouragement à poursuivre dans la voie que nous avons commencé à tracer. Mais dans un pays aussi lourdement handicapé par des décennies de débats tronqués sur l’énergie, l’indispensable pédagogie prendra nécessairement un peu de temps : merci donc d’avoir encore un peu de patience !

    Pour l’association négaWatt
    Thierry SALOMON
    Président
    contact@negawatt.org

    1er.11 à 17h48 - Répondre - Alerter
    • Le scénario Négatep - Actualisation 2010 www.sauvonsleclimat.org
      Le scénario Negatep vise, conformément aux objectifs de la loi d’orientation sur l’énergie de 2005, la division par 4 des rejets de CO2, ce qui implique à peu de chose près, de diviser par 4 la consommation de combustibles fossiles.

      Outre les économies d’énergie, sans lesquelles le « facteur 4 » serait inaccessible, il faut remplacer, le plus possible les combustibles fossiles, par des sources d’énergie non émettrices de gaz carbonique, aussi bien en chaleur directe, que via le vecteur électricité.

      La version 2007 du scénario se basait sur des données antérieures à 2006. Depuis, de nombreuses études ont été publiées et plusieurs éléments nouveaux sont intervenus, dont le Grenelle de l’environnement, la directive européenne « énergie – climat » dite « 3 x 20 » et l’engagement spécifique de la France de produire 23 % de son énergie à partir d’énergies renouvelables dés 2020. Force est de constater que les choix issus du Grenelle de l’environnement pour atteindre ces différents objectifs ne sont pas tous optimisés, faute d’avoir défini et appliqué des critères économiques permettant de rechercher les meilleurs compromis coût/bénéfice.

      Une réévaluation de Négatep s’imposait : c’est l’objet de Negatep 2010 qui confirme les grandes orientations de Negatep 2007. Pour atteindre l’objectif facteur 4, l’étude montre qu’il faut :

      - Pratiquement supprimer le pétrole et le gaz dans le résidentiel et le tertiaire. Les moyens existent, en combinant une meilleure isolation, les énergies renouvelables chaleur associées ou non à des pompes à chaleur, et l’électricité directe exploitée intelligemment. Le problème majeur est le financement, dont les difficultés devraient conduire à rechercher systématiquement les voies les moins coûteuses.

      - Réduire très fortement le pétrole pour les transports. Il s’agît là d’une double révolution : repenser la mobilité (transports en commun, fret) et remplacer le pétrole par l’électricité, soit directement dans des véhicules hybrides rechargeables ou électriques, soit en apportant tout ou partie de l’énergie nécessaire à la synthèse des biocarburants.

      - Limiter sérieusement les combustibles fossiles dans l’industrie. Ceci implique notamment des modifications de procédés (et donc des investissements lourds).

      - Augmenter fortement la part de l’électricité dans le mix énergétique, maintenir la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité et, tant que des moyens économiques de stockage n’auront pas été développés, limiter la part des électricités intermittentes au niveau que le réseau électrique peut supporter sans augmenter les capacités des centrales à gaz.

      27.01 à 15h25 - Répondre - Alerter
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