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23-02-2011
Mots clés
Politique
Sciences
Climat
Monde

Pluies diluviennes et changement climatique sont bien liés

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Pluies diluviennes et changement climatique sont bien liés
(Photo : innondations à Rockhampton, Australie, 9 janvier 2011. Credit : NASA Earth Observatory)
 
Deux études viennent d'établir un lien entre le réchauffement du climat et les récentes inondations survenues aux quatre coins du globe. Les climatologues s'y intéressent de près, les politiques et les avocats aussi.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Angleterre, automne 2000 : plus de 10 000 habitations inondées, des autoroutes coupées et quelques 4 milliards d’euros de dégâts. Pakistan, été 2010 : 10 millions de personnes fuyant leur logement sous des pluies diluviennes, au moins 1 760 morts et plus de 15% des surfaces de culture affectées. Australie, décembre 2010 : plus de 200 000 habitants touchés dans 22 villes par des inondations qualifiées de « bibliques », 750 millions d’euros de dommages... Le point commun à ces épisodes de précipitations extrêmes ? Ils sont bel et bien liés au changement climatique. La seule variabilité naturelle de l’atmosphère, elle, ne suffit pas à expliquer l’augmentation de tempêtes, de chutes de neiges et de pluies dramatiques qui dévastent le globe depuis quelques années. C’est en tout cas ce qu’affirment deux études, publiées la semaine dernière dans la revue Nature (1), formulant ce que les experts pressentaient mais qu’aucun travail scientifique n’avait jusque là démontré : les émissions humaines de gaz à effet de serre « influeraient » sur la récurrence actuelle des catastrophes naturelles.

« Travail d’avant-garde »

La plupart des 10 experts climatiques à qui Associated Press a demandé leur avis sur ces résultats sont formels : ils sont « solides » et « forts ». « Mettez ces deux papiers ensemble et nous commençons à voir émerger une tendance : nous devons nous attendre à ce que continue cette augmentation d’inondations causées par des précipitations extrêmes, et ce en raison de l’augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Et nous n’avons personne d’autre à blâmer que nous-mêmes », a ainsi déclaré à l’agence de presse américaine Andrew Weaver, de l’Université de Victoria, au Canada.

Dans The Guardian, le professeur Bob Watson, conseiller scientifique en chef au ministère de l’environnement britannique et ancien président du Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques (Giec), n’a quant à lui pas hésité à qualifier ces recherches de « travail d’avant-garde ». « Cette recherche montre que le changement climatique d’origine anthropique n’est pas un problème à venir dans les prochaines décennies ou siècles : c’est un problème auquel nous faisons déjà face aujourd’hui », a renchéri dans les pages du quotidien britannique Chris Huhne, secrétaire d’Etat britannique pour l’énergie et le changement climatique.

Et ce « problème » pourrait bien être d’une envergure bien plus importante que prévue, comme l’a expliqué au Monde Sandrine Bony, chercheuse au Laboratoire de météorologie dynamique de Jussieu. « Ces résultats indiquent également que la tendance à l’augmentation des fortes précipitations en réponse à l’accumulation des gaz à effet de serre est sous-estimée par les modèles en regard de ce qui se produit dans la réalité ».

Les pollueurs doivent mettre la main à la poche

Mais, plus que l’intérêt scientifique de ces travaux, c’est surtout leurs répercussions en terme politiques et économiques qui a agité la presse étrangère. En Australie, qui a connu les plus graves inondations de son histoire récente en décembre 2010 et janvier 2011, le journaliste Matthew Wright s’insurge dans les pages du Daily Telegraph, le quotidien national. « La réticence de nos politiciens et des médias à attribuer les inondations dévastatrices dans le Queensland au changement climatique n’est rien d’autre que de la lâcheté. La science est dans le vrai. Nous devons accepter le verdict selon lequel le changement climatique conduit à des catastrophes plus fréquentes et plus graves  », écrit-il. « J’aimerais savoir à hauteur de combien d’argent l’industrie du charbon va-t-elle contribuer ? […] Etant donné qu’elle est un des principaux moteurs du changement climatique, elle devrait être celle à débourser de l’argent pour aider les Australiens touchés à se reconstruire ».

Mêmes interrogations quant aux indemnisations de ces catastrophes dans The Guardian. « Ce travail rend les poursuites contre les grands pollueurs plus probables, explique l’avocat Richard Lords QC, expert sur les litiges climatiques à Brick Court Chambers de Londres. Apporter la preuve que la probabilité d’un événement a augmenté de 100% ou 200% vous donne une bien meilleure chance de montrer le lien de causalité ». Le New York Times rappelle quant à lui que de quelques 100 milliards de dollars par an viennent d’être alloués à un fonds onusien par les pays riches pour aider les pays pauvres à s’adapter au changement climatique. « Parce que l’argent est sur la table, il va tout à coup être dans l’intérêt de tous d’être une victime du changement climatique, a expliqué Myles Allen R., un chercheur de l’Université d’Oxford, dont le groupe a participé à l’étude focalisée sur les inondations britanniques. Et de rappeler l’utilité de tels travaux : « nous avons besoin de développer de toute urgence la base scientifique qui nous permettra d’être être en mesure de distinguer les véritables effets du changement climatique dans ces conséquences malheureuses du mauvais temps ».

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

1 commentaire
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  • Félicitations pour cet excellent article, sur un sujet souvent mal compris par le grand public.

    Autant la perception humaine du réchauffement des températures moyennes est imperceptible ou sur un rythme très lent (évolution du biotope, anticipation des saisons...), autant l’accélération des intempéries donne une idée immédiate et très concrète de la rapidité avec laquelle le climat évolue.

    Nicolas - http://www.technoscopie.info

    25.02 à 14h09 - Répondre - Alerter
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