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L’Inde, services compris

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Si la Chine attire les projecteurs, son voisin indien avance aussi ses pions. Sa recette : tout miser sur les services informatiques. La contrepartie : une fracture sociale bien difficile à résorber.
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Pour poser un orteil en Inde, il faudrait presque prendre son ticket d’attente. Côté français Alcatel, Thomson, des banques, ou bien Renault ont ouvert le bal. Cet été, le groupe Axa a suivi la meute et s’est allié à la société d’assurance indienne Bharti. À la clef, l’ouverture sur un marché gigantesque. "Certes la classe moyenne indienne ne représente qu’environ 10% de la population, mais cela équivaut déjà à plus de 100 millions d’individus. Et cette classe continue d’augmenter chaque année, le potentiel est énorme, assure, enthousiaste, un représentant du groupe.

Bienvenue au pays du salarié qualifié et pas cher

Comme la moitié des 500 plus grandes entreprises mondiales, Axa a aussi développé une plateforme de sous-traitance qui travaille pour ses agences implantées aux Etats-Unis, en Australie ou en Angleterre. Principale motivation ? "Une main-d’œuvre qui présente à la fois les avantages de celle d’un pays en développement et de celle d’un pays riche : bon marché et qualifiée", ajoute un représentant d’Axa. Un cocktail rare, surtout si l’on y ajoute la maîtrise de l’anglais. Au total, on compte en Inde près de quatre millions de chercheurs (contre 1,36 millions en Europe [1] prêts à travailler pour cinq à dix fois moins cher qu’un ingénieur européen. C’est plus que suffisant pour faire de l’Inde un Eldorado pour les grandes entreprises désireuses de réduire le coût de gestion de leurs données informatiques, comptables ou juridiques.

Pour autant, l’Inde n’est pas qu’un simple atelier de sous-traitance. "Depuis quelques années, les sociétés indiennes ont choisi la voie de l’innovation grâce à une amélioration constante de la qualification de leur main-d’œuvre. Infosys, devenue un modèle de performance dans la création de logiciels, est un exemple parmi beaucoup d’autres", commente Jackie Assayag, directeur de recherche au CNRS.

Banco sur les services

Cette stratégie de développement centrée sur les services est le fruit de la politique de soutien aux hautes technologies lancée dès les années 1970. La vague de réformes libérales entamée en 1991 par l’actuel Premier ministre Manmohan Singh - il était alors ministre des Finances - y a aussi fortement contribué. Avec 8,3% de croissance cette année, ce secteur représente désormais plus de la moitié du PIB indien (contre seulement un tiers en Chine). Les entreprises Wipro et Tata Consulting Services, devenues leaders mondiales dans ce secteur, sont les figures de proue de cette réussite.

L’Inde a ainsi remodelé le visage de l’économie mondiale des services, en venant concurrencer directement les pays riches et en accélérant les délocalisations. Sur ces sept dernières années, les exportations indiennes de services ont triplé et les investissements directs à l’étranger de services se sont envolés. Après l’agriculture, puis l’industrie, c’est donc maintenant sur le terrain des services que les pays riches doivent affronter la concurrence des pays émergents.

Poches de pauvreté

Mais cette stratégie du "tout service" n’est pas sans risque. "Ce secteur est peu créateur d’emplois et privilégie l’embauche des classes les plus éduquées de la population. Dans un pays qui reste marqué par les inégalités, cette croissance par définition élitiste est un problème de taille", souligne Jackie Assayag. En Inde, 400 millions d’individus vivent encore sous le seuil de pauvreté, et les inégalités se creusent parallèlement à la libéralisation de l’économie du pays. Pour les combattre, la marge de manœuvre de l’Etat est réduite.

Avec une dette publique qui frise 90% du PIB, les autorités ne pourront pas augmenter significativement leurs investissements publics. Pourtant, les besoins sont flagrants : le manque de voies de communication bloque le désenclavement de certaines régions, autant de poches de pauvreté dissimulées derrière des îlots de prospérité. Le miracle indien offre donc deux facettes, incarnées d’un côté par Bangalore, sorte de "Silicon Valley" prospère et dynamique, et de l’autre par la région de Madhya Pradesh, marquée par la misère et l’analphabétisme. Un gouffre que la plus grande démocratie du monde devra combler si elle veut atteindre son objectif : décrocher la médaille de bronze sur le podium des plus grandes puissances économiques mondiales à l’horizon 2050, derrière la Chine et les Etats-Unis.

[1] Eurostat 2000 (l’Europe ne comptait alors que 15 membres).

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  • La force informatique de l’Inde provient en partie des étudiants,
    travaillant des heures à la création d’un nouveau logiciel...
    Le tout grâce au libre, seul domaine abordable pour vivre.
    A moins de migrer aux Etats-Unis, où la prise en charge
    des chercheurs fait rêver plus d’un Indien anglophone.

    La force touristique de l’Inde provient en partie d’une culture
    basée sur le système de classes, échelle irréelle,
    où les plus rejetés n’ont pas le droit d’espérer y grimper.
    A moins de se construire un avenir avec les ONG,
    seul espoir dans une contrée où les parias servent
    uniquement de photos souvenirs pour les touristes.

    N’osons pas continuer la liste, par peur de la réalité...

    26.11 à 10h28 - Répondre - Alerter
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