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8-11-2010
Mots clés
Sciences
Biodiversité
France
Chronique

Amateurs, la science a besoin de vous

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Amateurs, la science a besoin de vous
(Crédit photos : Dreamstime/openphoto - Mathieu Carton/MNHN)
 
Demander à des anonymes de compter les pies bavardes ou de noter la floraison des primevères, c'est de la « science participative ». Une pratique qui a permis de belles découvertes, raconte Gilles Boeuf, président du muséum national d'Histoire naturelle.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Depuis toujours, certaines grandes institutions de recherche, et c’est bien le cas du muséum national d’Histoire naturelle, ont fait appel et intimement collaboré avec les « Sociétés savantes ». Même si celles-ci sont quelque peu entrées en désuétude depuis, les relations se sont amplifiées avec le monde associatif et participatif, associations de protection de la nature ou de spécialistes de taxons (1) divers. Certains programmes tournent grâce à la passion et à la disponibilité des « amateurs ». Le programme « Vigie nature » (2) du Muséum est particulièrement emblématique en ce sens.

En fait, dans beaucoup de disciplines ou pour des groupes floristiques ou faunistiques particuliers, l’apport participatif a été majeur, par exemple en botanique, ornithologie ou entomologie. De « grands chercheurs » du Muséum ont été associés à des amateurs éclairés et ont contribué massivement à la mise en évidence de la diversité des habitats et des espèces. Les « grandes expéditions » ont participé activement (et continuent à le faire) à l’engouement national et ont engrangé des données et connaissances sans équivalent, à la base des connaissances actuelles concernant la biodiversité au sens large et la notion de « points chauds » (3).

Ces programmes « participatifs » tournent essentiellement autour d’études sur la durée (abondance (4) ou phénologie (5) d’une espèce) ou de projets d’inventaires. Cette union de forces institutionnelles et participatives a donné des résultats remarquables, parfois excellents, quelquefois spectaculaires, en permettant à la fois des publications au meilleur niveau et aussi des propositions vers le ministère de l’Ecologie de modes de gestion plus pertinents et rationnels de divers environnements.

Le premier défi concerne la façon d’engranger et d’archiver les données. Cela doit être le plus simple et le plus convivial possible. Quand ces données ont été traitées, elles doivent ensuite être accessibles pour tous les participants et les documents de synthèse doivent faire l’objet d’une large diffusion. L’un des points-clés de la science participative est la restitution – la plus complète et ouverte possible – des données, mais surtout des travaux de synthèse. C’est à ce prix que les « participants » se sentent valorisés et respectés et acceptent de travailler dans la durée, point essentiel pour acquérir des séries. Celles-ci sont indispensables pour la validation et la qualité du travail. Le monde vivant est éminemment dynamique et c’est dans la durée que nous serons capables de mettre en évidence les impacts des activités anthropiques et le changement global. Beaucoup plus que les valeurs absolues de différents paramètres, c’est la vitesse du changement qui est informative et permet d’estimer l’urgence des réactions à apporter.

De la part des deux parties, des réserves ont été émises. Pour les scientifiques, il est clair qu’ils vont valider à la fois les « fournisseurs de données » et leurs données. Sur certains groupes « difficiles », des scientifiques ont aussi émis des réserves sur la qualité des données engrangées et surtout sur la capacité du système à en tirer des conclusions fiables et utiles. Ceci a été le cas de beaucoup de programmes au démarrage. A l’inverse, les « participants » ont aussi reproché aux scientifiques leur absence de « transparence », le temps mis à traiter les synthèses et la qualité de la restitution.

En matière de biodiversité, comme d’ailleurs pour toute science participative, compréhension, respect mutuel sont essentiels, les scientifiques trouvant ici une extraordinaire connaissance archivée chez ces associations et « amateurs », passionnés et souvent excellents, eux-mêmes trouvant auprès des chercheurs la passion d’une vie, une reconnaissance et un mode de travail permettant une utilisation la plus pertinente possible des données.

(1) Un ensemble d’organismes vivants aux caractères communs.

(2) Ce programme consiste à faire appel à des observateurs volontaires pour suivre les espèces communes de la faune et de la flore.

(3) Un endroit de la planète qui a une activité volcanique régulière.

(4) Quantité relative au nombre d’individus d’une espèce sur un territoire donné.

(5) Apparition d’événements périodiques (floraison, feuillaison…) déterminée par les variations saisonnières du climat.

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Biologiste et président du muséum national d’Histoire naturelle

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