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23-08-2010
Mots clés
Politique
Energies
Etats-Unis
Chronique

Steven Chu et l’énergie du futur

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Steven Chu et l'énergie du futur
(Yves Mathieu Crédit Photo : DR)
 
Quand le secrétaire américain à l’Energie évoque sa vision de l'avenir devant les représentants de 24 gouvernements, il parle oiseaux migrateurs, lobbies industriels et faiblesses des bâtiments aux Etats-Unis.
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J’aime écouter Steven Chu, le secrétaire américain à l’Energie. Cet homme porte un des défis les plus importants des Etats-Unis dans l’administration Obama, celui de la mutation énergétique du pays. Reconnu pour ses talents de manager, Chu reste un scientifique hors pair (il a reçu le prix Nobel de physique et poursuit ses interventions dans l’univers de la recherche) ; il est aussi un diplomate habile tant dans les affaires intérieures (il fait face aux lobbies les plus puissants du monde) qu’extérieures des Etats-Unis (avancer avec la Chine, l’Inde, l’Europe, la Russie et… les pays de la péninsule arabique sur cette question). Le tout avec des talents de pédagogue exceptionnels.

Les 19 et 20 juillet derniers, il présidait au Ronald Reagan Center de Washington DC, le premier sommet ministériel visant à accélérer la transition vers l’énergie propre. Les 24 gouvernements réunis à son initiative représentent 80% de la consommation énergétique globale. Que nous a-t-il dit ce matin-là ? En vrac, quelques éléments :

Chu a l’habitude de présenter un graphique cartographiant l’efficacité énergétique de tous les carburants et réservoirs énergétiques connus et utilisés par les humains dans leurs activités. Ce graphique positionne la graisse humaine à peu près à équivalence avec le gasoil. Ce qui lui permet toujours de souligner à son auditoire l’importance d’améliorer notre utilisation de cette ressource énergétique portable et utilisable dès qu’on en a besoin, sans aucune infrastructure et sans émissions de CO2 (il oublie la consommation, mais c’est une autre histoire).

Une autre de ses diapositives fait la comparaison entre un Boeing 777 et un oiseau migrateur, la barge rousse. Tous les deux sont capables de voler 11 000 km sans escale (des scientifiques ont observé des barges rousses quitter l’Alaska et atterrir en Nouvelle-Zélande onze jours plus tard, sans avoir touché le sol), et tous les deux perdent 50% de leur poids pendant ce voyage ! Mais l’un le fait de manière renouvelable !

Steven Chu aime reprendre des articles de la presse de voici dix, vingt ou trente ans. Les lobbies industriels y affirment que les mesures prises par le gouvernement en matière de normes et de recherche d’efficacité vont se traduire par des hausses importantes de coûts et des destructions de valeur au niveau des marchés. Chu compare ces propos avec les courbes réelles qui montrent la baisse continue des coûts qui a suivi, et la croissance des secteurs en question.

Il fait donc une priorité de l’action du gouvernement dans la détermination des standards d’efficacité. Et depuis peu, 40 avocats de son administration poursuivent devant les tribunaux tous les fabricants qui utilisent les labels officiels de manière trompeuse pour les consommateurs (de manière surprenante, au cours des huit années précédant l’administration Obama, aucune action de ce type n’avait été entreprise par l’administration américaine). Il annonce que d’ici à 2020, 20 millions de véhicules automobiles électriques circuleront dans le monde (dont plus de 5 millions en… Chine).

Chu annonce une révolution dans le domaine du bâtiment. Tout d’abord, il remet en cause les labels d’efficacité énergétique de type LEED (Leadership in Energy and Environmental Design, le label américain pour les bâtiments à haute qualité environnementale). Ces labels reconnaissent la performance du design, pas la performance énergétique réelle du bâtiment. Il montre un graphe indiquant que sur un échantillon étudié, plus de la moitié des bâtiments labellisés « LEED gold » ont une efficacité énergétique réelle bien inférieure à celle qui était prévue. Ensuite, il annonce une innovation sans précédent dans la conception des bâtiments.

Il nous rappelle que chaque voiture qui circule aujourd’hui est équipée de centaines de capteurs qui plusieurs fois par seconde optimisent le cycle énergétique. Dans une maison, on en est encore à des systèmes rudimentaires, qui font que l’efficacité énergétique pourrait être améliorée de 30% à 40% si la maison était équipée de capteurs agissant comme ceux des voitures. Enfin, toujours dans ce secteur, une des mesures – apparemment élémentaire – qu’il propose, c’est de généraliser les toits blancs. Les traditionnels toits sombres captent l’énergie du soleil (et demandent une débauche d’énergie pour les refroidir), transforment les rayons solaires en puits de chaleur urbains et contribuent à l’effet de serre au niveau global (parce que les fréquences du rayonnement de chaleur n’est pas identique à celles des rayons reflétés par les toits blancs). La transformation de l’ensemble des toits américains conduirait à une augmentation de l’efficacité énergétique des bâtiments de 10% à 20% et permettrait d’avoir un effet équivalent à retirer toute les voitures des routes pendant onze ans !

L’image finale de Steven Chu ? Le clair de terre photographié par un astronaute le 24 décembre 1968. Avec ce rappel à ses collègues ministres : « Il n’y pas d’autres endroit pour vivre ». Pour terminer, voici une phrase d’un autre intervenant de cette matinée : « Au XXe siècle, c’est le développement du réseau électrique qui a soutenu la prospérité économique. Au XXIe siècle, ce sera l’efficacité énergétique ». A méditer.


Yves Mathieu est directeur de Missions Publiques, équipe de consultants spécialisés dans l’accompagnement de programmes de démocratie participative et d’amélioration des politiques publiques. Il est depuis janvier 2007 volontaire dans l’organisation The Climate Project, fondée par Al Gore, et y assume la fonction de manager du district international. Observateur de la société américaine par ses séjours réguliers à Washington, Yves livre dans sa chronique un regard engagé en particulier sur les enjeux politiques, sociétaux et citoyens de la lutte contre le changement climatique.

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Yves Mathieu est directeur de Missions Publiques, spécialisée dans l’accompagnement de programmes de démocratie participative et d’amélioration des politiques publiques . Il est depuis janvier 2007 volontaire dans l’organisation The Climate Project fondée par Al Gore.

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