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25-11-2004
Mots clés
Social
Europe

Lisbonne, c’est par où ?

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En 2000, les chefs d'Etat et de gouvernement européens avaient adopté "la stratégie de Lisbonne". Trois axes : l'économie, le social, l'environnement. Et un objectif : concurrencer les Etats-Unis. Problème, cette stratégie est un grand fourre-tout et à mi-parcours, les objectifs semblent inaccessibles.
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C’était un projet très ambitieux. La stratégie de Lisbonne, adoptée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens (la plupart de gauche) en mars 2000, avait cet objectif précis et démesuré : faire de l’Union européenne la région la plus compétitive du monde d’ici à 2010. Il s’agissait de rattraper en dix ans le niveau de compétitivité des Etats-Unis. Mais la stratégie adoptée pour y parvenir est propre au Vieux continent, et non un pâle reflet du modèle américain : devenir "l’économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable de croissance durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi, d’une plus grande cohésion sociale et d’un respect de l’environnement." Rien de moins ! Selon le texte, un taux de croissance de 3% est "réaliste". Avec, à la clé, le plein-emploi.

Programme irréaliste

Concernant les moyens, une centaine d’actions concrètes sont fixées, de la réforme des régimes de protection sociale au développement de la recherche et de la formation en passant par la libéralisation des services (transports, électricité, etc.). Un "beau" programme en perspective. Mais à mi-parcours, tout le monde en convient, un programme totalement irréaliste. Il faut revoir la stratégie globale de Lisbonne à la baisse. Le rapport Kok, sur l’état d’avancement des travaux, remis lors du conseil européen du 4 novembre dernier à Bruxelles, indique même que "beaucoup reste à faire pour éviter que Lisbonne ne devienne synonyme d’objectifs ratés et de promesses non tenues."
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Photo de famille à Lisbonne le 23 mars 2000. Crédit : Conseil de l’Union européenne

Où en est-on concrètement, à mi-cours ? D’abord, aucun pays ne tient les objectifs fixés par Lisbonne. A commencer par ceux concernant la mise en place d’une économie du savoir. Parmi les 25 pays que compte désormais l’Union européenne, seuls deux d’entre eux, la Finlande et la Suède, consacrent comme prévu 3% de leur PIB à la recherche et au développement. Deuxième point, le plein-emploi. On en est encore bien loin. En cette période morose, où le chômage fait rage, seuls la Grande-Bretagne et le Danemark atteignent les taux d’emplois escomptés, 70% de la population en âge de travailler. Premier problème, le processus de Lisbonne englobe trop de domaines différents, ce qui le rend incompréhensible. Le rapport préconise donc de ramener le nombre d’actions concrètes d’une centaine à... quatorze.

Deux visions du monde

Le texte demande également une nouvelle impulsion politique. Si la stratégie de Lisbonne est en panne, les acteurs comme les observateurs européens jugent que c’est parce que les gouvernements traînent la patte. "Sans aller jusqu’à prendre l’exemple de Margaret Thatcher dans les années 1980, il faut prendre des mesures radicales, martèle Michel Fouquin, directeur adjoint du Centre d’études prospectives et d’informations internationales. En fait, tant que l’Allemagne, qui est la principale économie d’Europe, ne prend pas de réformes, aucun pays ne bougera. Le problème, c’est que tout le monde considère que la situation est encore vivable. Elle est très mauvaise, mais ce n’est pas encore la catastrophe." Voilà pour la vision "libérale".

Mais l’enjeu est ailleurs, rétorque Harlem Désir, député européen socialiste. "Il y avait une ambiguïté dès le départ, avec un programme de libéralisation souhaité par Tony Blair et un programme plus social impliquant des investissements dans la recherche, la formation et l’environnement. Et là, à mi-parcours, la ligne de pente est libérale. On est face à une tendance qui part du principe que pour restaurer la compétitivité européenne, il faut aligner le marché du travail et les coûts européens sur le reste du monde. C’est une illusion. D’abord parce qu’on n’attendra jamais les coûts salariaux de la Chine. Et ensuite parce que l’on va perdre les atouts de l’excellence, de l’innovation et des normes européennes. Il faut investir dans le capital humain."

Dès le mois de janvier, la nouvelle Commission Barroso va remettre ses propositions sur la révision de la stratégie de Lisbonne. Ensuite, il y a aura un débat au parlement européen. Et les chefs d’Etat et de gouvernement européens adopteront une nouvelle version de la stratégie de Lisbonne au sommet de Bruxelles en mars prochain. Si le calendrier reste inchangé et 2010 demeure le point d’horizon, le contenu, lui, peut évoluer. Mais il s’agira toujours d’un compromis.

A lire également :
Le dossier sur la Stratégie de Lisbonne de Café Babel

Euractiv : Agenda de Lisbonne, les ONG réclament davantage de social

Le dossier sur la Stratégie de Lisbonne, sur le site de l’Union européenne

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