Contre le changement climatique, place aux jeunes !

Eté 2006. Une conférence de presse, quelque part en Amérique du Nord.

– Un journaliste : « Monsieur Gore, maintenant que votre film est terminé, qu’allez-vous faire ? »

– Al Gore : « Je vais former 1 000 personnes. Et avec moi, ces personnes vont partager les connaissances acquises dans le domaine du changement climatique, et contribuer à ce que des mesures se prennent au niveau individuel, des communautés locales, des entreprises et au niveau politique. »

Octobre 2006, le premier groupe d’une petite centaine de volontaires passe trois jours à Nashville (Tennessee) avec Al Gore et son équipe. C’est le lancement du projet climatique, The Climate Project. La pédagogie est mise au point avec les scientifiques qui travaillent avec celui qui va devenir prix Nobel de la Paix. A la clé, pour chaque participant, une meilleure compréhension des phénomènes, des enjeux, des risques et des solutions à mettre en œuvre. Et une capacité à faire des présentations avec le matériel original développé par Al Gore. Un site de type « wiki » réservé à la communauté des présentateurs formés par Al Gore permet de rester en contact, échanger des informations, proposer des initiatives.

Printemps 2010. 3 500 personnes ont été formées aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, Inde, Mexique, Espagne, Royaume-Uni. Au programme de 2010, le Brésil, la Chine et sans doute l’Europe. En trois ans seulement, des millions de personnes ont été touchées par le message lors de présentations faites par les volontaires du projet climatique partout dans le monde.

Al Gore avait tenu à ce que des jeunes soient présents dans les différentes formations. Aussi, une vingtaine de présentateurs âgés de 12 à 18 ans sont devenus ambassadeurs du projet climatique dès 2007. Le dynamisme dont ils ont fait preuve dans leurs communautés l’a convaincu de concevoir un programme qui leur serait dédié.

Il y avait bien au départ les éditions pour jeunes du livre d’Al Gore qui avaient déjà porté un message adapté aux jeunes audiences. Mais ici, l’idée est d’aller beaucoup plus loin et de permettre aux adolescents et jeunes adultes de donner de la voix, de contribuer aussi aux actions et aux décisions en faveur du climat. Et de prendre le leadership de la lutte contre le changement climatique.

« Ils auront à gérer le problème que nous avons provoqué quand ils seront aux postes décisionnels, autant leur donner un espace d’initiative, d’action et de décision dès maintenant » pourrait être un propos introductif de ce désir d’impliquer les jeunes.

Ce désir vient de se concrétiser par deux initiatives. La première fut lancée le Jour de la terre 2010. C’est un site communautaire, « The inconvenient youth » (la jeunesse qui dérange), nommé ainsi en référence au titre original de l’ouvrage d’Al Gore, « The inconvenient truth ». Le but : créer un réseau social dédié à la lutte contre le changements climatique, associant des jeunes qui ont envie d’échanger, d’agir et de proposer des idées. Et qui ont envie que leur vision du monde soit prise en compte par les décideurs politiques.

La seconde, c’est un programme destiné aux étudiants des campus universitaires américains, lancé très récemment par l’autre ONG initiée par Al Gore et à laquelle 5 millions de personnes apportent leur soutien, « The Alliance for the Climate Protection ». L’enjeu : initier dans tous les campus des plans d’action visant à tendre vers la neutralité carbone, en prenant des initiatives visant à modifier les mix énergétiques et les comportements.

Ces deux programmes ne mettent-ils pas le doigt sur ce qui aurait pu conduire à un sommet de Copenhague concluant et engageant ? Ceux qui auront à gérer le problème climatique que nous avons provoqué – et dont ils « héritent » –, méritent sans doute d’être pris en compte dans le processus décisionnel immédiatement. Et pourquoi ne pas confier le sommet de Cancún au Mexique à un collectif de 170 jeunes représentant les nations du monde, en acceptant de se plier à leur sagesse ?