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Bruno Palier : « Pas de retraite durable sans croissance durable »

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Bruno Palier : « Pas de retraite durable sans croissance durable »
(Photo : Manifestation à Nantes (mai 2008). Crédit : Manuel Cannevet - Flickr)
 
Vous avez dit « retraite durable » ? La formule est souvent reprise par les politiques dans le débat actuel. Qu'en pense Bruno Palier, spécialiste des réformes des systèmes de protection sociale en France et en Europe ?
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Terra eco : La majorité UMP, le PS et Europe Ecologie défendent, chacun à leur manière, le concept de « retraite durable ». Qu’évoque-t-il pour vous ?

Bruno Palier : « Franchement, l’utilisation des mots « retraite » et « durable » accolés, je ne comprends pas bien. Sauf si c’est pour dire qu’on doit penser le système comme pérenne sur le long terme, dans la durée, ce qui va de soi. »

En quoi la retraite est-elle une question de développement durable ?

« Il n’y aura pas de retraite durable sans croissance économique durable et sans création d’emplois. Puisque l’on fait des projections à 2050, démographiques notamment, pourquoi ne pas en profiter pour définir une stratégie économique de long terme ? Pour préparer l’entrée de la France dans une économie de la connaissance, de l’innovation, basé sur un système de l’éducation et de la formation efficace, où la recherche et le développement pèsent 3 à 4% du PIB. Les gouvernements successifs ont préféré défendre la vieille industrie, sauver les activités déjà en place, rogner sur les prix… Ce n’est pas comme cela qu’on va développer un économie solide dans trente ans. Il ne faut pas oublier que les retraites ne sont qu’une conséquence de notre politique économique, et pas l’inverse. Qui parle vraiment d’avenir économique ? Je ne l’entends pas dans le débat actuel. »

Ce manque d’anticipation est-il un mal français, selon vous ?

« La Finlande, la Suède mais aussi les Etats-Unis construisent des modèles solides. En Amérique, on investit massivement dans la nouvelle économie, les nouvelles technologies, numériques ou vertes, les services… Et, par ailleurs, on investit dans le financement massif des retraites par le secteur privé. On peut être en accord ou pas avec cela, mais au moins il y a a une réelle stratégie économique. En France, quoi de vraiment neuf depuis la puce électronique, Areva et le minitel ? Le problème français actuel, c’est le manque d’argent. Donc le gouvernement est contraint à des arbitrages. Il me semble que le choix de la croissance verte, soutenu par Jean-Louis Borloo, en est un. Mais quand on voit la pression exercée par les parlementaires UMP, qui s’y sont pris à quatre reprises pour faire reculer l’éolien, on se dit qu’on n’est pas capable d’aller au bout des choses, qu’il n’y a a pas de vision cohérente. »

A plus court terme, pour rééquilibrer la balance, faut-il mettre à contribution les retraités d’aujourd’hui ?

« Pour remettre sur les rails un système de retraite plus durable et plus juste, il faut, dans l’immédiat, faire jouer la solidarité générationnelle dans l’autre sens. Ceux qui ont les moyens d’épargner aujourd’hui, ce sont les retraités. Et il faut remobiliser cette épargne. D’ailleurs, qui va souscrire au Grand Emprunt sinon les retraités ? »


Bruno Palier est chargé de recherche du CNRS au Cevipof (Sciences Po). Il travaille sur les réformes des systèmes de protection sociale en France et en Europe. Dernier ouvrage paru : un « Que sais-je ? » sur La réforme des retraites (PUF, 2010).

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  • Parfaitement d’accord avec Bruno Palier, il faut repenser le système social ET le système économique en sortant des vieilles lunes. Aujourd’hui quand on fait le compte des jeunes chômeurs, et des chômeurs de plus 55 ans, on se dit qu’il vaudrait mieux de jeunes retraités, et des jeunes au travail. Je proposerai donc d’une part, non pas d’allonger l’age de départ à 62 ans mais de le ramener à 55 ans, et d’autre part, de supprimer les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Voilà de jeunes nouveaux salariés qui pourront investir et s’investir dans leur avenir, voilà de jeunes retraités qui pourront utiliser leur nouveau temps de loisir en toute tranquillité sans la peur du lendemain, ce qui économiquement provoquera une nouvelle relance par la demande, et globalement le nombre d’heures de Production Nationale ne pourra qu’augmenter. Moins de chômeurs, moins de cotisations chômage nécessaires. Non c’est trop simple... si c’était possible.. quelqu’un y aurait déjà pensé !!

    2.07 à 12h34 - Répondre - Alerter
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