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24-02-2015
Mots clés
Société
Climat
Monde

Papis et mamies font de la résistance au changement climatique

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Papis et mamies font de la résistance au changement climatique
(Crédit photo : DR)
 
Ils ont 68 ou 79 ans, sont anglais ou norvégiens et luttent, plus ou moins légalement, contre les dérèglements climatiques. Au nom de la justice intergénérationelle, le militantisme aux cheveux blancs prend son essor.
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Bristol, sud-ouest de l’Angleterre. La banque Barclays, championne nationale de l’investissement dans l’énergie fossile, est occupée par des écologistes véhéments. Désemparé, le responsable de l’établissement appelle la police. Une fois sur place, les agents donnent l’ordre d’évacuer. Les quatre militants résistent : ils ne sortiront pas de leur plein gré. Face à la détermination du groupuscule, les renforts arrivent. Rien n’y fait. Avec politesse mais détermination, ces partisans d’une économie décarbonée tiennent leur position. Soudain, ils réalisent que l’heure de sortie des écoles approche et que les employés de la banque ont sans doute des bambins à aller récupérer. Il quittent alors les lieux, encadrés par les hommes en uniforme. Les photographes immortalisent le moment. Mission accomplie. La scène se passe en mars 2013 et les militants ont alors… entre 65 et 77 ans.

Sur le front de la lutte pour le climat, des commandos aux cheveux blanc se multiplient. A Bristol et à Oxford, au Royaume-Uni, mais aussi au Canada, en Norvège, en Australie, ou en Suisse, des milliers de grands-parents, exaspérés par l’inaction des gouvernements et la lenteur des négociations, montent au front contre le dérèglement global. Qu’importe si certains ne seront plus là pour voir le fruit de leur combat, ces papis et mamies, réunis en associations, sont bien décidés à mettre les décideurs sous pression.

Les policiers sont plus réticents à brutaliser des personnes âgées

« Si le dialogue ne fonctionne pas, nous sommes prêts à enfreindre la loi », reconnaît Phil Kingston, le doyen des activistes de Barclays. « Risquer une arrestation et une condamnation est moins grave à nos yeux que l’avenir de nos petits-enfants », poursuit ce membre de l’association Grandparents for a Safe Earth. Plus à l’est, à Oxford, le groupe Grandparents Climate Action salue l’audace des collègues de Bristol. « Leur stratégie est futée : s’enchaîner à une banque présente moins de risques pour des grand-parents que pour de jeunes militants », glisse malicieusement Nancy Lidisfarne, fondatrice de l’association, avant de préciser sa pensée : « Des policiers qui brutalisent des personnes âgées, ça ferait mauvais genre… »

Distribution de tracts, manifestations… Son groupe, créé il y a tout juste un an, est plutôt partisan de la méthode douce. « On marche aux sentiments, c’est ce qui fait la force de notre engagement », explique cette habituée des manifestations en famille. « Prendre soin de nos petits-enfants au quotidien ne suffit plus, embraye Halfdan Wiik, à Oslo. Avec les menaces environnementales qui pèsent sur eux, si on se préoccupe vraiment de leur avenir, il faut agir politiquement », estime le retraité, mobilisé depuis la naissance, en 2005, de sa première petite-fille. Pour lui, le combat climatique est une question « de justice intergénérationnelle ».

« Rappeler que les décisions se prennent sur le temps long »

« Notre génération est celle qui a le plus profité d’une croissance basée sur les énergies fossiles : nous avons donc le devoir de rembourser et de corriger le tir, autant que possible », développe ce grand-père de 68 ans. Son association, Norwegian Grandparents’ Climate Campaign, née en 2006, est l’une des premières du genre. Huit ans après sa création, elle réunit plus de 1 200 membres et compte plusieurs antennes régionales. « Il y a 400 000 grands-parents en Norvège, nous avons encore une forte marge de progression », lance le militant dans un rire franc.

En attendant de voir gonfler leurs rangs, les activistes misent sur la force symbolique de leur âge. « On a une position morale dans la société », rappelle Halfdan Wiik. « C’est difficile de contredire des grands-parents », renchérit Philip Kingston. « Et on ne peut pas nous plus nous accuser d’agir pour notre propre intérêt », conclut Nancy Lidisfarne. La clémence des policiers n’est pas le seul privilège de l’âge : « les retraités ont souvent un peu d’argent et beaucoup de temps, souligne la grand-mère, ce qui fait de nous de bons militants ». L’activiste de 70 ans reste pourtant lucide : « Nous sommes avant tout un groupe d’appoint, nous nous greffons aux manifestations pour ajouter de la diversité et, peut-être, une forme de profondeur. » Un rôle de sage que souhaite également endosser Philip Kingston. « Les politiciens sont focalisés sur les prochaines élections, les acteurs économiques sur les prochains résultats financiers, on est là pour leur rappeler que les décisions se prennent le temps long », explique cet universitaire à la retraite.

« On montre nos muscles »

En Norvège, les aînés ont donc entrepris un intense travail de lobbying. « On multiplie les courriers aux élus, aux entreprises. On montre nos muscles », s’amuse Halfdan Wiik. A ses yeux, la décision de la compagnie norvégienne Statoil de ne pas extraire de sables bitumineux au Canada est « une première victoire collective », un signe que les mentalités changent. « Les jeunes qui nous voient militer sont très enthousiastes devant notre engagement », se réjouit-il. Pas question donc d’abandonner les actions de rue. « En tant qu’aînés, nos actes ont valeurs d’exemple, notre visibilité est cruciale », poursuit-il.

La stratégie de sensibilisation est finement pensée. « On éduque les petits-enfants qui, à leur tour, peuvent sensibiliser leurs parents », explique le militant. Mais ce travail dépasse largement le noyau familial. « Nous demandons à chaque membre de l’association d’expliquer ce qu’est notre mouvement dans tous les groupes sociaux qu’il fréquente, précise Nancy Lidisfarne. Ce qui fait qu’on commence à parler climat dans les églises, les associations de charité, ces lieux peu fréquentés par les jeunes militants. »

Nancy, Halfdan, Philip s’inspirent mutuellement. Avec les Canadiens, les Suisses et les Australiens, ils communiquent par Internet, en rêvant d’une internationale des grands-parents contre le changement climatique. La naissance d’un nouveau mouvement, le mois dernier en Belgique, leur donne une nouvelle raison d’espérer. Mais Nancy Lidisfarne trépigne : « Tenez nous au courant quand les Français se seront lancés ! »

Pour aller plus loin
- Grandparents for a Safe Earth
- Le mouvement en Suisse
- Le mouvement en Belgique

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