La tomate
Née au Pérou et domestiquée au Mexique, la tomate débarque en Europe au retour des conquistadors espagnols. Sa large diffusion lui assure une grande diversité de goûts, de couleurs et de formes. Mais, au XXe siècle, on a sélectionné les tomates les plus rouges et – sans le savoir – délaissé le gène responsable de la saveur du fruit, a révélé une étude publiée dans la revue Science en 2012. Si de nombreuses variétés fleurissent à nouveau, attention cependant aux faux amis. (« Les sélectionneurs ont pris la typologie des variétés anciennes et y ont introduit des gènes de résistance. Ces fruits ne sont pas les mêmes que les tomates anciennes », avertit Mathilde Causse, spécialiste de la tomate à l’Inra. Attention également aux appellations : « On a tendance à donner le nom de Cœur-de-bœuf à toutes les tomates grosses et côtelées mais la vraie Cœur-de bœuf-s’appelle en fait Cuor di bue et n’est pas côtelée », poursuit Arnaud Darsonval, directeur de la ferme de Sainte-Marthe. —
Quelques variétés anciennes à (re)découvrir
La Cuor di bue, donc, et la Reine des hâtives. L’Orange Bourgouin est, elle, délicieuse en confiture. Le « prince jardinier » Louis-Albert de Broglie conseille, lui, des variétés plus exotiques, comme la New Zealand Pear, « très intéressante en salade », ou l’américaine Verna Orange, « toute en chair ».
La pomme de terre
Dans la famille patates, peu de variétés manquent à l’appel, assure Jean-Eric Chauvin, directeur-adjoint de l’Institut de génétique, environnement et protection des plantes (Igepp). Mais une branche inquiète. La solide patate de conservation – récoltée à l’automne et gardée jusqu’au printemps – se porte bien, mais la primeur – plus petite et savoureuse, on la mange au printemps entre deux saisons de patates de conservation – est menacée. Car depuis que les « conservation » se… conservent mieux et sont vendues tout l’année, la production de primeurs s’effondre. « Les industriels et les grandes surfaces préfèrent sacrifier la pomme de terre primeur, riche en vitamine C, en emplois et peu traitée, pour privilégier la patate de conservation, calibrée, stockée avec des antigerminatifs ou dans des frigos énergivores », déplore Isabella Saporta dans Le Livre noir de l’agriculture (Fayard, 2011). Consommateurs et jardiniers, en saison, choisissez les primeurs ou les nouvelles ! —
Quelques variétés anciennes à (re)découvrir En primeur : Amandine, Apollo ou Corne de gatte. Pour aller plus loin, l’Igepp détient la liste d’une centaine de variétés correspondant à la Collection nationale française. Il s’agit de variétés créées en France ou ayant eu une importance significative dans l’Hexagone, mais qui ne sont plus commercialisées actuellement. Pour les voyageurs, le centre international de la pomme de terre, basé au Pérou, abrite 80 % des 5 000 variétés qui existent au monde.
La carotte
Pour retracer l’histoire de la carotte, suivez sa couleur de peau. Quand elle naît dans l’actuel Afghanistan, elle est violette. Les variétés qui arrivent en Europe de l’Ouest, au XIVe siècle, sont jaunes ou pourpres. Deux siècles plus tard, au fil des sélections, la France cultive surtout des blanches… jusqu’à ce que les carottes oranges du voisin hollandais s’imposent et s’y transforment. « La France a été un centre de diversification jusqu’au XXe siècle, les variétés qui y sont nées portent les noms de localités comme la Parisienne, la Palaiseau, la Meaux ou la Vertou », explique Emmanuel Geoffriau, enseignant-chercheur à Agrocampus Ouest. Mais, après-guerre, l’abandon de ces variétés est « extrêmement rapide ». Depuis 1995, le réseau interprofessionnel « Carottes et autres Daucus » tente de préserver les variétés anciennes : « Il était temps, plusieurs étaient en voie d’extinction », se réjouit Emmanuel Geoffriau. Seules deux variétés françaises ont disparu. Mais attention aussi aux fausses ancestrales. Beaucoup ont été croisées et sélectionnées pour leur conservation et leur rendement. Originalité ne rime pas forcément avec diversité. —
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