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25-02-2014
Mots clés
Alimentation
Agriculture

Salon de l’agriculture : la ruche d’où l’on lance des labels

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Salon de l'agriculture : la ruche d'où l'on lance des labels
(Crédit photo : Cécile Cazenave)
 
La grand-messe de l’agriculture hexagonale accueille son lot d’annonces et de promotions quotidienne. En ce lundi, le ministre lui-même s’était déplacé pour les abeilles.
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Hier, au Salon de l’agriculture à Paris, c’est un petit essaim qui s’est formé sur le stand du ministère de l’Agriculture. Sous la sculpture en bois des Alpes certifié qui ressemble curieusement à un pylône à haute tension, les quatre bancs sont pris d’assaut par des journalistes plus ou moins essorés par un lundi à courir entre les stands de la plus grande ferme du monde, et par des badauds qui n’ont pas vraiment compris de quoi il s’agissait, mais bon, comme il y a du monde…

Au stand d’en face, celui de l’Agence de services et de paiements, « premier payeur européen d’aides agricoles », confidentielle pour le néophyte et par ailleurs désertée, on croit savoir que « le ministre » est attendu. C’est donc lui, le miel du moment. En effet, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, arrive pour soutenir officiellement le lancement du label « Bee friendly », un label européen destiné à promouvoir les produits agricoles respectueux de l’abeille. Sur son revers de veston est épinglé un pin’s. De loin, on croit reconnaître celui que nous a distribué l’attachée de presse de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), le principal syndicat apicole, créateur dudit label, une petite abeille voletant dans un cœur. De près, il s’avère que c’est un badge promotionnel pour la viande bovine française. « Il vient du stand Interbev, au hall 3 », nous indiquera par la suite une blonde, pianotant sur son smartphone, sans qu’on comprenne trop si elle est une assistante ou une fan du ministre. « Quand votre troupeau disparaît, c’est un traumatisme que l’on comprend », lance d’ailleurs Stéphane Le Foll s’adressant aux apiculteurs présents et virtuels. La journée est certes usante et propice aux confusions sémantiques.

Fragiles équilibres économiques

De toutes façons, chacun aura le temps de s’y faire. N’attendez pas à trouver demain, le nouveau logo collé à un pot de yaourt. En Allemagne, où il existe depuis un an, on trouve, en Bavière, des briques de lait et du beurre de la marque Sternenfair arborant le logo. En France, l’Unaf annonce que les premiers produits agricoles certifiés arriveront à la fin de l’année. Probablement des laitages Les 2 Vaches - une marque du groupe Danone - et des fruits et légumes Demain la terre, une association de producteurs. Ces deux entreprises participent en effet à l’élaboration du cahier des charges, en cours de finition. Olivier Belval, président du syndicat apicole, en dévoile néanmoins les principaux : une liste noire de pesticides dont les néonicotinoïdes et certains pyréthrinoïdes, à bannir, l’interdiction absolue des cultures OGM, et des mesures de préservation de la biodiversité, comme la mise en place de haies ou la diversification des cultures, entre autres. « Diminuer les phytosanitaires, ça ne se fait pas en quelques instants, c’est un processus de moyen et de long terme, poursuit d’ailleurs le ministre. Pour des agriculteurs, des tournants trop brutaux peuvent remettre en cause des équilibres économiques trop fragiles. »

On ne sait si, derrières caméras et micros, il aperçoit et même s’adresse secrètement à l’enseigne de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Vérification faite, ces voisins très conventionnels, attablés autour de la pompe à bière à cette presqu’heure d’apéro, n’entendent pas un mot de la conférence de presse et ignorent pour l’instant tout d’un label limitant l’usage des pesticides. Il faudra laisser le temps à M. Abeilles du syndicat de se rencarder pour apprendre qu’il n’est pas contre. « Même si je préférerais un dialogue de bon sens à un énième cahier des charges draconien auquel une partie seulement des agriculteurs pourront coller », explique Julien Delaunay, responsable de la section apicole.

Pas de multiplication des labels

Le ministre sait lui aussi ménager la chèvre et le chou. « Je ne suis pas favorable à la multiplication des labels, glisse-t-il en aparté de son intervention. Mais enfin, celui-là est européen, c’est un signal qu’on envoie à tout le monde : il faut soutenir les pollinisateurs. » D’ailleurs, le bourdonnement ambiant a repris de plus belle, maintenant scandé par ce qui ressemble à des glapissements aigus. Il s’avère qu’il s’agit d’un quiz portant sur les chiffres de la pêche émanant du stand Pavillon de France, la marque du « poisson français », à quelques encablures de là. En cette fin de journée, le public se fait néanmoins clairsemé. Sauf au stand de l’Agence bio, d’où émane une forte odeur de raclette, en réalité une dégustation gratuite de tarte au maroilles - bio bien entendu – qui rencontre un certain succès.

« Notre label n’entre pas en concurrence avec le label bio, c’est un élément complémentaire dédié à la santé de l’abeille », prévient d’ailleurs Olivier Belval. L’objectif est clair : ouvrir la porte à un grand nombre d’agriculteurs qui font des efforts en matière de pratiques agricoles durables. « On préférerait que tout le monde passe en bio, mais il faut être réaliste, le paysage français est conventionnel », abonde Bertrand Auzeral, apiculteur du Lot-et-Garonne et président de l’Abeille gasconne, venu, lui, présenter une charte d’écoute et de dialogue qu’il propose de mettre en place entre les agriculteurs et les apiculteurs de son département. L’argument marketing que représente l’abeille lui semble du meilleur aloi. « Bee friendly, c’est la solution économique à notre démarche auprès des agriculteurs, c’est une carotte : on a déjà des coopératives agricoles qui sont prêtes à se lancer », note-t-il. A la FNAB qu’on imaginait froissée par la création d’un label plus laxiste que le fameux AB en matière de pesticides, la réaction est accueillante. « Ce qui importe, c’est de limiter les dégâts faits à l’environnement et aux abeilles le plus vite possible, il y a une urgence agricole, toutes les mesures positives sont les bienvenues », analyse Juliette Leroux, chargée de la réglementation. L’abeille volante gagne donc pour l’instant les cœurs. Reste à savoir à quelle vitesse elle va se coller à nos produits de grande consommation. En attendant, c’est l’heure, la ruche du hall 4 se vide. Jusqu’au lendemain matin.

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