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Remaniement : NKM et le ministère amputé

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Remaniement : NKM et le ministère amputé
(Crédit photo : Arnaud Perrin)
 
Le « super-ministère » de l'Ecologie n'est plus. Il a viré à l'amer, regrette Serge Orru, directeur du WWF France. En politique comme dans la vie, la fable animalière est génératrice d’enseignement. Démonstration.
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Nicolas Sarkozy aurait eu belle allure en offrant la voilure de l’ancien MEEDDM à Nathalie Kosciusko-Morizet sa nouvelle ministre. Il a, hélas, préféré réduire les voiles en retranchant l’énergie et peut-être la mer de ce ministère qui risque l’amer. L’éolienne écologique du président fait pâle rotor.

Le récent changement d’équipage ministériel a démontré la prédominance en politique de la versatilité sur la vision. Le président de la République, dans le souffle de la houle écologique des ONG (Fondation Nicolas Hulot et l’Alliance pour la planète), avait envoyé un signal politique important après son élection en créant le « super-ministère » de l’Ecologie. Ce ministère avait du poids au sein du gouvernement comme nous le souhaitions.

Or, force est de constater aujourd’hui que le Ministère a été sérieusement amputé :

Première indélicatesse, Nathalie Kosciusko-Morizet n’aura pas rang de ministre d’Etat. Il s’agissait pourtant d’un engagement solennel pris par le chef de l’Etat au moment de sa signature du Pacte écologique. Compétente sur les questions écologiques, en quoi Nathalie Kosciusko-Morizet est-elle illégitime pour avoir rang de ministre d’Etat ? Cet arbitrage traduit sans conteste une rétrogradation de la question environnementale dans les esprits de nos gouvernants.

Le sentiment de perte d’influence est renforcé par le transfert de tutelle de l’Ecologie au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie en ce qui concerne l’énergie, faisant ainsi briller « l’Etat EPR » ! En définitive, le périmètre transversal (écologie, énergie, transport, logement et mer) s’est considérablement réduit si on y ajoute la perte de référence à la « mer » et la réduction du nombre des secrétaires d’Etat rattachés à l’écologie, passant de quatre à deux.

Par ailleurs, l’esprit de cohérence n’a pas suffit à réintroduire dans son champ d’autorité l’aménagement du territoire dont Bruno Le Maire, Ministre de l’Agriculture, aura la charge. Nous exprimons là encore nos inquiétudes. Quel avenir pour la Trame verte et bleue lorsqu’on sait l’influence du lobby de la FNSEA sur l’action de ce ministère ? Sale temps pour les lombrics !

Le défi environnemental constitue l’un des enjeux les plus cruciaux du XXIe siècle. Comment répondre au grand défi de ce siècle, le péril climatique, en divisant les compétences Energie-Climat entre le ministère de l’Industrie et le ministère de l’Ecologie ? Toutes les compétences « climat » doivent être regroupées au sein du Ministère de l’Ecologie, y compris les négociations européennes et internationales.

En politique comme dans la vie, la fable animalière est génératrice d’enseignement. Le dernier remaniement mérite bien le rappel de celle du scorpion et de la grenouille. Un scorpion voulant traverser une rivière demande à une grenouille de le mener jusqu’à l’autre rive sur son dos. Craignant de mourir en se faisant piquer, le scorpion la rassure en lui faisant remarquer qu’il se noierait avec elle, argument qui la convainc. Mais, arrivé au milieu de la rivière, le scorpion pique tout de même la grenouille. Avant de se noyer et d’entraîner avec elle le scorpion, la grenouille lui demande pourquoi il a fait cela. Le scorpion navré lui répond qu’il n’a pas pu s’en empêcher car c’est sa nature.

Quelle que soient leurs orientations politiques, nous avons besoin de gouvernants qui ne renoncent pas aux ambitions écologiques traduites en actes. Faire des questions écologiques une priorité voire une opportunité dès maintenant, c’est éviter demain de les traiter comme un risque colossal et insoluble pour nos concitoyens et les Etats. S’inscrire dans une logique de développement humainement soutenable nécessite de raisonner sur le long terme et de façon transversale : n’est-ce pas cela qu’on appelle une « politique de civilisation » ? Les femmes et hommes politiques doivent changer de nature s’ils veulent réellement éviter de bouleverser la Nature !

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Directeur général du WWF France

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  • Il nous a piqué combien de fois ?
    Avec l’abâtardissement du Grenelle législatif par rapport à celui de la concertation (une fois) ;
    Avec les retraites faussement "négociées" imposées malgré 70% d’opposition (deux fois) ;
    Avec ce remaniement orthogonal à ses engagements (trois fois) ;
    Et j’en ai sûrement oublié !
    Allons nous laisser surpiquer ou alors le noyer ?

    19.11 à 21h44 - Répondre - Alerter
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