Où finissent les vieux livres des bibliothèques ?

Ou trouver des milliers de livres ? Dans une libraire, dans une bibliothèque, mais aussi parfois dans une benne à ordure. Le mois dernier, des Rennais se sont servis dans une impressionnante collection d’ouvrages en bon état, estampillés Ville de Rennes, à l’abandon dans une benne sur un parking municipal.

Tout les livres des bibliothèques municipales sont-ils destinés à connaître le même sort ? Heureusement non. A l’échelle d’une ville comme Rennes, 15 000 livres par an - soit 5% de la collection - sont ainsi retirés des rayonnages chaque année. Ce "désherbage" - c’est le terme utilisé par les bibliothécaires - ne concerne pas toujours des livres en mauvais état : ils sont parfois simplement redondants ou dépassés. Ceux-là sont susceptibles d’être donnés à des associations, vendus lors de braderie. Sinon, ils sont "mis au pilon", c’est à dire détruits, et recyclés dans le meilleur des cas.

En théorie. Car, il peut y avoir quelques bugs. L’adjoint à la culture de la ville de Rennes l’a reconnu, au mois de juin dernier il y a eu une erreur de gestion. "Ces livres se trouvaient dans la réserve de la bibliothèque de la Borderie dont une partie des locaux doit être cédée, le 3 juillet prochain, à l’université de Rennes 1. Les équipes ont donc eu un délai très court pour déplacer les livres et trier ceux qui devaient être conservés, donnés et jetés." Et encore, Rennes n’est pas un mauvais élève du désherbage : elle a signé la "Charte du don de livres", développée par l’ONG Culture et développement, qui fixe un cadre précis pour les dons. Quant au recyclage, il est jugé "impossible" par Marine Bedel, la directrice des bibliothèques de la ville, citée par le mensuel de Rennes, "les codes barres et les plastiques entourant les livres obligerait à les désosser".

Destination Liban, Algérie, Comores...

A Marseille par exemple, c’est l’association Cobiac qui s’occupe de tout. Regroupant les livres d’une vingtaine de bibliothèque en Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle effectue ensuite "un envoi par an et par pays partenaire", indique Monique Ulpat, sa présidente. Cette année, le Liban, l’Algérie, les Comores et l’Égypte vont bénéficier au total de 10 000 ouvrages, majoritairement des livres jeunesse mais aussi des romans, des essais, etc.

Pour autant, rien n’empêche une municipalité de mettre systématiquement ses livres au rebut. La seule obligation est d’obtenir l’accord du conseil municipal puisqu’il s’agit de se séparer de biens publics. Si les mises à la benne aveugles ont existé "à une époque où les bibliothèques n’avaient pas d’alternative au pilon (ce fut le cas pour certaines bibliothèques de la région dans les années 90)", concède Monique Ulpat, celles-ci n’auraient "plus court aujourd’hui en Paca. "La mission première des bibliothécaires reste la conservation", rappelle-t-elle. Et des solutions comme le Cobiac ou Culture et développement font qu’"il n’y a plus de raisons pour que l’on jette des livres massivement".

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