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EELV, les propositions qui font jaser

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EELV, les propositions qui font jaser
(Crédit photo : European Parliament - Pietro Naj-Oleari)
 
Dans le projet d'EELV, trois mesures ont retenu l'attention : la création d'un million d'emplois verts, le passage aux 32 heures et le plafonnement des loyers.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Vivre mieux : vers une société écologique », c’est le nom caressant du « programme d’action pour les temps qui viennent » d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV), présenté samedi 17 décembre par sa candidate Eva Joly. Faisant défaut par son imprécision – EELV a promis de chiffrer les mesures en janvier -, il a le mérite d’être relativement complet et d’aborder une flopée de sujets, significatifs du cheminement de « l’écologie politique » d’EELV vers les questions sociales et économiques.

Si le projet se focalise aussi sur les questions traditionnelles des Verts – l’énergie notamment, avec des objectifs de 40% de renouvelables d’ici 2020 (on en est à 15% en 2010), de réduction de 15% de l’énergie consommée d’ici 2020, et de sortie du nucléaire en 2031 - il fait également la part belle à l’enseignement, l’immigration (fermeture des centres de rétention pour migrants...), la justice (indépendance du parquet...), ou encore la crise économique (taxer les transactions financières, réduire la taille des banques, etc).

Mais parmi les 102 pages du projet, trois propositions ont particulièrement suscité le débat :

- Créer un million d’emplois verts

« La France est malade du chômage. La seule solution qui n’a pas été essayée est de développer l’économie verte », ce qui aboutirait à « créer un million d’emplois » d’ici 2020, avançait, samedi, la candidate aux lunettes rouges.

Le texte d’EELV est un poil moins ambitieux, promettant « la création d’au moins 600 000 emplois sur la mandature par la transformation écologique de l’économie. » Mais qu’importe ces imprécisions, tempère Denis Baupin, l’un des rédacteurs du projet et adjoint du maire de Paris chargé du développement durable. Ce qui compte, c’est de rechercher des filières « intensives en emploi » plutôt que « intensives en capital ». « A énergie comparable, le nucléaire produit sept fois moins d’emplois que les énergies renouvelables, secteur dans lequel la France est pourtant le seul pays à connaître des plans sociaux », reproche-t-il. Allusion aux pertes d’emploi dues au moratoire dans le secteur photovoltaïque. En effet, selon le dernier bilan de l’agence Trendéo, la filière solaire a créé près de 2 000 emplois directs en 2010, contre moins de 100 en 2011.

Le secteur vert est pourtant globalement assez dynamique, « les écoactivités ont mobilisé, en 2009, 427 100 emplois en équivalent temps plein, en hausse de 0,7% par rapport à 2008 malgré la récession », selon un rapport de mars 2011 de l’Observatoire des métiers verts (ministère de l’Ecologie). Autant dire que la tendance à la hausse est déjà amorcée. Dans un autre rapport de janvier 2010, du ministère de l’Ecologie - qui se tourne, lui, vers le futur -, on retrouve curieusement ce chiffre des 600 000 emplois qui seront créés dans les filières vertes entre 2009 et 2020, grâce aux mesures du Grenelle de l’environnement. 225 000 dans l’électricité, 100 000 dans les transports, 40 000 dans l’eau, l’air et les déchets... Les objectifs d’EELV - bien que tablant sur la période plus courte 2012-2017 - seraient-ils déjà bien entamés par le Grenelle ?

Par ailleurs, il est bien beau de créer des emplois verts, mais comment ? Le programme se montre peu disert sur le problème d’adéquation entre les formations et les emplois de l’économie verte. En 2010, le ministère de l’Ecologie soulignait que 16 000 offres proposées par Pôle emploi dans les métiers verts ne trouvaient pas preneurs - dont 75% demandant des qualifications inférieures ou égales au bac pro.

→ Pour en savoir plus : Hors-série Terra Eco & Ademe « 100 métiers d’avenir - trouver un emploi dans l’économie verte »

- Passer aux 32 heures

L’idée : partager le temps de travail non pas entre salariés et chômeurs, mais entre chacun, en travaillant moins. Pour Denis Baupin, la courbe du temps de travail qui suit celle de la croissance de la consommation va dans le mur. Car vient un moment où « on ne peut pas manger deux steaks par repas, dormir dans deux lits ou regarder deux télés en même temps. En plus, on se heurte à deux obstacles : les limites des ressources de la planète, et la dette, des ménages comme de l’Etat, creusée pour relancer une croissance artificielle. »

32 heures ? De quoi faire pâlir tous ceux qui ont déjà mal avalé les 35 heures de Martine Aubry. L’UMP n’a pas tardé à réagir dans un communiqué : cette mesure signera la mort de la compétitivité des entreprises et entraînera des délocalisations. Pire : « il est irresponsable politiquement de vouloir faire croire aux Français que l’on pourra sortir de la crise et retrouver les chemins de la prospérité en travaillant moins, alors que c’est en se remontant les manches et en travaillant plus que nous nous en sortirons », soutient le parti.

L’idée n’est cependant pas nouvelle, défendue de longue date par l’économiste Pierre Larrouturou. Dans une interview à Bastamag , il explique : « La plupart des économistes reconnaissent que les délocalisations ne sont responsables que d’environ 15% des destructions d’emplois. La vraie cause du chômage, ce sont les gains de productivité colossaux enregistrés depuis les années 1970. La productivité a été multipliée "seulement" par 2 entre 1820 et 1960, puis par 5 depuis 1960 grâce à la multiplication des robots et des ordinateurs. Parallèlement, sur les quatre dernières décennies, le temps de travail hebdomadaire a quasiment stagné, alors qu’il avait presque diminué de moitié durant le siècle précédent. » Et de prendre l’exemple de Mamie Nova, chez qui la semaine de 4 jours a aussi permis « une hausse de la qualité de vie au travail ».

- Encadrer les loyers

« Maîtriser les loyers en les encadrant à la location, en alignant les premiers loyers au niveau du quartier et en plafonnant les prix au m2 ». Voici une mesure qui a fait jaser. « Il y a même un petit pays où cela fonctionne, un petit pays exotique : l’Allemagne », ironise Eva Joly. « Presque vrai », répond le blog des Décodeurs du Monde.fr : en Allemagne, un dispositif juridique permet au locataire de se tourner vers la justice s’il juge que son loyer est « supérieur de 20% aux loyers pratiqués pour des logements équivalents » dans le voisinage.

Côté PS, la proposition est reprise par Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, lundi 19 décembre sur France Inter (115ème minute) : il « sera nécessaire d’encadrer les loyers dans les zones de France où c’est extrêmement tendu », lâche-t-il, soulignant que ce n’est « pas le cas partout ». Proposition « stupide », réplique Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au logement, qui craint que les propriétaires ne revendent illico leur appartement, ou du moins, n’entreprennent plus aucun travaux d’entretien.

Pour Denis Baupin, la voix d’Apparu est celle de « la France des propriétaires », défendue par le gouvernement au détriment des droits des locataires. La mesure ne touchant que les zones où les prix de l’immobilier flambent, ces derniers ne seront de toute façon pas à plaindre, estime le blog Avec ou sans toit de Libération.fr  : « La rentabilité locative n’a cessé de croître (...) et la valeur des logements a triplé à Paris depuis 1998 et plus que doublé en banlieue. Le retour sur investissement est tout à fait correct. Il y a peu de chances que les propriétaires arrêtent de louer au prétexte que les loyers seraient plafonnés, car ils perdraient dans ce cas tout revenu locatif (souvent entre 10 000 et 15 000 euros par an pour un deux pièces à Paris). De plus, ils seraient soumis à la taxe sur les logements vacants. »

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  • Pour le million d’emplois, s’il y a des manques, c’est que vous ne vous êtes pas tapé les cent pages du programme détaillé d’EELV.
    Vous y liriez que les 80 % d’aides aux 20% des exploitants agricoles les plus riches seraient inversées. De facto, les "petits" exploitants ( 2 hectares d’exploitation maraîchère suffiraient à faire vivre correctement une famille ) seraient favorisés avec une tendresse particulière pour la filière bio. Le million et quelque d’emplois perdus dans ce secteur serait, pour partie, retrouvé.

    Le non-cumul des mandats ( maire, député, conseiller général/régional, sénateur et j’en passe comme, par exemple, président de tel truc dûment tarifé + vice-président etc, etc....)
    permettrait de créer, à minima, 200.000 emplois.
    Exemple concret sur ma ville : mon maire ( $ ) est aussi président de la communauté d’agglomération ( $ ), conseiller général ( $ ) et directeur d’un établissement social ( $ ).
    A 7 h de travail par jour et par emploi : waouh !!!

    Pour les autres pistes ( et il y en a mais avec un impact moindre ), lisez le programme.

    29.01 à 19h53 - Répondre - Alerter
  • Les propositions franches d’EELV ont le mérite d’obliger les autres candidats à se positionner. Et pour l’instant, les autres candidats ne proposent pas grands choses, pensent ils être ’sauvés’ par les baguettes magiques des Fées Croissance et Technologie ?

    Pour en revenir au fond, l’intérêt des emplois ’Vert’ est qu’ils sont autofinancer par les économies réalisées. Mais il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. Par exemple, l’électricité photovoltaïque est elle vraiment durable et propre ?
    Et il manque à EELV de crédibiliser ses propositions en étant plus précis sur sa méthode, et les moyens à mobiliser, la dessus on ne peut qu’être d’accord avec cet article ou celui de R. Coutouly.

    Enfin, à quoi cela sert il de créer un million d’emplois ’Verts’ d’un coté, si avec la désindustrialisation de la France, un autre million sont détruit.
    Que propose EELV pour supprimer les charges sociales ?
    Elles avaient un sens après la guerre lorsque la France manquaient de "bras", mais elles me semblent être depuis les années 70 un facteur prépondérant expliquant le chômage massif.

    10.01 à 20h26 - Répondre - Alerter
  • En complément de cet excellent article, ma contribution : Les Verts rêvent-ils ?
    Bonne lecture

    26.12 à 12h46 - Répondre - Alerter
  • Quant aux propos d’Apparu, ils sont de la même (petite) veine et viennent du même (grand) néant que toutes les réactions de la droite actuelle qui qualifie toutes les idées (d’où qu’elles viennent) et les gens qui les portent de stupides, d’irresponsables, de rétrogrades etc, etc...
    Il est bien évident qu’on ne peut (ne doit) que s’incliner devant la réussite de toutes les pratiques du capitalisme sauvage et libéral, défendues par Apparu et consorts. Enfin c’est ce qu’ils disent. Pour ma part je n’y vois qu’un chaos dont les responsables devraient être punis. Leur grand chef qui ose visiter un centre des Restos du choeur. Il y a de quoi vomir devant tant d’impudence et de foutage de gueule.

    23.12 à 17h54 - Répondre - Alerter
  • Se nourrir,se vêtir et se loger sont les trois composants de la première marche de la pyramide de Maslow.
    Aujourd’hui, beaucoup s’habillent et se nourrissent ’low cost’. Il faut économiser puisque depuis 30 ans, le prix du mètre carré en location et en accession a explosé (spéculation oblige) alors que les revenus du français moyen n’ont pas suivi cette ascension exponentielle
    Pourtant, se loger reste incontournable. Des trucs (ça n’a pas d’autre nom) qui ne valent rien ou qui n’ont, au mieux, qu’une belle facade (isolation thermique et phonique des années 60, chauffage électrique, mais avec une tourniquette pour faire la vinaigrette...dira le vendeur) sont proposés, sans vergogne ni honte, à des prix de fous, totalement déconnetés des réalités sociétales.
    Il y a 20-30 ans il fallait compter une vingtaine d’années pour rembourser une acquisition. Maintenant l’endettement s’étale sur 30-35 ans.
    L’immobilier est pourtant un des points clés des divers dérèglements constatés tous les jours.
    La fuite vers les communes rurales pour trouver un prix encore abordable obligent à adapter les infrastructures (routières, d’équipements - station d’épuration, écoles, désidératas divers...) et cela pèse bien sur sur les impots de tous. Par ailleurs, comme le travail ne suit pas cette migration, les communes ne sont le plus souvent que des cités dortoirs et chacun s’en retourne (pour ceux qui ont un job) le matin vers les villes et le soir vers sa demeure générant chaque jour deux transhumances démentielles qui n’ont plus aucun sens en plus des coûts que cela génère (deux voitures à entretenir, pollution, temps perdu, fatigue et stress). Nous nous disons pourtant ’civilisés’ mais où est-elle cette civilisation ? Qu’un cm de neige vienne à tomber et c’est la méga catastrophe à tout coup (ça fait quand même un sujet pour le Jt).
    Je rejoins les quelques municipalités qui préemptent les logements vendus vraiment trop chers.
    Je ne sais pas si EELV possède LA solution mais ils ont le mérite de mettre les pieds dans le plat et de proposer autre chose que les usines à gaz de la droite libérale ou les plans Borloo à la noix avec ses maisons sans le terrain pour mettre une chaise et un barbecue.
    Il faudra bien qu’un jour ce problème de l’immobilier soit pris à bras le corps

    23.12 à 17h15 - Répondre - Alerter
  • Entre les propriétaires qui ne louent pas, pour ne pas payer l’entretien de leurs immeubles (eh oui, y’en a...), de celles et ceux qui ont les moyens politiques pour des interventions des forces de l’ordre public (lequel ?!)...et les locataires qui détériorent, par goût ou par paresse, leurs environnements...Il existe des résistances éco-citoyennes et solidaires qui sont brimées, pour exprimer ACTIVEMENT leur Conscience ! Cependant que des syndicats ne réclament de + pour les salaires individuels, en souhaitant maintenir 1 pouvoir d’achat, permettant de perpétuer leurs obésités, entretenant ainsi l’après médiator.. ?!
    Je suis bénévole professionnelle au RSA, et dépasse largement les 35 h/semaine, pour préserver ma Liberté et ce Monde. A quand la reconnaissance du temps/énergie offert solidairement et gratuitement ? Et ne brûle pas de pneus, ni plastique...pour défendre l’atmosphère de mes enfants ! Mais très contente de ne pas être crucifiée pour quelles fêtes.. ?

    23.12 à 11h43 - Répondre - Alerter
    • Certes créer des emplois "verts" est une solution mais pour ma part, seulement une partie de la solution : redévelopper les tissus économiques locaux, créer plein de TPMEs pour reconstituer les liens sociaux et écononiques (et de fait limiter le transport). La solution viendra du bas !

      23.12 à 13h21 - Répondre - Alerter
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