Terra eco : Peut-on dire comme Fabrice Peltier – qui prend pour exemple l’écart entre pays en développement et pays occidentaux - que plus il y a d’emballages moins il y a de gaspillage ?
Souâd Taïbi : Je ne connais pas ses sources. Mais le lien n’est pas si limpide que ça. Différents facteurs peuvent expliquer le gaspillage. Dans les pays faiblement développés, les conditions de conservation peuvent être simplement moins bonnes. Si vous stockez des céréales dans un hangar et que le toit fuit, les céréales risquent d’être bonnes à jeter... Si le lait n’est pas correctement traité, il risque de tourner, etc. Ce n’est pas lié à la présence ou non d’un emballage. Mais à l’absence d’infrastructures correctes de conservation et de stabilisation du produit. L’emballage a un rôle. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne sert à rien. Il a une fonctionnalité de conservation importante notamment pour les produits alimentaires. Mais il faut s’efforcer de le limiter au strict minimum tout préservant les qualités des produits.
Quelles sont les qualités indispensables pour un emballage ?
Il faut d’abord une bonne protection contre les chocs quel que soit le produit. Quand vous achetez des gateaux, ce n’est pas pour avoir des miettes de gateaux. Dans les produits emballés cette fonction est souvent remplie par un étui en carton ou une barquette en plastique. Pour certains produits sensibles, il faut aussi garantir une protection contre l’entrée des microbes. En général, trois types de matière offrent ce type de barrière : le verre, le plastique, le métal des boîtes de conserve. Une protection chimique est aussi nécessaire pour éviter que le produit ne soit touché par l’humidité ou contaminé par les odeurs d’autres produits autour. Mais il y a des manières de répondre à tous ces besoins tout en limitant l’impact et la quantité d’emballages. Certes, vous aurez besoin d’une protection pour éviter que les biscuits ne soient cassés, mais pas forcément qu’ils soient emballés dans des sachets individuels. Ca ne répond pas à une fonction de protection. Ces sachets sont là parce que les industriels pensent répondre ainsi aux besoins du consommateurs.
Pouvez-vous nous donner un exemple d’un emballage efficace mais réduit ?
Oui. Nous proposons chez Biocoop des salades composées prêtes à manger. On a travaillé avec le fournisseur pour nous éloigner de l’habituelle barquette de PET transparente. En reprenant l’analyse fonctionnelle, on a déterminé quel était le type d’emballage le moins impactant. La fonction protection choc est assurée par le carton. Et en contact direct avec l’aliment, on a une couche de plastique qui permet une protection chimique et microbienne, mais la quantité de plastique reste limitée. De manière générale, on cherche à réduire le plus possible l’utilisation des ressources fossiles.
Mais l’emballage n’est-il pas nécessaire pour transmettre les informations essentielles et assurer la transparence ?
On peut procéder autrement. Chez nous, pour les produits en vrac, l’information sur les fournisseurs et les ingrédients est mise à disposition sur les silos et sur des cahiers à côté des produits. L’avantage des produits en vrac, c’est que chaque consommateur peut acheter dans des quantités adaptées à ses besoins. On va avoir un client qui achète un sac de farine de 10 kilos, un autre qui va juste prendre 500 grammes, de quoi faire un gateau. Le vrac permet de lutter contre le gaspillage. On n’a pas besoin d’avoir des monoportions parce qu’on est seul !
Que pensez-vous de l’argument de Fabrice Peltier qui consiste à dire qu’il faut considérer les emballages non pas comme des déchets mais comme des matières premières réutilisables ou même des matériaux réemployables en l’état ?
C’est louable de rechercher des moyens de limiter les déchets ultimes, de vouloir passer de berceau à berceau. Mais les solutions sont encore à inventer. Et ça implique que tout le monde connaisse bien la logique du recyclage. C’est une démarche qu’on a besoin de développer sur le long terme. Le problème c’est qu’on a besoin de solutions maintenant, si on veut limiter les émissions de gaz à effet de serre.
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