C’est l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui a tiré la sonnette d’alarme dans son rapport Perspectives de l’Alimentation en juin 2007. La FAO prévoit une augmentation de la production céréalière de 4,8% entre 2006 et 2007. Les récoltes de céréales s’élèveront donc à 2,1 milliards de tonnes, mais cette augmentation ne suffira pas à satisfaire l’augmentation de la demande.
Le problème, ce n’est pas que la consommation de pop-corn ait augmenté, mais l’explosion de la production de biocarburants. L’alimentation, débouché traditionnel de la production céréalière à raison de 60% pour le gros grain, 70% pour le blé et 89% de la production de riz, risque de pâtir de la vague écologique. Les agriculteurs ont trouvé des clients plus « généreux » chez les producteurs de biocarburants et se tournent donc de plus en plus vers ce débouché. Résultat les prix des produits utilisés dans la production de biocarburants flambent : la facture des céréales secondaires et des huiles végétales devrait augmenter de 13% en 2007.
Malaise dans les assiettes
Aux Etats-Unis, 20% de la production de maïs finit aujourd’hui dans les réservoirs. Conséquence : une augmentation du prix de la tortilla mexicaine de 16% en 2006. Signataire de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et importateur de maïs nord américain, le Mexique subit de plein fouet les conséquences de la vague verte. Le prix de la tortilla, base de l’alimentation Mexicaine, a en effet augmenté de 30% en trois ans.En Europe on ne roule pas au maïs mais au colza, utilisé dans la fabrication du biodiesel. L’utilisation de ces biocarburants devrait connaître une augmentation constante en Europe, une directive européenne fixe en effet un objectif de 5,75% de biocarburant dans l’essence d’ici 2010. Et la recherche se tourne aujourd’hui sur le biocarburant de deuxième génération utilisant des ressources diversifiées issues de plantes ou de graisses animales.
Ce carburant utilisera la totalité des végétaux, tige et tronc compris. Ce carburant gaspillera moins d’énergie, ce qui devrait limiter la concurrence entre secteur alimentaire et non alimentaire. Seule ombre au tableau : les matières organiques seront transformées en alcool, composant du biocarburant de seconde génération. Les distilleries pourraient trouver le marché juteux et abandonner la production d’alcool classique pour se tourner vers l’industrie des biocarburants. Si les Mexicains retrouvent leurs tortillas, les Allemands devront peut-être renoncer à la bière.
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions