Les prix de la honte décernés à Roche et RBC

Organisé depuis 11 ans par la Déclaration de Berne et Greenpeace Suisse, le contre-sommet critique de Davos, Public Eye award, ne perd pas de son allant. Le principe consiste à faire voter les internautes sur les entreprises nominées les plus irresponsables de l’année. Cette année le canadien Banque Royale (RBC) et le groupe pharmaceutique suisse Roche sont lauréats. Pour les organisateurs, il s’agit de montrer "aux acteurs de l’économie mondiale que les conséquences sociales et environnementales de leurs pratiques commerciales ne touchent pas que les victimes de ces préjudices, mais qu’elles affectent aussi la réputation de leurs entreprises."

A lui seul, Roche (80 080 salariés) a reçu le prix du public « People award » et le « Swiss Award ». Motif : il teste l’efficacité de son médicament Cellcept, qui agit contre le rejet d’organes transplantés, sur quelque 300 organes transplantés, dans de nombreuses cliniques chinoises. Or selon Public Eye, le vice-ministre de la Santé chinois a admis fin 2008 dans une revue médicale que plus de 90% des organes transplantés proviennent de prisonniers condamnés à mort, le pays n’ayant quasiment pas de donneurs volontaires. La World Medical Association et d’autres organisations internationales ont pris position, qualifiant unanimement les transplantations d’organes provenant de prisonniers comme une pratique violant l’éthique médicale. Même si les condamnés donnaient véritablement leur consentement, celui-ci ne pourrait être considéré comme libre et volontaire compte tenu de leurs conditions de détention. En réponse Roche a déclaré qu’il n’avait pas le droit de connaître l’origine des organes, mais "connaissait le problème depuis plusieurs années" et "travaillait à une amélioration de la situation".

Le canadien Banque Royale RBC a également été primé pour son rôle en tant que « principal financier de producteurs de pétrole à partir de sables bitumeux », activité de production d’hydrocarbures très polluante au Canada. A noter que GDF Suez a failli être primé, avec 5 097 votes contre 5 723 pour Roche pour sa participation à la construction du barrage Jirau au Brésil qui entrainera le déplacement forcé de milliers d’indigènes et la destruction de surfaces forestières importantes.

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