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Les cageots de légumes s’arrachent à la Bastille

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Les cageots de légumes s'arrachent à la Bastille
(Crédit photo : Agathe Mahuet)
 
Les fruits et légumes sont en crise, et les producteurs souffrent. Pour faire entendre leur voix, un syndicat agricole organisait jeudi 18 août une vente directe aux consommateurs, ravis de faire des courses solidaires. Reportage place de la Bastille, à Paris.
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« Vous devriez venir toutes les semaines, vous feriez votre beurre ! » Fabienne remplit avec frénésie son cabas. Une cagette de 3 kg de prunes, autant de tomates, 2 kg de poires et 5 de pommes de terre. Et puisqu’il lui reste visiblement une petite place, elle ajoute au panier deux beaux melons, pour un total de 22 euros. « Au moins, les produits sont vendus au prix réel, commente cette Parisienne. Le reste du temps, il faut voir ce que perdent les agriculteurs, avec les marges de la grande distribution. » Fabienne a bien retenu la leçon. Le long des larges banderoles dénonçant le « pillage » des paysans et le « racket » des consommateurs, elle est venue faire la queue ce jeudi matin pour se procurer, « sans intermédiaire », des fruits et légumes « bien de chez nous ».

Depuis 8 heures, ils se pressent en nombre sur la place de la Bastille pour faire disparaître les 13 tonnes de fruits et légumes que leurs producteurs ont apportées ce matin. « On a fait la route cette nuit depuis le Lot-et-Garonne et le Gers », explique Raymond Girardi, le secrétaire général du Modef – le syndicat agricole d’exploitants familiaux qui organise l’opération de vente directe. Deux semi-remorques ont permis ce périple maraîcher vers la capitale. « En tout, ce sont 40 tonnes de nos productions qui sont vendues aujourd’hui dans plusieurs villes de la région parisienne. » Pour le bonheur des chalands.

Boules de pétanque

« À Paris, on nous vend de la merde ! » En pleine acquisition de prunes, Perrine monte au créneau. « Vous voyez le marché là-bas ? » Elle pointe du doigt la Colonne de Juillet pour indiquer l’autre extrémité de la place. « Ils ne vendent que des boules de pétanque à prix d’or ». Julie, sa voisine, négocie avec elle la moitié d’une cagette de 6 kg et acquiesce. « Les produits que les agriculteurs nous vendent directement sont de bien meilleure qualité. Et les fruits ne sont pas nécessairement plus chers. » Sur les fiches distribuées dans la file d’attente, les cases qu’il faut cocher indiquent pour chaque produit des prix très ronds. Tomates ou prunes : 9 euros la cagette de 6 kg. Poires, pommes : 3 euros les 2 kg.

Dans l’idéal, il faut donc faire ses courses en famille. Ou s’entendre avec un autre client. « Arrangez-vous entre vous », conseille Lisa, qui joue pour la journée les vendeuses bénévoles. Scotchée sur son gilet, l’inscription « PCF » vient crisper un mangeur de légumes. « Mais alors, les bénéfices de la vente sont versés au Parti Communiste ? » L’incompréhension règne. « Je viens acheter des nectarines pour aider les agriculteurs, pas pour financer votre parti », répète l’homme à un autre « camarade ».

Ces membres du PCF ne sont que « des volontaires », explique Raymond Girardi. « Ils relaient les producteurs pour l’intendance, une fois que les légumes sont arrivés à Paris ». Et profitent du déplacement pour faire signer quelques pétitions et autres invitations à la Fête de l’Humanité.

Prix coûtant

L’opération, elle, n’engendre quasiment pas de bénéfices. « La vente se fait à prix coûtant », assure Théo, un jeune bénévole du PCF. Mais pour le MODEF, qui a couvert le conditionnement et le transport des légumes, « si l’on parvient à grappiller quelques centimes sur un cageot de tomates, cela ira au syndicat », admet Raymond Girardi. Le secrétaire général du Modef a l’habitude de préparer cette vente directe à Paris entre producteurs et consommateurs : elle a lieu tous les ans ou presque, depuis 1994. Cette année, pourtant, « la crise est trop dure pour les producteurs ». Le responsable syndical exige des mesures gouvernementales. « Il faut encadrer les marges de la grande distribution, en revenant au système du coefficient multiplicateur fixé par l’Etat [chiffre maximum par lequel le revendeur peut multiplier le prix d’achat, ndlr]. Puis il faut mettre en place un calendrier à l’importation, ainsi qu’une taxe sociale – et non une TVA – à l’importation », résume Raymond Girardi.

10h30, le soleil réchauffe les dernières tomates du Lot-et-Garonne. Derrière l’unique étal où s’agitent les bénévoles s’entassent encore quelques cageots de pommes et de prunes, mais les salades ont disparu depuis une heure déjà. Monique est arrivée un peu tard. « J’ai appris l’existence de cette vente ce matin seulement, en écoutant la radio. » La jeune femme est venue en courant mais ne repartira qu’avec quelques prunes. Pas bio, mais sans pesticides et cueillies hier, assure-t-on. « C’est mieux que rien. J’en ai marre d’acheter des cochonneries. » Et de répéter un message qui semble avoir guidé chacun vers la place de la Bastille ce matin : « on est Français, on achète français ! »

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