L’éléphant de mer, traceur climatique

Boubou est un grand voyageur océanique. A la fin de l’été austral, ce jeune éléphant de mer du Sud va quitter les plages de l’archipel des Kerguelen, au milieu de l’océan Indien, pour aller se nourrir sous les couches glacières en bordure du continent Antarctique, un périple de plus de 2000 km. Avant son départ, Christophe Guinet lui a collé une balise Argos sur le front. Ce chercheur du CNRS cherche à comprendre pourquoi les populations de ces grands phoques ont fortement décliné à partir des années 1970. Grâce à la petite boîte noire, il va pouvoir recueillir des informations sur les distances parcourues par Boubou et plusieurs de ses congénères, la profondeur de leurs plongées et les caractéristiques des courants qu’ils traversent.

Des "agents très spéciaux"

Les océanographes suivent de près les travaux effectués par Christophe Guinet et ses homologues écossais et australien depuis l’île Macquarie et la Géorgie du Sud. Boubou est un formidable plongeur. Il peut atteindre 1500 mètres de profondeur. Grâce à lui, ils pourraient enfin obtenir des données sur ces zones très mal connues de l’océan Austral. Et les résultats collectés grâce aux éléphants de mer vont même dépasser leurs espérances. Les scientifiques recueillent des informations précieuses sur le climat, les courants marins et les échanges océan-atmosphère qui vont permettre des prévisions sur les conséquences du réchauffement de la planète. Jérôme Bouvier raconte dans un documentaire comment ces éléphants de mer sont ainsi devenus des "agents très spéciaux" des scientifiques. Un aventure humaine et scientifique magnifique.