Elles broutent goulûment à longueur de journée. L’air de rien. Comme si elles n’avaient aucune responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre. L’air d’en avoir rien à cirer, surtout.
Des scientifiques argentins du National Institute of Agricultural Technology, ont donc collé sur le dos de dix vaches, de grands réservoirs en plastique rouge pour recueillir le méthane que ces dames rejettent. Un tube en plastique provenant du conteneur est donc relié à leur estomac, pour récupérer leurs gaz intestinaux. Ah ! Elles font moins les malines là. Prises en flagrant délit de rejet de méthane, un gaz à effet de serre bien plus nocif pour la planète que le CO2, elles n’ont plus qu’à continuer de regarder les trains passer. Le méthane agirait 23 fois plus sur le réchauffement climatique que le dioxyde de carbone. D’ailleurs, selon un rapport publié en 2006 par l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), « le secteur de l’élevage émet des gaz à effet de serre qui, mesurés en équivalent CO2, sont plus élevés que ceux produits par les transports. »
Le méthane provient de la fermentation des aliments qui a lieu dans la panse de la vache. Selon les premiers résultats de l’étude des chercheurs argentins, une vache d’environ 550kg pourrait rejeter 800 à 1000 litres de gaz par jour. Elles seraient ainsi responsables de 30% des émissions de gaz à effet de serre de l’Argentine. Ce pays d’Amérique latine est en effet l’un des plus gros producteurs de bœufs au monde avec 55 millions de vaches par an.
Changer de régime
L’objectif de cette étude est de trouver une meilleure alimentation pour le bétail, afin de freiner ces rejets de méthane. Lors d’une étude préliminaire, des scientifiques du National Council of Scientific and Technical Investigations ont trouvé que l’utilisation de fourrage à haute teneur en tanin pourrait réduire les émissions de méthane de 25%.Sanders France, spécialiste de la nutrition animale a élaboré un nouveau régime alimentaire avec des matières grasses de type insaturées, issues principalement du colza, du soja, du lin ou du tournesol. Une alimentation qui permettrait de réduire les rejets de méthane. "Onze grammes par litre de lait contre 19 grammes en moyenne pour les élevages laitiers du Grand Ouest", affirme Sanders dans Ouest-France.
Autre solution, américaine cette fois-ci : les hormones de croissance. Cette étude a été réalisée avec Roger Cady du groupe Monsanto. Comme par hasard, c’est ce même groupe qui fabrique cette hormone de croissance. Utilisée à grande échelle, cette pilule magique qui augmente la production de lait, favoriserait la réduction du nombre de bovins. Traiter un million de vaches aux hormones diminuerait donc le volume des gaz à effet de serre. Autant que si l’on enlevait 400 000 voitures du trafic routier. La solution rêvée, en bref. Sauf que cette hormone est notamment interdite au Japon, au Canada et dans certains pays d’Europe, puisqu’elle serait néfaste pour l’animal, mais aussi pour l’homme, s’il boit son lait.
Crédit photo : The Guardian
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions