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23-12-2011
Mots clés
Chronique

JR : « aider est devenu une marque »

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JR : « aider est devenu une marque »
(DR)
 
JR, photographe célèbre pour ses collages sauvages de portraits, a remporté le TEDPRize 2011. Il décrit son « vœux pour le monde ».
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Avant de recevoir le prix, connaissiez-vous TED ?

Quand je les ai eus au téléphone la première fois, je n’ai rien compris. Je ne savais pas du tout qui ils étaient, ce qu’était TED. Du coup, je leur ai posé plein de questions, sur leur financement, leur rapport à leurs sponsors. En fait je les ai interviewés pendant 40 minutes alors qu’en fait, initialement, c’était eux qui me faisaient passer un entretien, avant de me décerner le TedPrize. Le vainqueur reçoit 100 000 dollars et la possibilité de faire un « vœux pour le monde ».

Pour vous, comment cela s’est-il passé ?

Je me suis pris la tête sur cette histoire de vœux. Pendant des semaines, je me suis dit que je n’aurais pas du accepter. Je ne veux pas avoir une étiquette d’humanitaire, ce n’est pas moi. Moi je fais de l’art. Donc je réfléchis à cette histoire de vœux, de projet à faire avec TED et toutes les personnes qui gravitent autour, et je sais que l’idée c’est qu’il se propage le plus possible. Et puis là, le 1er janvier, j’ai l’idée : je vais être imprimeur.

Votre TED Wish c’est le projet « Inside out »

L’idée c’est de définir un cadre et de laisser les gens s’approprier totalement l’idée. Ils réalisent le portrait de qui ils veulent, mais comme j’essaie de les réaliser moi (noir et blanc, plan resserré). Ils y associent une phrase. Ils m’envoient le tout par Internet. S’ils peuvent, ils donnent 20 euros. S’ils ne peuvent pas, cela ne change rien : on imprime leur portrait en grand format, sous forme d’affiche prête à coller, qu’on renvoie à leur adresse, avec un kit de colle. Les gens vont coller eux-mêmes, quand et où ils veulent.

Du coup, vous intervenez peu…

Nous, on donne juste le cadre et les règles. En une semaine, on a reçu 10 000 photos ! La communication du projet se fait uniquement par le fait qu’il existe. Je n’ai plus rien à voir avec le projet. Je vais dans des rues et je tombe sur des photos comme les miennes mais pas signées par moi. C’est peu commun pour un artiste… C’est un projet tellement loin que je me suis dit que ce qui était important c’était le chemin pour le réaliser. J’essaie de prouver à chaque étape que ce qui compte c’est de mettre en lumière l’autre, de tagguer le nom des autres. Et puis, c’est un projet qui finit par m’inspirer. Pour aider les gens, il faut leur donner les moyens de faire. L’œuvre, c’est participer, cela ne me concerne plus. En Tunisie, où le projet a été le premier à décoller (ndlr : des tunisiens ont notamment remplacé les portraits de Ben Ali par des photos du projet Inside Out), j’ai pris une grosse claque : d’abord, je me suis bien rendu compte qu’en étant sur place, avec les gens, je mettais quelque chose de superficiel. Ensuite, des Tunisiens sont venus très vite arracher les affiches Inside Out. J’ai compris que c’était cela la démocratie : se ré-approprier ses espaces. Il n’y a rien de plus fort que des gens qui défendent leur propre espace.

Quelle a été la réaction de la communauté TED ?

Quand j’ai reçu le prix cet hiver en Californie, j’ai été contacté par un tas de fondations qui ont proposé de m’aider. Mais quand je leur ai expliqué qu’elles ne pouvaient mettre leur logo nulle part, quand j’ai refusé les dotations, quand j’ai dit que je ne faisais pas de la philanthropie et que je préférais vendre mes œuvres, il n’y avait plus grand monde. Aider, c’est devenu une marque. Ce sont les plus discrets qui aident vraiment. Aujourd’hui, on nous prête un immeuble dans Manhattan dans Lower East Side où on a installé notre imprimerie. On nous prête des bâtiments pour coller et c’est bien le plus important. Le développement du projet Inside Out est filmé en « temps réel ». Il donne lieu à une web série, dont le 1er épisode (qui concerne surtout la Tunisie) est en ligne sur YouTube.
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Entrepreneur, chroniqueuse sur France Culture, Flore Vasseur est aussi documentariste et romancière. Elle est notamment l’auteur du roman « Comment j’ai liquidé le siècle », une charge féroce contre l’oligarchie politico-financière.

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