Dans son atelier, il n’y a ni tubes ni pinceaux. Pourtant, Isabelle Régent est bien peintre. Seulement, elle ne peint pas, elle frotte. Des pétales, de l’herbe, de la terre, qu’elle applique directement sur la toile avec ses doigts. Sa boîte à outils est remplie de bâtonnets, de plumes et de pierres. Tout ce qui lui tombe sous la main, pourvu que ça vienne du jardin. Les premiers balbutiements de sa technique datent d’ailleurs de l’époque où, petite, elle jouait dans celui de sa grand-mère, combinant ses deux passions : le dessin et la nature.
Il y a quatre ans, Isabelle sévissait dans le commerce. C’était avant l’accident qui l’installa dans un fauteuil. Fauteuil qu’elle a quitté depuis, mais la douleur et une maladie neurologique, elles, sont restées. Elle revient au dessin qu’elle avait abandonné. "Je me suis réfugiée dans l’art" souffle-t-elle, une manière d’oublier le mal. Artiste, ce sera donc son nouveau métier. Rapidement, elle se voit proposer par la mairie de sa commune, Missillac (Loire Atlantique), la mission de le présenter aux enfants des classes maternelles. Voilà comment les ateliers ont commencé.
Griffonnages écolo
Les bambins se prennent au jeu. Rien de plus ludique que d’écrabouiller des feuilles, frotter de la terre, ou étaler du chocolat. Le vert se fait avec de l’herbe, le violet avec des coquelicots, le marron avec de l’argile. "Ce sont les couleurs qui nous choisissent, pas l’inverse, explique Isabelle. C’est à cause de l’oxydation, la matière première ne donne pas forcément la teinte attendue. Les enfants trouvent ça magique." Aujourd’hui, elle anime aussi des ateliers sur des salons, celui d’Amnesty International en novembre dernier par exemple. Etre présente sur ces manifestations lui permet de promouvoir son travail.Isabelle s’est donnée pour objectif que la colorisation par extraits naturels soit reconnue comme technique artistique en tant que tel. Elle a écrit au ministère de la Culture et de la Communication pour que soit recensé la discipline. Une réponse est tombée le mois suivant : "Votre demande a bien été reçue." Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Environnement, du Développement et de l’Aménagement Durables a aussi eu le droit à sa lettre. "Bah oui, peindre avec des fleurs fanées ou des fruits dépassés, c’est du recyclage." justifie-t-elle. Et puis partir à la recherche de sa palette de couleurs dans la nature participe à la sensibilisation à l’environnement.
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