publicité
haut
Accueil du site > Actu > Opinion > Faisons du CO2 une ressource
13-04-2012
Mots clés
Monde
Point De Vue

Faisons du CO2 une ressource

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Faisons du CO2 une ressource
(Crédit photo : Jocelyn Blériot - Ellen Macarthur Foundation)
 
Devant notre incapacité à réduire nos émissions de CO2, les auteurs du bestseller Cradle to Cradle invitent à changer de regard et à faire du gaz carbonique une ressource industrielle.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

La régulation européenne et les taxes affectant les émissions de CO2 sont pour l’instant impuissantes. La Chine a dispensé ses compagnies aériennes de s’acquitter des taxes relatives à l’aviation, aucun accord tangible n’a été atteint à Durban, et en se retirant du protocole de Kyoto,le Canada l’a enterré.

La question qui se pose suite à cette série d’échecs est la suivante : comment gérer le problème incompressible des émissions dans un contexte de développement économique mondial ?

La réponse est simplement de considérer le CO2 comme une ressource et non un effet indésirable. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il ne s’agit pas d’une idée neuve. Les maraîchers produisant sous serre ont ainsi, à travers le monde, utilisé le dioxyde de carbone comme un nutriment… donnant ainsi un autre sens à l’expression « gaz à effet de serre ».

Récemment, le très sérieux et respecté Institut Fraunhofer pour l’Environnement, la Sécurité et les Technologies énergétiques (Allemagne) a calculé que 80% des émissions de CO2 de l’industrie germanique pouvaient être capturés et réutilisés dans des serres installées sur les toits, de manière profitable. Le message est clair et les chiffres parlent d’eux-mêmes : plutôt que de compter sur une règlementation inefficace, la bonne manière de gérer les émissions de CO2 est de maximiser leur ré-emploi et de les considérer comme une ressource productive.

De nombreux experts ont déjà décrit la futilité du marché du carbone, mais un petit rappel n’est pas inutile :

Il s’agit d’une illusion de contrôle dans la mesure ou les gouvernements impriment eux-même les certificats, de la même manière que les banques centrales font tourner la planche à billets pour temporiser les effets d’une crise. Et le fait d’attendre que les énergies renouvelables délogent les fossiles n’apporte aucune réponse à court terme – il sera trop tard pour les milliards d’individus dont la santé pâtit d’un manque de qualité de l’air, avec les effets ruineux que cela entraîne pour les systèmes de santé publique.

L’éco-efficacité telle qu’elle est prônée en Europe et aux Etats-Unis n’aura pas plus d’impact, tant on sait que les progrès en matière de sobriété et de réduction des émissions sont annulés par une augmentation de la consommation, en vertu du classique effet rebond. Et pendant que l’on débat sur la ligne de conduite à adopter pour contrecarrer cet effet… les émissions continuent à s’accumuler.

Aussi, pourquoi ne pas choisir un autre angle d’attaque et consommer ce CO2 d’une façon productive ? Il s’agit d’un nutriment, qui peut profiter à de nombreux processus agricoles et industriels. Plutôt de de se trouver piégés dans une démarche réductionniste, on entame alors une démarche positive.

Et ce de la manière suivante : les systèmes vivants ont digéré le CO2 depuis la nuit des temps, afin d’enrichir le sol, de faire pousser des forêts et de favoriser la vie dans les lacs et autres océans. Les travaux de l’école biomimétique nous permettent d’adapter et d’accélérer ce processus et d’en tirer un bénéfice économique.

Quelques exemples concrets

Les algues constituent un des puits de carbone les plus efficaces au monde, et de nombreux projets à grande échelle ont d’ores et déjà vu le jour.Les micro-algues ont la particularité de pouvoir stocker 50% de leur poids sec en acides gras, et d’avoir un rendement jusqu’à 30 fois supérieur aux oléagineuses terrestres (soja, colza…). Elles ne nécessitent de plus aucun additifs chimiques – engrais – et peuvent être mises à contribution dans les processus d’épuration, en agissant comme filtres pour débarrasser une eau contaminée de ses toxiques. En Nouvelle-Zélande, la société Aquaflow a ainsi utilisé la station d’épuration de Marlborough (60 hectares) comme bassin de tests, mettant en évidence la possibilité pour de nombreuses industries générant des eaux usées de cultiver des micro-algues valorisables tout en purifiant ses rejets, puisque celles-ci consomment le dioxyde de carbone…

L’agriculture sous serre est une des pistes permettant d’apporter quelques réponses au problème de l’approvisionnement alimentaire d’une population dont les chiffres ne cessent de croître, grâce sa forte productivité. Ré-injecter du CO2 en augmente les performances, et a le bénéfice ajouté de purifier l’air.

La codigestion en vue de production de biogaz (essentiellement un mélange de méthane et de CO2) est une activité en développement, qu’il serait judicieux de substituer aux politiques contre-productives consistant à subventionner l’emploi de bois brut pour fournir de l’énergie.

Une autre approche, moins connue, consiste à substituer aux métaux rares des matériaux composés de nano-structures à base de carbone. Il ne s’agit pas ici des nano-particules dont les effets potentiels sur la santé sont mis en question, mais des structures stables comparables à l’acier ou au verre.

Il ne fait aucun doute que la réduction des émissions grâce aux renouvelables et que l’apport des technologies telles que les réseaux intelligents font partie de la solution, mais à l’heure actuelle on passe totalement à côté du potentiel offert, dans les processus agro-industriels, par l’emploi du CO2 comme une ressource.

Le secteur des énergies fossiles a adopté une démarche tiède, proposant de capturer le CO2 et de l’enfouir… aux frais des contribuables. Ceci puisqu’aucune entreprise ayant un peu de bon sens n’irait à ses propres frais se débarrasser d’une ressource valable. La séquestration n’offre d’autre part aucune solution en ce qui concerne de nombreux aspects relatifs à la toxicité induite par la production de carburants d’origine fossile, ni par sa consommation. Le débat n’est pas neuf aussi il s’avère inutile de le redéployer ici, l’important est de penser à effectuer la transition entre séquestration et ré-utilisation. Car la problématique des émissions de CO2 ne trouvera sa résolution qu’à travers un réemploi industriel à grande échelle.

- Cet article a initialement été publié sur le site de la Fondation Ellen MacArthur (sur Twitter : @EMacArthurFR) consacré à l’économie circulaire.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Michael Braungart est titulaire de la chaire Cradle to Cradle pour l’Innovation et la Qualité de la Rotterdam School of Management (Erasmus University, Pays-Bas) et co-auteur de l’ouvrage Cradle to Cradle.

Douglas Mulhal est auteur de Our Molecular Future et co-auteur de Cradle to Cradle.

1 commentaire
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Ce serait bien qu’un jour le C2C argumente un peu plus pour étayer leurs "grandes théories". Demandez aux vrais experts en environnement ce qu’ils pensent de ce "paradigme". Vous ne serez pas déçus... Le C2C ne permet ni plus ni moins que de donner bonne conscience aux industriels.

    3.03 à 20h29 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas