En Italie, la mafia s’infiltre dans l’éolien

On les surnomme « les seigneurs du vent ». Il ne s’agit pas de preux chevaliers nés dans l’imaginaire de Tolkien, ni même d’une tribu d’Indiens à plumes et écolos. Non, les « seigneurs du vent » sont les mafieux italiens de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, dont les activités illégales s’infiltrent dans les chantiers de l’économie verte, et notamment de l’éolien. Le quotidien italien de centre-gauche La Repubblica leur consacre un dossier.

Entre 2006 et 2010, sept enquêtes policières ont été menées sur les infiltrations de la criminalité organisée dans la construction de chantiers éoliens. Rien, ou presque, en comparaison avec les 111 enquêtes qui se sont penchées, durant la même période, sur le trafic de déchets perpétré par la mafia, indique le quotidien. La pieuvre fait preuve d’humour, et montre son sens des affaires, en élargissant son champ d’action, des déchets à l’économie verte.

Le roi de l’éolien

La dernière enquête a conduit la DIA (Direction des investigations antimafia) de Palerme au Luxembourg. C’est en effet à une adresse luxembourgeoise que le parrain de Cosa Nostra, Matteo Messina Denaro, recherché depuis 1993 par la police, reçoit des bénéfices d’une société de Trapani (dans l’Ouest de la Sicile), l’un de ses bastions. Le propriétaire de cette société : Vito Nicastri, « le roi de l’éolien ».

Affaires nouvelles, méthodes anciennes

Comme souvent avec la mafia, affaires nouvelles et méthodes anciennes font sa fortune. L’éolien est une technologie de pointe et donc une clientèle renouvelée, des normes administratives encore floues laissant une grande place à l’interprétation, mais surtout, des terrains à négocier, à acheter ou vendre et où implanter des structures de ciment (l’une des mannes de la mafia), socles des éoliennes.

Un greenwashing qui semble s’étendre au secteur du photovoltaïque : la région des Pouilles, dans le sud de la Botte, est le plus gros producteur d’énergie solaire d’Italie. Mais selon La Repubblica, des sociétés opaques liées à la criminalité organisée ont déjà pris possession du business.

 Un dossier à lire (en italien) sur LaRepubblica.it.