De quoi parle-t-on ? De réalisme social et environnemental ? Cherche-t-on à accompagner une révolution planétaire ? Objectivement notre situation en ce début de 21e siècle n’est pas très bonne. Les transformations climatiques vont emporter sur les routes et les mers ceux qui ne pourront que fuir des régions devenues invivables du fait de problème de température, d’insuffisance d’eau potable, de montée des eaux salées, de pollutions de toutes sortes. La situation de Lampedusa (1) n’est qu’une répétition, à faible échelle de transhumances très prochaines.
Malgré une montée de résistances organisées et du scepticisme bien relayé par les médias, le développement durable s’est imposé comme grille d’analyse et d’action. Il s’agit de prendre en compte dans chaque décision, microscopique ou grande, une vision globale et systémique. Ce sont de grands mots mais qui concernent toutes nos petites actions quotidiennes, tant nos comportements se sont éloignés du bon sens responsable.
Attention, point de regret vis-à-vis de la vie de nos parents ou grands-parents, de leurs conditions de vie, de leur santé, ni de leur accès au plaisir et à la culture. Mais, gardons ce qui faisait leur ambition : que leurs enfants vivent mieux qu’eux. C’est le sens de l’humanité, fondée sur le progrès, la recherche d’une richesse partagée. Il y a eu une erreur d’aiguillage dans notre développement, celle probablement de la confusion dénoncée par Tim Jackson (2) entre croissance économique et prospérité humaine.
Est-ce la décroissance ? Peut-on fonder une politique qui donne envie avec un mot comme cela ! La réponse est plutôt celle d’une économie très différente de celle qui a mené le monde depuis quelques décennies. Cette réponse n’est pas dans le passé mais dans le futur. Notre monde se transforme en devenant un monde de communication, interconnecté et synchrone. C’est une volonté profonde de liens qui se matérialise avec des outils numériques devenus incroyablement nombreux. Le chiffre de 5 milliards d’abonnements à la téléphonie portable semblait inenvisageable, il y a encore 10 ans.
C’est un monde en accélération, et en expansion. Nous serons 7 milliards dans quelques jours, bientôt 9 ou 10. Qu’allons-nous en faire ? Le développement durable est une démarche politique et économique qui peut nous guider dans des évolutions, sans doute un peu trop rapides pour être réfléchies.
Une nouvelle approche de la richesse nous donne une nouvelle ambition… et de nouvelles responsabilités. Il y a 19 ans, s’inventait à Rio, lors du premier Sommet de la terre de l’ONU, un outil démocratique, proposant à chacun de partager et de coréaliser sa vie. Cet outil s’appelle Agenda21 (3), la feuille de route pour le 21e siècle. C’est une approche différente des territoires où chacun a un rôle et une responsabilité vis-à-vis de l’autre et de l’environnement. C’est une logique forcément démocratique, forcément ambitieuse sur le plan éducatif. C’est aussi une approche créative, car les solutions d’aujourd’hui et de demain restent à inventer.
Et dans ce monde de communications, deux tendances lourdes s’affirment. La première est la responsabilité des communicants : chargés de communication, publicitaires, agences, imprimeurs, médias, organisateurs d’événements… Responsabilité ne veux dire pas qu’ils doivent se restreindre, bien au contraire. Dans ce monde interconnecté, ils sont plus que les autres en capacité d’agir et d’être efficaces pour « inventer la vie qui avec ». La seconde est que la communication n’est plus réservée à des professionnels. Nous devenons tous des professionnels de la communication. Chacun conçoit, produit et relaye des informations en nombre exponentiel, équipés 24 heures sur 24 d’outils en capacité de renverser un gouvernement, couler une entreprise, dénoncer une atteinte sexuelle… ou accomplir un acte généreux et constructif.
C’est évidemment une période dangereuse. L’énergie de transformation, si elle n’est pas fondée sur une vision partagée et des valeurs, peut nous emporter dans une vague de destructions, et de remises en causes personnelles. Le système en place semble inamovible. Que faisons-nous ? Abandonner ? Ou adhérer à l’enthousiasme des pays émergents, adhérer à la « Richesse révolutionnaire » proposée par Toeffler (4) ?
Le développement durable est un lien entre ceux qui croient en la prospérité de l’humanité. L’économie actuelle est encore trop fondée sur la consommation sans retour en arrière de notre capital collectif : épuisement des ressources physiques, l’humain considéré comme futur déchet. L’économie durable est celle de l’usage et du savoir. Elle est plus légère, donc moins stressante et plus riche.
Communication, créativité, prospérité, humanité sont les mots clefs. Ce seront d’ailleurs ceux de la neuvième Université d’été de la communication pour le développement durable
« Changer quelque chose pour ne pas avoir à tout changer… » ? Le personnage du prince dans « Le Guépard » de Visconti face à un changement de civilisation est obsédé par cette phrase, cherchant une transition douce de la fin du pouvoir des nobles face à Garibaldi. Est-ce qu’elle va devenir la grande question du développement durable ? Transition douce ou grande métamorphose ? La réponse sera collective.
(1) L’île italienne où affluent récemment les réfugiés venus des pays d’Afrique en conflit
(2) « Prospérité sans croissance : la transition vers une économie durable », éd. De Boeck, 2010.
(3) www.agenda21france.org (Comité 21)
(4) « La Richesse révolutionnaire », par Alvin et Heidi Toffler, éd Plon 2007
(5) Les 30 et 31 août à La Tour d’Aigues (Lubéron). www.communicationdeveloppeme...
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