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31-05-2010
Mots clés
Politique
Amérique Latine
Portrait

Colombie : le président vert s’éloigne

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Colombie : le président vert s'éloigne
(World Economic Forum)
 
Annoncé comme un vainqueur possible, le candidat « écologiste » Antanas Mockus n'a finalement pas fait le poids lors du premier tour de la présidentielle : 21,5% des voix contre 46% pour Juan Manuel Santos, dauphin du sortant Álvaro Uribe.
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En 1993, l’homme qui était annoncé comme le possible prochain président colombien montrait ses fesses à des étudiants. Quelques années plus tard, il se mariait à dos d’éléphant dans un cirque. Plus récemment encore, c’est un chapeau en forme de fromage qu’il arborait devant les photographes. Un rigolo médiatique cet Antanas Mockus, candidat Vert à l’élection présidentielle ? Peu de chance que les habitants de Bogotá, dont il a été maire à deux reprises depuis quinze ans, approuvent. Il y a en effet laissé l’image d’un édile intègre et d’un bourreau de travail.

En réalité, le personnage est inclassable. Ce qui tombe bien quand on fait de la complexité des choses – avec le respect de la loi et l’éducation – un des thèmes centraux de sa campagne. Professeur de mathématiques et de philosophie, Antanas Mockus n’hésite pas à disserter face aux caméras, précisant longuement sa pensée. Plus original encore, il avait tenu à s’excuser auprès des habitants de la capitale en 2000. Il souhaitait à nouveau solliciter leurs suffrages mais devait d’abord faire oublier qu’il avait abandonné son précédent mandat de maire pour se lancer dans une campagne présidentielle finalement désastreuse.

La même stratégie qu’Ingrid Betancourt

A l’époque il se présentait comme candidat indépendant. Aujourd’hui, il concourt sous la bannière du parti vert. Ecologiste ? « Pas du tout, assure Carlos Lozano, fondateur de l’hebdomadaire communiste Voz et soutien du candidat de gauche Gustavo Petro. Comme les autres candidats, il aborde la question environnementale de façon superficielle. » Mockus a en fait pris le contrôle du petit « Parti vert option centre » fin 2009 en compagnie de deux autres anciens maires de Bogotá, Luis Eduardo Garzón et Enrique Peñalosa. « Plus qu’une conviction philosophique, c’était pratique politiquement, estime Carlos Lozano. Les statuts du parti existaient déjà. »

« Ce n’est pas un écologiste au sens propre du terme, reconnaît Alain Lipietz, ancien député européen Vert et ex-Président de la délégation du Parlement européen auprès de la Communauté andine des nations. Il a notamment promis qu’en cas d’élection, il continuerait l’éradication de la coca au glyphosate (désherbant qui a défrayé la chronique sous le nom de Roundup, ndlr), ce qui est inacceptable pour nous. » Pour autant, « ça ne pose aucun problème aux Verts internationaux de le soutenir. Il représente une sorte de deuxième gauche qui met l’accent sur la démocratie locale. Mockus a notamment obtenu de très bons résultats en matière de transports à Bogotá », poursuit Alain Lipietz. Le candidat reprend en somme la stratégie d’Ingrid Betancourt, elle aussi élue « verte » en son temps : l’étiquette « écolo » ne sert qu’à se différencier d’une classe politique dominante corrompue et engluée dans des scandales de connivence avec les paramilitaires. Alain Lipietz tranche : « Politiquement, c’est un Rocard. Tactiquement, c’est un Bayrou. »

Deux questions ont dominé la campagne : les Farc et Chávez

Car l’homme se veut rassembleur, ni de gauche ni de droite, et avait toutes ses chances, selon les sondages. Ces deux derniers mois, il était passé de 5% à 35% des intentions de vote et Juan Manuel Santos, le dauphin du président sortant, le très droitier Álvaro Uribe, s’est fait du mouron. Et ce alors que le poste lui était promis. Restait cependant une inconnue : l’influence des paramilitaires dans le nord-est du pays avec un risque de fraude en défaveur de Mockus. Désormais, avec 21,5% des suffrages, il a quasiment partie perdue face à Santos qui a obtenu, lui, 46% au premier tour. Et même si les 9% de Gustavo Petro se reportent sur lui au second tour le 20 juin, cela ne devrait pas suffire. Considérant le candidat Vert comme un tenant de l’ultralibéralisme, Carlos Lozano assure, qui plus est, que les siens n’ont pas encore décidé s’ils le soutiendraient ou non.

« La campagne n’a de toute façon pas porté sur des questions idéologiques mais sur la gestion du conflit avec les guérillas et sur l’attitude à avoir avec Chávez. », déplore-t-il. Deux questions sur lesquelles Antanas Mockus navigue à vue. En cas de victoire, il assure qu’il adoptera une position de fermeté absolue avec les Farc et laisse ouverte la porte au dialogue avec le président vénézuélien mais comme le rappelle Alain Lipietz, « il faut rassurer au centre pour gagner ». Une victoire que l’ancien député européen appelle de ses vœux, histoire d’en finir avec la « paranarcotisation et la paramilitarisation » de la société colombienne à l’œuvre sous Uribe. Histoire aussi, plus anecdotiquement, de revenir à la normale : « Antanas Mockus a un humour ravageur, contrairement à Uribe qui est quand même le seul Colombien a n’avoir aucun humour ».

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