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Bio et hyperproductive : la ferme magique d’un agriculteur québécois

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Bio et hyperproductive : la ferme magique d'un agriculteur québécois
(Crédit photo : DR)
 
Jean-Martin Fortier, producteur canadien, est convaincu que l'on peut produire beaucoup de légumes sains et bios sur une petite surface. La preuve avec la micro-ferme qu'il exploite au Québec.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Jardinier-maraîcher ? Fermier de familles ? Jean-Martin Fortier lui même a du mal à qualifier son métier. Ce canadien de 35 ans exploite depuis 2005 la ferme des Jardins de la Grelinette, à Saint-Armand, à quelques kilomètres de Montréal, au Québec. Sa ferme est une micro-ferme. Elle mesure moins d’un hectare, loin de la taille moyenne d’une exploitation française qui est de 55 hectares.

Avec sa compagne, ils appliquent des techniques découvertes en voyageant et travaillant dans des fermes notamment au Nouveau-Mexique et à Cuba. Dans ces exploitations, les fermiers produisent beaucoup de légumes, sans pour autant utiliser de tracteur ni d’intrants, le tout sur une très petite surface. Ils ont suivi leurs traces, et viennent d’écrire un livre pour expliquer leurs méthodes : Le jardinier-maraîcher (Ecosociété, 2012). De passage en France, Jean-Martin Fortier a expliqué sa démarche à Terra eco (1).

- Terra eco : Pourquoi avez-vous souhaité travailler sur une très petite surface, ce que personne n’avait jamais fait au Québec ?

Jean-Martin Fortier : Nous souhaitions démarrer notre production, mais nous n’avions pas les moyens d’investir beaucoup. On a été obligés de viser petit en quelque sorte, même si nous avions pu voir au cours de nos voyages que d’autres le font déjà ailleurs et que cela marche. Après coup, nous avons même réalisé que la plupart de nos méthodes s’inspirent de ce que faisaient les maraîchers au XIXè siècle, notamment en France autour de Paris. On n’a rien inventé, c’est juste une autre façon de penser.

- Pouvez-vous résumer votre méthode de production, que vous appelez bio-intensive ?

Puisque nous travaillons sur une petite surface, il nous a fallu intensifier au maximum notre production. L’une des solutions est de ne pas organiser les plantations avec les traditionnels rangs, qui sont pensés pour laisser passer les tracteurs. Nous travaillons sur des bandes de terre surélevées, que nous appelons « planches » (voir image ci-dessous). Ces planches ne sont jamais labourées, jamais retournées, et alimentées régulièrement avec de la matière organique, pour disposer d’un sol intact et d’excellente qualité où les racines vont pouvoir descendre en profondeur. Les légumes y poussent très serrés, si bien que quand ils sont aux trois quarts de leur croissance, les extrémités des légumes se touchent, ce qui limite la lumière, et garde l’humidité. On a alors un terrain idéal pour les vers de terre et ça limite la pousse des mauvaises herbes. Au final, nous avons revisité toutes nos techniques de travail pour se concentrer sur la qualité du sol, pour avoir le sol le plus riche et le plus meuble possible.

- Ce modèle est-il rentable économiquement ?

Tout à fait. On produit beaucoup de légumes sur une saison qui est pourtant assez courte au Québec. On réussit à nourrir plus de 200 familles, qui payent 25 dollars canadiens (18 euros) par semaine pour des paniers pouvant nourrir 2 à 4 personnes. Nous avons dégagé un chiffre d’affaires de plus de 130 000 dollars en 2011 (97 000 euros). La plupart des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) parviennent à ces chiffres avec 5 hectares de terrain et des outils mécanisés. Nous avons moins de coûts, nous avons démarré avec seulement 36 000 dollars d’investissements (26 000 euros), et nous arrivons à dégager plus de 45% de marge nette. Et ces méthodes ne donnent pas juste du rendement, cela donne aussi une efficacité et une grande qualité de travail. Je n’utilise pas la qualité de mon système pour en faire plus, mais pour en faire suffisamment pour avoir aussi du temps à passer avec les enfants. Nous avons donc aussi une bonne qualité de vie.

- Dans votre livre, vous expliquez que vous transplantez vos légumes, que vous utilisez des serres chauffées et des engrais commerciaux... On est loin de techniques plus neutres, comme la permaculture. Vous devez faire des compromis ?

La différence majeure, c’est que la permaculture est peu intensive et vise la productivité sans effort. Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment vivre de la permaculture). Cela dit, nous tentons d’utiliser le moins de carburants fossiles, cela nous coûte à peine 5 000 dollars par an (3 700 euros), en alimentant par exemple notre camion de livraison avec de l’huile végétale de récupération.

- La France a perdu un quart de ses agriculteurs sur les dix dernières années. La ceinture maraîchère parisienne a quasiment disparu. Ce modèle de petites fermes intensives pourrait-il être une solution en France ?

J’en suis convaincu à 100%. Les micro-fermes intensives sont un « retour en avant », elles permettent de nourrir les gens sainement et de faire bien vivre les producteurs. Au Québec, nous parvenons peut-être à vendre nos légumes un peu plus cher qu’en France, mais notre saison de production est beaucoup plus courte que la vôtre. Et vous avez la démographie ici pour vendre toute la production tout le temps, alors qu’au Québec, on a une densité de population beaucoup plus faible. En plus vous avez beaucoup de petites surfaces agricoles. Et les gens prennent partout de plus en plus conscience de l’importance de manger local, bio, de connaître les gens qui produisent... J’espère que les techniques que j’ai développées vont être partagées, développées et améliorées ici. Quand ça marchera, ça fera sens pour beaucoup de gens et le système va être imité.


Pour aller plus loin :

- « Les plantes bougent, sentent et réagissent mais nous ne sommes pas capables de le voir »

- La permaculture peut-elle faire vivre les agriculteurs ?

- Une vidéo montrant la technique de production du mesclun de Jean-Martin Fortier :

La culture du mesclun from Les Jardins de la Grelinette on Vimeo.

- Le livre : Le jardinier-maraîcher

(1) Cet entretien a été réalisé à la ferme bio d’Eric Chatelet à Longpont-sur-Orge (Essonne), lors de la formation « S’installer en maraîchage sur une petite surface », organisée par la couveuse d’activités agricoles les Champs des possibles.

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10 commentaires
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RÉPONSES DE LA RÉDACTION
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  • Bonjour !
    Je vis depuis 5 ans en Russie près de Perm avec comme projet de monter une ferme bio en Agroforesterie avec un Ecohameau. Je fais déjà des Fromages fermiers et je vais démarrer la partie chèvre au printemps prochain sur 35ha.
    J’ai réunis une partie de la somme pour l’installation et trouver le terrain d’au moins 200ha qui permettra d’accueillir d’autres projets plus petit. Je recherche des personnes souhaitant s’associer en coopérative et venir s’occuper du maraîchage et d’autres choses, afin de proposer des paniers diversifiés et plus si il ont des idées et projets. Ici il faut des paysans/boulanger, bouchers/charcutiers etc..... la demande est importante pour les produits de qualité.
    Vous pouvez me contacter sur cette page. http://makarov-en-russie.overblog.com/

    20.09 à 10h19 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    Vous êtes fonctionnaires, paysans, petites et moyennes entreprises, artisans ou particuliers de tout genre et vous aviez besoin de financement pour la consolidation de vos dettes ou pour aider votre entreprise à se mettre sur les rails ou encore relancer vos activités ? Ne vous faites plus de soucis.
    Je viens en aide aux personnes en difficultés financière qui ont besoin d’une aide afin de réaliser leurs projets ou qui en ont besoin pour pouvoir rembourser leurs dettes et repartir sur de bonnes bases. Mon offre de prêt varie entre 5000$ et 50 000$ .Alors si vous désirez emprunter de l’argent quelque soit le montant, veuillez m’écrire directement par E-mail : lubino70@hotmail.com tout en me disant le montant que vous voulez emprunter. Merci

    25.04 à 14h47 - Répondre - Alerter
    • salut les amis.je me nomme KONE HALASSANE.j’ai un BTS en agriculture et coopération.vraiment c’est lors de mes recherche que j’ai vu votre page qui ma trop séduire.l’agriculture sous serre n’est pas développé dans mon pays.donc j’aimerai rentré en contact avec vous pour plus d’expérience et aussi installer une serre dans mon pays.et il possible d’avoir un stage de perfectionnement dans votre structure ?.vraiment mes félicitation les amis.je suis à l’écoute d’éventuel reponse

      23.07 à 19h15 - Répondre - Alerter
  • Eco-hameau en développement situé à 50 minutes au Sud de Bordeaux accueille maraîcher(s) bio orientation micro-ferme.
    Descriptif de l’existant : 6500 m² de serres multi-chapelles sur 7 ha de plein champs (terroir de sable) sur un site d’une totalité de 17ha. Bâtiment d’habitation de 500m² (logements individuels et chambres en colocation)
    Production à relancer (matériel présent)
    Pour plus de détails sur le lieu, consulter www.lasource.bio
    Au plaisir de vous lire par l’intermédiaire de notre rubrique de contact !
    Florent et Valérie

    18.08 à 08h52 - Répondre - Alerter
  • on apprend aussi qu’il y a un boom de la culture bio dans le Sud de la France (Languedoc Roussillon : Montpellier, Narbonne...) et que les importations de produits bio reculent cette année. Ce qui montre la vigueur de ce secteur de la micro-agriculture bio ( http://ecobio.blog.free.fr ) . Et cela va sans doute revitaliser le paysage agricole en France, tant il y a à faire : notre sol est fertile donc vive les cultures bio !

    21.08 à 16h35 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    J’ai pu découvrir cette méthode outre atlantique il y a quelques années (Mexique et USA).
    A mon retour, j’avais du mal à expliquer en français de quoi il s’agissait. C’est à la fois de la permaculture, du bio, du biodynamique... bref, il faut l’essayer surtout si on a un espace réduit.

    Pour ceux que ça intéresse, il y a des "bibles" en anglais et en espagnol qui peuvent être téléchargées en cherchant un peu :
    http://www.tierramor.org/PDF-Docs/M... (Las Cañadas est une fermer incroyable pour les yeux et pour le palais)
    http://www.johnjeavons.info/ (How to grow more vegetable)

    Il parait que c’est grâce à cette méthode très rapide à mettre en oeuvre que les cubains ont réussi à produire vite et bien, assurant ainsi leur survie en plein embargo.

    Bonne découverte

    12.03 à 08h58 - Répondre - Alerter
  • Petite précision sur la permaculture. Il ne s’agit pas d’une technique agricole mais d’une « science du design d’écosystèmes autosuffisants », pour reprendre les mots de Bill Mollison, l’un des deux concepteurs de la permaculture avec David Holmgren.

    Ce sont à la fois l’agriculture et la culture qui sont concernées par les trois principes éthiques – prendre soin de la terre, prendre soin de l’humain, partager équitablement – et les principes pratiques.

    La productivité qu’il est possible d’atteindre par l’application des principes de la permaculture n’a rien à envier à celle atteinte par notre sympathique couple de micro-fermiers.

    David Blume rapporte de son expérience californienne (en anglais : http://www.whale.to/a/blume.html) qu’il pouvait nourrir plus de 300 personnes 49 semaines par an, avec une parcelle de moins d’un hectare (2 acres, 8090 m2, dont la moitié en terrasses sur une forte pente).

    Plus près de chez nous, et encore plus impressionant, rendez visite au Jardin des fraternités ouvrières de Mouscron, en Belgique (tel que présenté sur le site bio-logiques.org http://ow.ly/iA3dR) et voyez ce que l’application des principes de la permaculture rendent possible sur 1800 m2 : une jungle nourricière.

    8.03 à 18h30 - Répondre - Alerter
  • On peut écouter ce sympathique jardinier-maraîcher là http://www.humanite-biodiversite.fr...

    8.03 à 11h01 - Répondre - Alerter
  • Le bio n’est pas incompatible avec les engrais, ils sont tout simplement d’origine végétale et/ou animale.
    Et petite précision concernant la surface : la saison de production au Québec n’est pas forcément aussi longue qu’en France (ça dépend des régions). Ici, si vous souhaitez produire des légumes issus de la ferme pour toute l’année sans recourir à des achats extérieurs (à d’autres producteurs bios), il faudra plus de surface pour produire les légumes dits de conservation (ceux de fin d’automne, d’hiver et de début de printemps).

    Cela dit bien entendu qu’il s’agit d’une expérience très très intéressante.

    Nous mêmes changeons nos méthodes de cultures : après 6 ans de travail du sol "classique" (encore que pas si classique que ça puisque nous avons jusqu’ici associé maraîchage bio et petit atelier de porcs en plein air sur une petite surface), nous expérimentons la culture sur buttes permanentes avec paillage végétale (broyats végétaux, et engrais verts) , en espérant pouvoir réduire les couts (car plus de travail du sol et une amélioration naturelle de la fertilité) et réduire le temps de travail.

    Les idées novatrices ne manquent pas !
    http://leslegumesdelagranderiviere....

    8.03 à 09h53 - Répondre - Alerter
  • Très intéressant comme démarche mais je ne vois pas trop le bio dans l’achat d’engrais... Sauf s’il s’agit d’intrants bios et non issus d’une filière de production d’engrais de synthèse !
    L’idée de recourir à une serre me paraît tout à fait logique mais la question est comment les plants sont-ils alimentés en eau (récupération d’eaux pluviales ?) et en chaleur (uniquement l’effet de serre produit ou apport extérieur ?)...
    En quelque sorte, il s’agit en fait de cultiver un très grand potager pour en tirer un revenu mais cherchant à densifier la culture.
    N’y a t’il pas un problème sur la propagation des maladies le cas échéant ?

    En tout cas l’idée est très enthousiasmante !

    7.03 à 11h02 - Répondre - Alerter
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