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Béa Johnson, les liens du sans

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Béa Johnson, les liens du sans
(Crédit photo : Léa Crespi - Pasco & Co)
 
Cette Française installée aux Etats-Unis est devenue l’ambassadrice du « zéro déchet ». (Re)connue mondialement, elle applique le minimalisme au quotidien.
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On imagine que c’est à chaque fois la même scène. Les regards qui brillent, les séances photos, les dédicaces. Et cette phrase qu’on lui glisse à l’oreille comme un secret. « Vous avez changé ma vie. » En ce jour d’avril, à Nantes, ses « fans » ne dérogeront pas à la règle. Dans une salle glaciale mais bourrée à craquer de 300 personnes toutes acquises à sa cause, Béa Johnson, brindille en robe zébrée perchée sur des talons vertigineux, est reçue comme une star. Si cette Française de 41 ans, installée en Californie depuis plus de vingt ans, fait déplacer les foules lors de ses conférences, c’est parce qu’elle n’a pas besoin de… poubelle ! Un exploit au pays de l’oncle Sam !

Chez les Johnson – Béa, son mari Scott et leurs deux fils : Max, 15 ans, et Leo, 13 ans –, on applique au quotidien le mantra « refuser, réduire, réutiliser, recycler, composter ». Aucun objet à usage unique (essuie-tout, sacs et bouteilles en plastique, sachets de thé…), à l’exception du papier toilette, ne passe le seuil de la maison. Les aliments sont achetés en vrac pour éviter les emballages et sont stockés dans des bocaux en verre d’occasion. Un mélange de vinaigre blanc et d’eau fait office d’unique détergent ménager. Les produits de toilette sont fabriqués maison. « La recette dont je suis la plus fière, c’est mon mascara », lance Béa dans un grand rire. Cire d’abeille, beurre de noix de coco, khôl et miel. Sa garde-robe, elle aussi, est minimaliste : en tout et pour tout neuf hauts, cinq bas, deux robes, trois vestes, six paires de chaussures, un soutien-gorge et sept culottes. Ce soir-là, à Nantes, elle sortira, comme elle le fait toujours, le petit bocal d’un litre qui contient tous les déchets de la famille sur une année… Effet garanti sur l’assistance ! Mais avant d’en arriver là, la famille Johnson a, elle aussi, rempli des poubelles avec des tonnes d’emballages, consommé des litres de carburant et possédé plus d’objets que de raison.

Des orties comme repulpeur de lèvres

« Tout a démarré en 2006. Nous habitions dans une banlieue à l’extérieur de San Francisco, il fallait prendre la voiture pour faire les courses, aller à l’école, à la messe. Nous avons voulu nous rapprocher d’un centre-ville pour avoir tout à proximité », explique-t-elle avec son accent provençal teinté d’une pointe d’américain. La famille vend alors sa maison cossue de 280 mètres carrés, loue un appartement, embarque le strict minimum et laisse l’essentiel de ses possessions au garde-meuble, le temps de trouver une nouvelle maison. « Durant cette année de transition, on s’est aperçus que vivre avec moins nous permettait de vivre plus. Quand nous avons trouvé la maison idéale, nous nous sommes défaits de 90 % de nos biens matériels. » Les relations amicales passeront, elles aussi, à l’épreuve du tri.

Puis, alors que Scott quitte son travail pour monter une société de conseil en développement durable, Béa, artiste peintre qui cumule trois petits boulots différents, « s’attaque à la maison » pour trouver des solutions anti-déchets. Fille d’un « champion de la récup » et d’une « femme d’intérieur accomplie » reine des bonnes affaires et du fait maison, Béa expérimente tout ou presque (fabriquer de la moutarde, faire du beurre dans une baratte, utiliser des orties comme repulpeur de lèvres…) avant de réussir à « trouver un équilibre ».

« Au départ, on la prenait pour une farfelue. Le fait qu’elle écrive un livre nous a fait prendre conscience que c’était sérieux », avance son frère cadet Rémy, qui lui aussi a, en partie, embrassé ce mode de vie avec sa femme. Avec son blog « Zero Waste Home » (Une maison zéro déchet), qui a attiré plus de 8 millions de visiteurs depuis 2009, puis son best-seller Zéro déchet (Les Arènes, 2013) présentant son expérience et ses astuces, Béa Johnson fait des émules. En nombre. « Elle représente une forme de nouveau rêve américain qui n’est plus de posséder un 4x4 mais de faire attention à son environnement », analyse son éditeur Florent Massot. En Australie, en Allemagne, au Canada, en Belgique et en France, chaque jour ou presque, des citoyens s’inspirent de sa vie pour ouvrir des magasins d’alimentation en vrac. « La lecture de son livre a été une révélation », se rappelle ainsi Alice Bigorgne, ancienne responsable marketing qui a changé de vie pour ouvrir, en février dernier, l’épicerie en vrac Day by day à Lille.

Un rayonnement qui tient en grande partie au style Johnson. A l’américaine. Le discours de Béa – qui dit recevoir trois demandes d’interviews par jour et se fait désormais rémunérer pour les conférences qu’elle donne à travers le monde – est maîtrisé, concret et efficace. Ici, l’écologie ne se veut ni déprimante, ni culpabilisante et plutôt pleine de bon sens (contrairement aux expériences, les biens matériels ne font pas le bonheur). « Elle va s’en doute un peu loin sur l’aspect minimaliste mais ce que j’apprécie c’est qu’elle ne fait pas la morale : chacun avance à son rythme et c’est déjà ça », poursuit Alice Bigorgne. Béa plaît aussi car elle casse les clichés qui collent à la peau des écolos. « On les imagine toujours comme des ermites ou des babas cool, ma sœur arrive à changer cela en montrant une image branchée. Elle montre qu’on peut être bien habillé, mettre des talons et être aussi écolo », affirme son frère Rémy.

Tâches ménagères et fourneaux

Elle n’échappe pourtant pas aux critiques. Pour certain(e)s, elle véhicule l’image franchement rétrograde d’une femme au foyer reléguée aux tâches ménagères et aux fourneaux pendant que son mari travaille. Pour d’autres, elle est une fausse écolo puisqu’elle continue à prendre régulièrement l’avion, à manger de la viande et possède une voiture (hybride). « C’est une visionnaire, une pionnière, elle sait que le monde doit aller vers cela, donc elle n’a pas de doute sur ce qu’elle fait. Ce qui peut éventuellement l’agacer, c’est que les choses n’aillent pas assez vite », estime son éditeur Florent Massot. A écouter la tenace Béa partie à 18 ans aux Etats-Unis alors qu’elle ne parlait pas un mot d’anglais, sa nouvelle vie faite de simplicité lui apporte plus de temps passé en famille, d’économies financières, de sérénité et de joie. Et cette promesse d’une vie meilleure, qui ne voudrait pas y croire ?


- En dates

1974 Naissance

1992 Part aux Etats-Unis comme jeune fille au pair

2006 Commence à adopter le mode de vie « zéro déchet » avec sa famille

2013 Publie Zéro déchet (Les Arènes)

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