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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
3-05-2012

A quoi sert le débat du deuxième tour de l’élection présidentielle ?

Le débat du second tour de la présidentielle est un moment fort de la vie politique française. Quels enseignements peut-on tirer de celui de 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy ?

Une bonne nouvelle pour la démocratie :

Certains commentateurs ont pu être surpris par la pugnacité des échanges entre les deux candidats. Il s’agit pourtant d’une bonne nouvelle : une discussion de bonne tenue avec beaucoup de clarté dans les propos, cela renforce l’esprit démocratique.

Qui se souvient encore du côté raide et compassé des débats des précédentes élections présidentielles ?

Certains téléspectateurs ont trouvé désagréable la présence envahissante des chiffres et les controverses sur ce sujet. Mais les indicateurs quantitatifs sont indispensables pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. C’est à chacun d’entre nous de se faire une idée juste et d’exercer son regard critique sur les présentations de chiffres.

L’intrusion de la complexité dans les débats :

Les journalistes présents ont eu bien du mal à faire respecter le cahier des charges auxquels ils étaient soumis. En effet, les candidats ont pris plaisir à mélanger les thèmes, revenant plusieurs fois sur le nucléaire, ou sur les questions économiques, passant du chômage à la dette, de la question de l’énergie à celle du budget de l’Etat.

Ces méandres ne sont pas dû à l’esprit retors de candidats cherchant l’esquive, elles s’expliquent par la nécessité de montrer les multiples relations existants entre les sujets. On a assisté en réalité à l’introduction en douceur de la complexité et de la systémique dans le débat politique.

On ne peut que s’en réjouir quand on est convaincu que le manichéisme commode qui consiste à penser qu’il y a des coupables désignés à notre situation (les étrangers, les riches, la Chine, ...) est une posture confortable qui ignore le faisceau des inter-relations existants dans nos sociétés de plus en plus complexes.

Oui, nos problèmes budgétaires, notre balance commerciale déficitaire et la question de l’indépendance énergétique sont des sujets liés qu’on ne peut plus traiter les uns derrière les autres en faisant comme s’ils n’avaient aucun rapport. Oui, le chômage, les retraites et les prestations sociales sont en relation car ils dépendent, tous les trois, de notre contrat social.

Si ce débat a permis d’améliorer la culture politique des Français et le niveau de discussion dans les repas de famille, alors c’est une bonne nouvelle pour la démocratie dans notre pays.

Les enjeux environnementaux au coeur de la discussion :

Certains esprits chagrins pourront se plaindre de l’absence de l’écologie dans ce débat, illustrant le vide politique sur ce sujet dans cette campagne présidentielle. Mais la bonne nouvelle, c’est que, tout au long du débat, on a parlé du nucléaire et de la précarité énergétique, on a insisté sur le rôle majeur de la transition énergétique. Beaucoup de Français ont découvert le poids énorme de notre dépendance aux hydrocarbures. Ils ont été surpris d’apprendre que notre indépendance énergétique, soi-disante acquise grâce au nucléaire, était en réalité fausse. Ils ont découvert que notre balance commerciale déficitaire, notre appauvrissement collectif, était dû au poids énorme de notre dépendance au pétrole.

Les citoyens prennent conscience, comme le personnel politique, que cette question énergétique doit devenir centrale dans la vie politique hexagonale.

Le spectacle, souvent affligeant, des débats à l’Assemblée nationale du mercredi après-midi, retransmis à la télé sont souvent la seule manifestation concrète du débat politique connue des Français, il faut développer ce moteur essentiel à la démocratie et y faire participer chaque citoyen.

On peut donc espérer que ce débat de l’entre deux-tours ne sera plus, à l’avenir, le seul moment fort de la vie politique française. Il faut que le débat démocratique se diffuse dans notre pays : dans les amphithéâtres universitaires, les théâtres culturels, les salles de spectacles, les conseils d’école, les conseils d’administration et les salles de classe, il nous faut multiplier les débats et les discussions de qualité. Il faut que chaque Français soit en situation de discuter et de se questionner sur le fonctionnement du pays et de notre société.

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