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A Belfort, le transport optimisé et optimiste
vendredi, 30 avril 2010
/ Noëlle Guillon
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A l’heure où les grosses agglomérations achèvent des tramways, le Territoire de Belfort a opté, lui, pour des bus au GPL. Et surtout pour une meilleure fluidité de ses transports en commun. Gros plan sur une aventure originale.
En deux ans, une fréquentation en hausse de 40% et 2 millions de trajets supplémentaires. C’est le bilan d’Optymo, le nouveau système du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) du Territoire de Belfort. Avec ses 38 nouveaux bus rutilants, Belfort comptabilise désormais 6,8 millions de voyageurs annuels.
Car gagner des voyageurs sur les transports en commun, c’est une nécessité. Selon les derniers chiffres de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et du Gart (Groupement des autorités responsables de transport), 40% de la consommation d’énergie du secteur des transports se fait en zone urbaine ou péri-urbaine. Or, la part de la voiture y est encore prépondérante : 62% contre 4% pour les transports collectifs.
Pour le carburant, Belfort mise sur le GPL qui permettrait, selon le SMTC, d’économiser 315 tonnes de CO2 par an pour les 38 nouveaux bus par rapport à des véhicules diesel. Une étude présentée à peu près au moment de la mise en service d’Optymo, fin 2007, par l’Institut d’urbanisme et d’aménagement de la région Ile-de-France, concluait pourtant à une baisse de l’intérêt du GPL pour les bus par rapport au diesel, en terme d’émissions. Le véritable gain se fait bien entendu sur les passagers, répond Emmanuel Castro. « Il est peu intéressant de gagner du public captif, enfants et personnes âgées, qui se déplacerait à pied. Nous ciblons les salariés, qui vont vraiment abandonner la voiture pour les transports en commun. » L’objectif de Belfort était de reporter 5 000 véhicules sur le bus, ce qui permettrait d’économiser 2 000 tonnes de CO2 par an. Bilan ? Difficile à évaluer pour le moment sans une étude des comportements. Mais les premiers chiffres montrent une augmentation de la proportion des actifs parmi les abonnés, de 17% en 2007 à 44% actuellement.
La gratuité, une fausse bonne idée ?
Pour Emmanuel Castro, il s’agit déjà d’une réussite. L’image du bus a changé. Plus efficace, moins ringard. Pense-t-il maintenant à la gratuité ? « Surtout pas, ce n’est pas le prix qui bloque les conducteurs de voitures, mais la qualité du service. Or ce qui est gratuit est perçu comme de mauvaise qualité. La gratuité c’est une fausse bonne idée. » N’empêche que d’autres villes ont tenté l’aventure. Elles sont une quinzaine maintenant. Pour Châteauroux, l’une des pionnières à avoir instauré la gratuité dès 2001, la progression d’usagers a été exceptionnelle : +100% en deux ans. Si certains soutiennent que ce sont les piétons qui y prennent désormais le bus, une étude réalisée pour l’Ademe a montré au contraire que le report de la marche n’arrive qu’en seconde place… après la voiture. Plus de 3 000 déplacements en voiture ont pu toutefois être évités chaque jour grâce à ce système. Un chiffre a relativiser cependant puisque 70% des trajets sont encore réalisés en voiture à Châteauroux, d’après le même rapport.
Pour réduire l’usage de la voiture en ville, il faut aussi une vraie politique incitative en réduisant aussi le nombre de places de parkings par exemple. Ou encore en développant des infrastructures pour le déplacement doux, à pied ou à vélo. A Belfort, « réduire le parking, c’est difficile pour le moment dans un bassin automobile historique, avec Peugeot à Sochaux et Mulhouse », explique Emmanuel Castro. Le projet Optymo 2 pour 2011-2013 prévoit cependant d’augmenter le nombre de voies de bus. Histoire de grignoter encore un peu d’espace sur l’éternelle automobile.
Mobilité urbaine ADEME-GART
Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France
Etude de l’Ademe sur la gratuité des transports
Nuremberg, l’agenda 21 et la mobilité intelligente
Photo : DR