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« Nous sommes des animaux dénaturés »
mercredi, 21 avril 2010 / Emmanuel Delannoy /

Directeur de l’institut Inspire (Initiative pour la Promotion d’une Industrie Réconciliée avec l’Ecologie et la société) et secrétaire général de la Ligue ROC

La chance a mis sur mon chemin le dernier ouvrage de Jean-Pierre OTTE : « La vie amoureuse des fleurs dont on fait les parfums », publié en 2009.

Par Emmanuel Delannoy, directeur de l’institut Inspire

C’est un ouvrage érudit, plaisant, drôle, parfois torride, mais toujours rigoureux du point de vue scientifique, sur les relations qui se nouent entre les plantes et les petites bêtes qui les fécondent... On est - sur un ton de licence poétique- en plein dans le sujet des « services rendus par les écosystèmes », expression un peu aride popularisée par le Millenium Ecosystem Assesment en 2005. Au passage, l’ouvrage nous invite à réfléchir sur la place de l’homme dans la nature, dans la lignée d’un grand écrivain comme Aldo Léopold, dont je vous invite à découvrir, ou à relire, « l’Almanach d’un compté des sables ».

Extraits : 

"Parfois, relevant la tête, j’éprouve un sentiment inexplicable de mélancolie devant la beauté du monde, presque une douleur, intime ou parasite. Ne sommes-nous pas, selon le mot de Vercors, des animaux dénaturés, en exil dans nos propres existences, égarés dans les limbes, et sans peut être jamais aucune possibilité de rallier un jours l’univers ? A certains moments (n’est-ce pas illusion, seulement ?), des liens semblent se tisser ou se révéler, qui nous attachent encore au monde naturel et nous associent au grand tout. Mais déjà ces liens s’évanouissent sans qu’on y prenne garde, s’effilochent subrepticement, et il en reste juste un petit ébranlement dans l’âme, des résidus minuscules dans l’esprit, et dans les sens, comme un souvenir furtif qui aurait encore presque la consistance du présent."

"Nous sommes, depuis l’exclusion du jardin d’Éden, dans une fausse attitude envers la vie, marquée du signe de Caïn, pétris d’une vanité et d’une arrogance qui nous écartent toujours d’avantage du fil des rivières et de la lisière des forêts. Empesés d’idées reçues, enfermés dans des concepts, évoluant aujourd’hui dans des espaces virtuels, nous ne sommes plus au monde mais dans des mondes de substitution où nous sommes, de surcroît, substitués à nous-même".

Comme rien n’arrive jamais par hasard, c’est le jour où je découvre ces lignes que sort un appel, lancé à l’initiative de plusieurs associations de protection de la nature, nous invitant à redécouvrir notre lien intime, profond, indissoluble, avec le vivant. Pour lire, diffuser (et signer) cet appel