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CO2 : l’Occident pointé du doigt
lundi, 5 avril 2010 / Noëlle Guillon

Les pays émergents sont de gros émetteurs de carbone, d’accord. Mais si l’on comptabilisait le carbone importé par les pays riches ? C’est exactement ce qu’a fait une récente étude américaine. Palmarès des mauvais joueurs sur le marché international.

Quels sont les pays qui émettent le plus de gaz à effet de serre ? La Chine, les États-Unis, l’Inde peut-être, répondrez-vous... Tout faux ! Un nouveau tableau noir des nations les plus polluantes est disponible et ce ne sont pas les producteurs qui se font taper sur les doigts, mais les importateurs. Résultat : en tête des mauvais élèves figurent les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Italie.

Explication : jusqu’à présent, les études officielles, y compris l’inventaire annuel officiel des émissions nationales du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), s’en tenaient aux émissions produites à l’intérieur des frontières. Soucieux d’équité face aux responsabilités de chacun, deux chercheurs du Carnegie Institution of Washington, Steven Davis et Ken Caldeira, ont donc publié début mars une étude sur la consommation de 113 pays ou régions et 57 secteurs industriels.

Des pays à l’image « verte » sur le podium

Et comme de juste, les pays occidentaux, gros acheteurs d’iPhone chinois et de petites robes indiennes, doivent enfiler un gros bonnet d’âne. Plus étonnant, si l’on rapporte les chiffres au nombre d’habitants, ce sont des pays à l’image « verte » qui apparaissent sur le podium. En Norvège, Suède ou Suisse, les importations dégagent en effet plus de 10 tonnes de carbone par an et par personne. En moyenne en Europe, chaque personne « importe » plus de 4 tonnes de carbone par an. Dans le même temps, un Américain n’en dégage « que » 2,4 tonnes.

A l’autre bout de la chaine, les pays en voie de développement. Avec la Chine – devenue en à peine deux décennies l’usine du monde – au premier rang. Le pays vend ainsi l’équivalent manufacturé de 22,5% de sa production de gaz à effet de serre. Suivent dans le palmarès des « victimes » de l’exportation la Russie, le Moyen-Orient pétrolier, l’Afrique du Sud, l’Ukraine et l’Inde.

La recherche du moindre coût prime encore

En un an, ce sont 23% des émissions de gaz à effet de serre, soit 6,2 gigatonnes de CO2, qui concernent des produits qui sont consommés ailleurs que dans leur pays de production. Et pour les auteurs de l’étude, s’il y a des phénomènes de transfert d’activités polluantes, rien n’indique pour l’instant qu’il s’agit d’une conséquence de politiques environnementales de certains pays. La recherche du moindre coût prime encore. A l’heure où l’on reparle de débats sur une possible taxe carbone aux frontières de l’Europe, applicable aux produits de pays rechignant à diminuer leurs émissions, l’étude du Carnegie Institution of Washington remet certaines idées en place.

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